Pour vétérinaires

Le partage de territoire de façon apaisée ou l’autonomie dans le monde homme-chien.

Préambule: quelques définitions et délimitations du propos.

Sociologie: instrument d'intelligibilité de l'expérience et d'orientation de l'action. Norbert Elias.

Dans sa théorie sociologique, Norbert Elias, en utilisant le terme de "configuration", a impliqué de considérer la société comme un réseau d'interactions. Ces interactions se définissent par leur contexte, caractérisé par leur unité de temps, de lieu, leur teneur "historique", leur champs et leur domaine d'action. Le terme de configuration a pour synonyme celui de situation que nous utiliserons de façon privilégiée afin d'illustrer plus explicitement et de manière prosélyte le "partage de territoire" en tant que "pragmatique" impliquant une compétence répondant à un "projet".  Qu'elle soit influencée par divers facteurs "historiques, épistémologiques, culturels, sociaux, psychiques ou cognitifs", la relation et son produit, les comportements "adéquats" d'ajustement, se montrent à travers une mise en scène où se joue la domination et le libre arbitre dans son acceptation ou son refus.

Dans la relation homme-chien, le jeu de pouvoir et la mise en oeuvre du rapport de domination, est traditionnellement le biais par lequel est envisagée cette interaction. La notion de hiérarchie "structurelle figée" et la définition du chien en découlant comme animal "hiérarchique", sont pourtant une des principales causes des paradoxes mis en oeuvre en plus de ceux de types "doubles contraintes" liés à l'attachement et à l'affect. Le statut de dominant,  fruit d'une idiosyncrasie (développement) mystérieuse est la principale source étiologique revendiquée par le milieu "canin" des professionnels pour expliquer certains troubles tel que les comportements agressifs et incontrôlables dont l'un des  résultats préoccupant   est l'épidémie" de morsure qui en 2016 a donné  plus de 35000 cas rien que pour la Belgique et de l'ordre de 80000  pour la France ayant nécessité des soins ou des hospitalisations sur un total de 600 000. 

L'absence de capacité de communication répartie dans le couple homme chien semble pourtant être un champs d'explication plus "pertinent"  et "rationnel" pour expliquer des dysfonctions comportementales, car la communication dont le besoin en  production d'informations est essentiel phénoménologiquement, est le seul vecteur par lequel passe la construction de tout type de relation. Celle-ci n'existe , ne prend forme et ne se définit que par l' échange d'informations  et l'interprétation dont on se fait d'elle et dont  elle est l'objet. 

Nous en déduisons qu'un des principaux champs  explicatif des troubles du comportement est alors celui de la communication et principalement celui de l'absence ou du déficit dans le meilleurs des cas de production d'informations laissant la place à un bruit assourdissant et inquiétant.  Ceci  caractérise un environnement anxiogène car incompréhensible, instable et insécurisant.   Producteur de comportements "stratégiques" de défense face à ce stress, il s'accompagne de troubles de l'anxiété dont la chronicité ne dure que le temps du "bruit" et s'interrompt dès les premiers signes de "formes" informationnelles.  Concomitamment les déficits de capacité à communiquer de façon congruente et cohérente, intra espèce et inter espèce, faute d'expérience, d'initiation et de construction d'un langage "commun", fera vivre le monde comme agressif, inquiétant et douloureux.    

Les causes liées  à des dysfonctions comportementales,  qu'elles soient liées à un développement ou une ontogénie "dégradée" par le milieu, à  un déficit de  communication, à l'absence de construction du lien de grégarité empêchant le référencement croisé entre "humain" et "animal",  des déséquilibres neurologiques, génétiques, biologiques, physiologiques, névrotiques, psychotiques ou du vieillissement amènent tous à une perte de capacité d'adaptation (pageat) ou à des éerreurs de décisions dues à des dysfonctionnement du processus de décision.  La "doxa" de la hiérarchisation, principe dynamique de la vie sociale provient entre autre du paradigme de la domination de l'homme sur le règne du vivant,  mais est tout autant nourri par la nécessité de l'élite nécessaire à la "coordination" ou administration du "social". Les paralogismes sur la domination sont dus aux prémisses de la qualification de dominant comme structurelle et non circonstancielle. Elles en font l'axiome de base sur lequel est fondé l'étiologie même de certains troubles du comportement, appelés troubles hiérarchiques du comportement.   

 

En prenant comme principe utilitariste et fonctionnaliste de la grégarité, le renforcement de la sécurité de tous  par collaboration ou coopération, on peut envisager le partage de territoire de façon apaisée comme l'expression fonctionnelle du respect de tous ses éléments dans leur autonomie et leur bien être physique et psychique.

Dans l'hypothèse de la configuration, le pouvoir est le fruit d'interdépendances. Sa détention, l'enjeu de jeux de compétition et d'interactions,  a pour  but  de dicter et de donner forme aux moments et aux éléments de la situation. De faire de nous Adonaï, Jahvé, YHWH, Elohim, plier le monde à notre image ou à l'image du dieu que l'on se croit être, comme si l'accessibilité à la "justesse" ou la "justice" était de notre seul fait. C'est on le sait, la plus grande erreur dans laquelle on se délecte et qui pour certains, élus ou pas, nous poursuit et nous condamne.  La socialité qui s'en déduit peut être envisagé alors comme le fruit d'une expérience ou le "plus fort" dicte la loi. Mais la loi pour le bien de "tous" n'est pas la loi du plus fort entendu par celui qui détient les moyens d'imposer sa "violence". L'autorité du plus fort fondée sur la crainte et l'obtention de la soumission par la peur ou la corruption ou la détention instituée de sa place,  n'est pas gage du bien fondé de la direction ni de la justice ni de l'équité.  La loi du plus fort peut devenir la loi du plus persuasif ou du plus rusé, du plus malin ou manipulateur ou celui du plus compétent dans la "situation", heureux  hasard de par le contexte. L'apanage "utile" de la capacité à diriger quelques uns, ne signifie pas d'être détenteur de la "force" permettant l'usage de la violence persuasive et menaçante, mais d'être détenteur de la capacité à diriger, "sans se tromper",  soit par statut,  mérite ou  héritage, dès fois par compétence. 

Dans la relation homme/chien,   quelle est la part du partage, de la répartition, de l'autonomie de l'autre, de sa capacité d'analyse et d'influencer la prise de décisiosn "commune". 

En envisageant le "couple" homme/chien sous l'éclairage de la relation comme élément principal de sa définition, on lui attribue la place de facteur principal soit du trouble du comportement, soit de la tactique de rééquilibrage cognitif individuel et collectif nécessaire à son traitement.  En  remettant chaque élément de cette association grégaire à sa place dans son environnement et la relation en elle même comme outil principal de sa pérennité et de celle de ses composants, on remet au centre du rééquilibrage le sens de la relation et de cette grégarité. Son utilité, la nécessité d'un projet coopératif et collaboratif, mutualisé de "partage de territoire de façon apaisée",  font partie des principes "politiques" que toute socialité porte en elle si elle prend comme principe de justice et d'équité, le fait d'un partage pour tous dans le respect du libre arbitre de tous dans la limite de la nécessité de chacun.  

Cette lecture, ce point de vue  rentrent par affinité et par résonance avec la notion bourdieusienne de champs. Celle-ci envisage le fait social comme la description non pas des jeux et enjeux de pouvoir mais  des structures de pouvoirs et de leurs forces de production et de maintien en tant que dynamique du fait social envisagé comme rapport de domination. 

Faire du pouvoir et de la domination un essentialisme  ou une tautologie de la socialité nous semble porter les gènes  de graves dysfonctions comportementales dont les produits sont les violences globales subies et infligées comme incontournables de nos rapports aux autres. 

Servis par un projet "politique", un monde relationnel "apaisé", une volonté, cette approche constructiviste ne s'émancipe pas d'une réflexion utilitariste, fonctionnaliste, éthique et déontologique quant à la construction du socle de règles de socialité  et de grégarité communes et partagées qui feront l'objet d'apprentissages durant les phases d'éducation, de rééducation ou de re-construction des capacités cognitives à la prise de décision individuelle et collective. 

 

Le concept éliasien de configuration est proche du concept de champ de P. Bourdieu.  Dans les deux cas la dynamique des relations y est traitée comme étant l'enjeu de la  possession d'un pouvoir et de son utilisation.  Qu'elle soit une lutte pour la possession ou pour l'utilisation et la jouissance du pouvoir, ces deux concepts de champs et de configurations posent l'interrelation comme constitutive de l'homme social et définit la société comme un réseau 

Pour Elias, « figure toujours changeante que forment les joueurs ; elle inclut non seulement leur intellect, mais toute leur personne, les actions et les relations réciproques [ ; elle] forme un ensemble de tensions »1La ressemblance avec le concept bourdieusien va donc encore au-delà. Deux points sont similaires et méritent d’être soulevés. Premièrement, dans le champ comme dans la configuration, les acteurs doivent prendre part à un jeu, jeu dont ils doivent accepter les règles et les enjeux, et contribuant à former leurs comportements et habitudes mentales. Secondement, le jeu est formée d’un ensemble de luttes chez P. Bourdieu ou de tensions chez N. Elias, d’où une non-fixité dans les relations entre acteurs.

Quant à la différence – ou du moins l’une des différences – entre ces deux concepts, elle motive d’après nous le sentiment de perplexité voire d’inutilité face à la configuration éliasienne. Le sociologue français s’intéresse aux groupes institués2 et fournit une définition précise bien que générale, permettant son application à une multitude d’espaces sociaux – ce qui peut bien entendu être l’origine d’une critique ; tout est-il un champ ? En revanche, N. Elias ne s’intéresse pas véritablement aux groupes et leur constitution mais à toute une variété de structures sociales dans lesquelles se retrouvent les individus ; pour lui une partie de football aussi bien qu’une nation obéissent à des configurations. N. Heinich indique que ces dernières sont des outils pour conceptualiser les interactions vues « à hauteur d’individus »3. Il ne faut pas comprendre que N. Elias conçoit tout à partir des individus – ce qui serait tout à fait contraire à sa posture épistémologique comme nous le verrons plus loin – mais plutôt qu’il produit des réflexions où les individus sont pris comme point d’appui ; ils sont utilisés dans l’argumentation pour démontrer les effets de la configuration. Dans son livre avec J. Scotson4, où sont expliquées les raisons qui forment la division d’un village nommé Winston Parva entre les établis et les exclus, il transparaît un modèle argumentatif appuyé sur l’individu traversant l’œuvre du sociologue allemand, alors que l’objet de recherche donnait justement l’occasion de développer une pensée appuyée sur les groupes. Sans aucun doute sensible aux théories freudiennes et de par sa formation en médecine, d’où il retire un intérêt fort dans les fonctions biologiques de l’être humain5, N. Elias cherche à dévoiler les effets de la configuration sur la psychologie des individus ; c’est-à-dire qu’il conceptualise les sociétés sur la base d’un lien consubstantiel entre les structures sociales et les structures mentales. Par exemple, avec le développement de l’État et son monopole sur la violence légitime, les individus ont du apprendre à contrôler leurs pulsions et, de nos jours, il est admis comme étant normal de pas frapper son voisin6. Les individus forment alors une société obéissant à des normes qui sont intériorisées et qui sont à l’origine d’une économie psychique particulière, située socialement et historiquement7.

Dès lors, N. Elias écrit en reportant et justifiant ses théories par rapport aux individus, ce qui entraîne pour un chercheur dont l’objectif est de conceptualiser les rapports de force entre des groupes, une absence de clarté dérangeant. Comment, par exemple, peut-on réfléchir sur les rapports entre les médias et les syndicats à partir de celui-ci ? Comment la manière de penser des journalistes et des syndicalistes peuvent-elles rapportées à leurs cadres objectifs et normes, partagés ou pas ? Quelles notions – comme lutte, jeu, position, dominants/dominés, etc. – liées au concept de configuration ou parties de sa définition peut-on appliquer sur ces rapports pour les expliciter ? Force est de constater que la réponse n’a rien d’évident, et les critiques portées contre N. Elias et sa méthodologie floue semblent justifiées8.

Pourtant, il est indispensable de réfléchir aux raisons qui ont poussé Elias à faire son concept. Dans N. Elias par lui-même, le sociologue évoque son combat dès sa première thèse en philosophie contre les idées de l’homo clausus, une vision dominante à son époque en philosophie. C’est contre E. Kant et sa conception de l’homme, possédant en lui une « transcendantalité » coupée du social d’où surgissent idées et définitions des événements, que N. Elias a développé le concept de configuration, mêlant de façon inséparable individu et société. Par ailleurs, pouvons-nous ajouter que sa posture épistémologique se fondant dans la neutralité axiologique viendrait de sa volonté de ne jamais faire de la politique – au sens de compétition idéologique ?9 Si tel était le cas, la forme de la configuration éliasienne trouverait une raison de plus. Il ne s’agit pas de faire de la « psychologie de comptoir » mais, comme N. Elias le dit lui-même, « pour comprendre un individu, il faut savoir quels sont les désirs prédominants qu’il aspire à satisfaire »10. Autrement dit pour comprendre le sociologue allemand il faut savoir qu’il avait un désir profond de ne pas s’engager dans des idéologies politiques – ces mythes que le sociologue doit chasser et déconstruire11. Puis, comme il l’explique longuement dans Engagement et distanciation12, N. Elias se méfie des idéologies auxquelles il attribue l’impossibilité de se distancier et donc de mieux comprendre les processus sociaux. Sa neutralité axiologique est donc selon nous une des raisons qui expliquent le concept de configuration car il désire prendre ses distances avec des idéologies politiques qui selon lui se retrouvent dans les précédentes tentatives – comme la tentative marxiste – de conceptualiser les processus sociaux.

Il faut en outre ne pas oublier l’importance de la vérification empirique pour N. Elias. D’après lui, le travail de sociologue doit consister à fournir « des modèles de relation que l’observation des faits peut vérifier, corroborer et corriger »13. À nouveau, l’ouvrage sur Winston Parva démontre que le travail empirique a une très grande importance pour le sociologue allemand ; de par une observation de trois ans et de nombreux entretiens, il construit avec J. Scotson le modèle de configuration établis-marginaux. Il n’existe pas chez N. Elias de configuration sans application à un terrain. C’est pour cette raison que son concept paraît aussi obscur à première vue, car ce n’est que par la vérification empirique que la configuration donne clairement sa capacité à expliciter les espaces sociaux et leurs structures.

Ainsi, N. Elias ne donne pas d’éléments aussi structurants pour la pensée que P. Bourdieu le fait avec le concept de champ. Il ne faudrait pas toutefois faire l’impasse sur l’interdépendance et l’interpénétration. Ces deux concepts sont essentiellement rattachés à l’importance de leur développement par rapport au terrain. Pris seuls – soit de manière uniquement abstraite – ils signifient que les individus ne peuvent exister isolés, que leurs activités, leurs comportements et leurs manières de penser procèdent d’une intersubjectivité dans laquelle ils se construisent en tant qu’individus, membres d’une société. N. Elias14 souligne que l’interpénétration, comprise dans la configuration, est la rencontre de stratégies amenant un résultat provisoire non voulu – un équilibre de tension spécifique ; personne ne possède de pouvoir absolu et il n’existe pas de détermination fataliste. L’interdépendance est elle tout aussi structurelle car elle explique qu’une multitude d’individus forme une société ; chacune de leurs fonctions et actions sont tournées vers les autres15. Pour aller au-delà donc, il faut passer par l’épreuve du terrain pour définir clairement ces liens d’interdépendance et ces rapports d’interpénétration. En somme le concept de configuration n’est pas un concept qui structure tant ex ante la recherche empirique qu’ex post, une fois que les rapports de force entre individus sont perçus comme découlant d’autant de liens affectifs et objectifs qui sont explicités et qui peuvent se comprendre en partie au prisme de l’interdépendance et de l’interpénétration – concepts qu’alors il ne faut pas prendre pour des notions mais bien pour des concepts, devant donc être définis précisément par rapport à la « réalité » qu’ils cherchent à qualifier de manière abstraite.

Est-il nécessaire alors de développer un nouveau concept qui s’appuierait sur les qualités de la configuration éliasienne et le champ bourdieusien ? Un concept qui permettrait de conceptualiser de façon dynamique les relations entre groupes institués ? L’obsession de N. Elias – celle de l’inséparabilité de l’individu et de la société dans le développement de la réflexion – lui a peut-être justement empêché de former un concept où les groupes ont une place centrale. C’est-à-dire que ses théories peuvent paraître trop englobantes, soit trop abstraites pour leur application au concret des rapports entre groupes – se pose en fait la question, comme souvent, de la relation concrète-abstraite dans laquelle la science peut trouver son efficacité. En résumé, quelle application du concept de configuration dans les relations entre groupes, quand ce concept est avant tout utilisé pour faire le lien dans une conceptualisation des processus sociaux entre les individus et la société ?

Revenons à la première question sur l’éventualité de la formation d’un nouveau concept ; pourrions-nous parler de configuration de champs ? Nous avons déjà évoqué dans un autre billet la limite du concept bourdieusien, en ce qu’il ne permet pas de conceptualiser les luttes « trans-champs » et les relations à la frontière des champs. Parler de configuration de champ permettrait à la fois d’évoquer les relations entre les groupes institués – avec l’interdépendance et l’interpénétration – et, à la fois, de dépasser le centrisme sur un groupe, de constituer une approche transversale des groupes. Nous discuterons de cela dans un prochain billet.

Micro Sociologie: Étude des liaisons sociales élémentaires; étude des structures, des relations internes et des formes d'organisations des petits groupes sociaux. Qui concerne les petits groupes sociaux ou leur organisation.    Les balades sont un groupe social, qui répond à une organisation. Il naît, se constitue. Il a une phase de croissance précédant une phase de maturité et d'équilibre pour à la fin  "mourir".Dans le groupe émerge une structure, une répartition de rôles, des "interrelations" construites à travers des échanges "d'informations", des "prises de paroles".      La sociologie cognitive de Raymond Boudon: L’objectif de la sociologie cognitive consiste à analyser comment les individus perçoivent la réalité dans laquelle ils sont plongés. Mais percevoir c'est se la représenter  et se la représenter, c'est l'interpréter à partir de son milieu, de son histoire et de son contexte. Gérald Bronner discerne deux grands axes. Le 1° appelé naturaliste, est lié à mes capacités de perception et de construction de représentations dépendantes et tributaires. constitué notamment par les travaux des psychologues évolutionnistes pour lesquels les perceptions et erreurs de perception (je capte "mal" ou de façon "déformée") sont un legs de l’évolution humaine et les phénomènes sociaux apparaissent alors comme des produits expliqués de manière quasi mécanique par la biologie.   Exemple: un teckel avec le nez proche du sol a une probabilité plus grande de sentir la trace du sanglier qu'un Irish wolf hound qui a une probabilité plus grande de le voir au loin. Que changera cette divergence de captation d'un stimuli? Une divergence de réaction en fonction de l'histoire, du contexte des relations et des possibilités de mimétismes, préalables à ces expériences.    Le second est lié à l'influence sur mes représentations de mon "milieu", (la constitution l'habitus), soit l'influence de ma propre histoire et  la façon dont je m''en émancipe afin de mettre en œuvre ma volonté et mon libre arbitre.   Primauté est donnée à l'observation du réel au détriment des opinions, des croyances générales et de la doxa institutionnelle.   2° les sciences sociales en général se préoccupent des croyances, des a priori, des idéologies ou dogmes dans la perspective d'en identifier le mode d'influence dans la perspective d'un  « individualisme méthodologique ».   L'expression individualisme méthodologique désigne, dans les sciences sociales, la démarche explicative selon laquelle rendre compte d'un phénomène collectif (macroscopique) consiste à l'analyser comme la résultante d'un ensemble d'actions, de croyances ou d'attitudes individuelles (microscopiques). (Universalis Bernard Valade)

I.                   Introduction

La méthode ADPP a pour objet « le projet » du « partage  de territoire de façon apaisée ». Elle a pour domaine la sociabilité et sa construction, la socialité et son apprentissage  à partir de la relation homme chien. Elle traite de l’autonomie, des rôles, des relations et de leur établissement, des communications outils de la relation,  des compétences distribuées, des normes de bon comportement en groupe (le projet) et de la capacité nécessaire à sa mise en œuvre (l’aptitude) des éléments constitutifs des systèmes « homme-chien »  (Analogiquement du hardware et du software). Elle traite des modes de développement des aptitudes cognitives, des formes d’apprentissage et  des modes d’éducation en découlant, des postulats et des déterminismes  « sociaux » prémisses à la réalisation ou à la mise en échec du « partage de territoire de façon apaisée.

Dans la définition de la pathologie comportementale, Pageat précise que tout  comportement a pour fonction l’adaptation à des variations de l’environnement. Il en déduit comme pathologique tout comportement qui, en perdant de sa plasticité, a perdu ses fonctions adaptatives à un environnement.

Dans la méthode ADPP, est considéré comme trouble du comportement toute incapacité d’adaptation remettant en cause la pérennité des groupes sociaux constituant la situation dans leur intégrité.

Elle concerne donc le binôme homme/femme-chien dans toutes ses dimensions de grégarité, c’est-à-dire de temporalité, de lieu et de formes. Elle concerne la mise en œuvre  de leur relation dans le but de satisfaire leur besoin de coordination mutuelle dans un but de partage de territoire de façon apaisée.

En partant du postulat qu’une inadaptation à un environnement peut être considérée soit individuellement, soit collectivement comme le résultat d’une erreur décisionnelle et d’une défaillance du processus de construction de la décision, la méthode prend en compte toute la communication mise en œuvre. Elle sera  modélisée essentiellement sous forme de boucles rétroactives de processus catégorisée par niveaux de communication. L’une concernant le « projet commun de grégarité ou de vie en semble » ADPP, Analyse-Développement-Profitabilité-Perfectionnement, la seconde  concernant la prise de décision et l’action, OODA, Observation, Orientation, Décision, Action,  et la troisième PDCA,  Plan, Do, Check, Act, concernant l’apprentissage, sa mise en œuvre et sa validation.

La première boucle ADPP concerne l’humain qui a la capacité « lisible et visible » d’élaborer son projet de vie. Si elle ne concerne pas le chien ce n’est pas parce qu’on ne lui en reconnait pas  la capacité mais que l’on n’en a pas l’accessibilité, la forme du projet de vie étant la narration.

La deuxième boucle OODA concerne le traitement de la situation, la façon de l’aborder, de la partager. S’y trouve les processus cognitifs de prise de décision et d’action.

La troisième boucle PDCA concerne les apprentissages dans leur définition princeps, réaliser une action que l’on n’a jamais réalisé auparavant.

Le vétérinaire pourra y faire référence dans le traitement des pathologies du comportement du chien pour lesquels il est consulté soit dans l’étiologie des troubles (analyse des causes) soit dans le domaine des thérapies socio cognitives devant accompagner les thérapies biologiques correspondant à la nosographie vétérinaire correspondante  des troubles comportementaux du chien[1].

Les niveaux de souffrance distribuées individuelles et collectives vont se rendre visibles et lisibles à partir des troubles comportementaux du chien. C'est donc le fait de n'avoir pas su prendre en compte le niveau d'autonomie et de libre arbitre de ce partenaire qui rend possible l'émergence des pathologies comportementales.

Ou, l'émergence des pathologies comportementales sont le fruit des dysfonctions dans la mise en œuvre de l'organisation efficace du partage de territoires neutres mais répondant aux règles de sociabilité et de grégarité.

Les dysfonctions de mise en œuvre s'articulent autour de 3 familles de causes

  • les causes capacitaires des processus cognitifs
    • traitement de l'information
    • filtrage de l'information
    • sélection
    • restitution
    • frustration
  • Les causes de déficit d'information
    • bruit
    • absence d'intentionnalité-guidance
    • paradoxe
    • mutisme absence de communication émotionnelle
  • Les causes d'absence de normes d'interrelation

II.                Postulat théoriques et conceptuels du lien de causalité d’un trouble d’inadaptation comportementale.

A.                Le lien de causalité

Le lien de causalité des troubles comportementaux se situent à 5 niveaux :

  • L’individuel

Dans le système homme chien il concerne l’homme et le chien dans leur processus d’action :

  1. Observer
  2. Orienter
  • Décider
  1. Agir
  2. Leur « capacité » à émettre,
    1. Lisibilité de finalité
    2. lisibilité émotionnelle
      • pertinente
      • sincérité
      • Ajustée
        • Variété
        • Intensité
      • Cohérence interprétative entre les différents canaux de communication maîtrisable (essentiellement vocale et posturale)
  1. Congruence (le fait d’être adapté à la situation)
  2. Pertinence
  1. Leur capacité à capter
    1. L’attention
    2. Discernement émotionnel
  2. La capacité à se coordonner
  • Le collectif

Dans le système homme chien il concerne l’homme et le chien dans leur aptitude à :

  1. Explorer
    • Etre curieux
    • Etre disponible
  2. Prendre la parole
    • Capabilité
    • Style
    • Le ton
    • Mode
    • Temporalité
  • Communiquer
    • Emettre
    • Etre attentif, disponible, vigilant, concentré
    • Capter (écouter, voire, sentir)
    • Interpréter
    • Négocier
    • Répondre
  1. Construire
    • Tenter
    • Ajuster
    • Imiter
    • Mémoriser
    • Influencer
    • Anticiper
  • Le relationnel
    1. Construire (la relation, l’enjeu du contrat de grégarité)
    2. Initier le langage
  • Dissocier intentionnalité et obtention
  1. Guider
  2. Construire la confiance
  3. Enrichir le langage
  • Négocier
  • Interpréter
  1. Se référencer
  2. Mémoriser
  3. Complémenter
  • Naturaliser (se référer à l’observé et l’observable)
  • Réassurer
  • Le culturel
    1. Il concerne le système homme-chien dans les trois dimensions, chien, thérapeute-clinicien, « maître », co utilisateur de lieu, dans leur aptitude à :
      1. Se représenter l’autre
        • L’animal
        • L’homme
      2. La place au sein du social et du grégaire
        • Le positionnement
        • Le rôle
        • Les attributs
        • L’organisation
        • Le style
  • Se représenter la construction du rapport à l’autre
    • l‘influence des facteurs contingents
    • la phénoménologie de la relation grégaire
      • La curiosité
      • La sécurité
      • La sexualité
      • La proximité
    • Le territoire et le monde social
    • La sociabilité, l’aptitude
    • La socialisation
      • La tolérance
      • La frustration
      • La tempérance
    • La constitution du couple
  1. Education, initiation, initialisation
    • L’apprentissage
      • Première fois
      • L’enjeu de l’apprentissage
      • Le découpage des séquences en micro progrès
      • La mémorisation
      • Le plaisir partagé
        • La réalisation à deux
        • La validation
        • La complicité
      • La capacité d’apprentissage
      • Les normes
      • Les fonctions de sociabilité
        • Iucx La frustration
        • La tempérance
        • La puissance
      • La réalisation
      • La virtuosité
  2. Les freins ou les justificatifs à la non mise en œuvre d’une communication cohérente
    • Le plaisir
    • La responsabilité
    • Le pouvoir
    • La confiance
    • Le temps
    • L’image de soi
  3. La mise en œuvre de « la représentation » cognitive.
    • L’expérience
    • La catégorisation (race, nosologie etc.) frein à l’observation
    • Le rapport à l’autre et sa transcendance (la prédominance par compétence)
      • Déclarée
      • Reconnue
    • L’interprétation
  • Le phénoménologique ou l’antéprédicatif de la relation
    1. La sexualité
    2. La sécurité
    3. La curiosité
    4. La perception (de soi et de l’autre)
    5. La transmission (l’initiation apprentissage)
    6. L’attrition
Trouble du développement des conduites sociales
Dyssocialisation primaire
 1°agression par irritation et agressions hiérarchiques avec phase  simultanée avec la morsure   2° Défaut d'acquisition de la morsure inhibée
3°défaut d'acquisition de la capapcité à se soumettre (absence de posture de soumission)
4° absence de hiérarchie alimentaire
.age de plus de 3 mois
. Agressions par irritation et hiérarchique déclenchées par  toute tentative des propriétaires de contrôler les activités du chien.
. Vols de nourriture associés à des comportements d'agression.
Aucune amorce de posture de soumission
. plutôt être assomé que de céder.
.morsure violente accompagnée des signaux de menaces
. bagarres violentes avec blessures graves avec chiens , incapacité à inhiber la violence de l'adversaire ni à le soumettre. redéclenche la bagarre;
. incapacité à se soumettre.
Anxiété de séparation
1°apparition des troubles dans la période précédent la puberté
2° état d'hyperattachement recherche systématique de contact physique et visuel, agitation et plainte
3° manifestations anxieuses déclenchées par la séparation (destruction mobilier etc) , persistance de comportementes sociaux de type infantiles, existence de rituel de départ et de retour.
.destruction de mobilier
. Granulome, léchage
; le chien tente d'aller aux toilettes avec les maîtres
.. Vomissement, ptyalisme intense (
sécrétion de salive)
; fête de retrouvaille spectaculaire , plusieurs minutes etc..
·    Perte d'attention
·         la fixation à spectre étroit
·         la précipitation
·         les états anxiogènes,
·         capacité  de tri, catégorisation
·         la dépendance,
·         la non constitution des liens
.  capacité de proposition (expectatif)
·         la représentation fausse
.   Expectativité
·         la précipitation
·         la perte de capacité de  mémorisation
·     Association d'idées
.    L'impulsivité
·         la déficience des  fonctions  d’auto contrainte, ou de frustration
·         l’existence ou la perte d’inhibition,
·         la perte de capacité de  mémorisation
·    Proposition
·         Déduction
·         Association d'idée
Guidance
Communication émotionnelle
Communication sentiments
Communication Projet

B.                 Les éléments du système homme chien en situation de partage de territoire (pléonasme) dans une instantanéité.

L’homme dans son humanité se  définit au-delà de l’animal qu’il est comme système vivant pourvu de la parole et de capacité de transcription. Cette capacité associée à celle de raison caractérise son appartenance à la forme animale considérée comme la plus développée, sans considération de sexe. (postulat[3]).

Mammifère de l'ordre des Primates, seule espèce vivante des Hominidés, caractérisé par son cerveau volumineux, sa station verticale, ses mains préhensiles et par une intelligence douée de facultés d'abstraction, de généralisation, capable d'engendrer le langage articulé puis l’écriture il a la capacité à transmettre son expérience, à la raconter pour ensuite, par un effet de sédimentation, créer l’illusion d’un socle d’allants de soi sur lesquels reposent le vivre ensemble.

L’homme se caractérise dans sa temporalité par le fait que ce qu’il vit dans l’immédiateté est une  réalité dont il oublie le plus souvent la source et le sens historique. La grégarité et le partage de territoire de façon apaisée est une immédiateté, une  instantanéité constituée d’activités et uniquement d’activités. Ces activités ou faits sont sujets à être des images interprétables dont on tire des modèles de la réalité qui ne sont pas la réalité mais qui imprègnent nos décisions, qui les rendent ambigües, paradoxales, chargées de contre sens à nos propres désirs de vie.

Ces modèles doivent être défaits, dés interprétés pour revenir à ce que montrent les activités qui constituent de par leur histoire des faits. Et c’est savoir ce que montrent les faits et non ce que l’histoire en racontent qui est l’enjeu de l’observation que l’attrition permet.

L’homme se décline en individus, personne, rôle.  Maître,  maîtresse, vétérinaire, éducateur,  comportementaliste,  voisins, enfants,  foule etc…. homme de paille, parole d’homme, s’habiller en homme, être un homme pfffff que de contresens envisageables, que de cumul de croyances et d’erreurs possibles véhiculées par le simple mot homme.

Le chien dans son animalité est du genre mammifère de l'ordre des carnivores digitigrades dont le type est le chien, et qui comprend aussi le loup, le chacal et le renard. Mais comme nous qui descendons du singe, le chien et la connaissance qu’il a de lui-même et des autres, a l’intelligence de la mémoire d’espèce, d’ordre et de genre dont nous déduisons de façon impertinente les comportements et leurs bienséances.

Mammifère carnivore très anciennement domestiqué, dressé à la garde des maisons et des troupeaux, à la chasse ou bien élevé pour l'agrément, le chien est métaphore, symbole de fidélité, de courage et de servitude intéressée. De La Fontaine du chien et du loup  à Camus « chaque fois qu'une voix libre s'essayera à dire, sans prétention, ce qu'elle (...) pense [des problèmes actuels], une armée de chiens de garde de tout poil et de toute couleur, aboiera furieusement pour couvrir son écho, le chien suiveur, le chien soumis, sans grande imagination fait écho au chien courage, fidèle et dévoué.

De la chronique des chiens écrasés, au chienchien à sa mémère, en passant par le chien figure d’être humain, chien de garde,  de guerre,  de cour, le chien définit des types moraux ou caractériels au fait qu’il passe le plus souvent pour un animal vil et intéressé.

Être bête, fou comme un jeune chien à temps à ne pas mettre un chien dehors, le chien nous ramène à des choses pénibles : chienne de vie, caractère de chien etc. Avoir un mal de chien à te faire plaisir. De l’avarice à l’obséquiosité il est rare que le qualificatif du chien ne soit associé ou lié à des sentiments nobles. Le mépris, la soumission, la dépendance pour en arriver à la fidélité, la dévotion, la peur pour en finir à l’errance, la fuite et le dégoût. Mais pour déjouer tout ça, le chien, pour le féminin, en avoir, est le plus beau des compliments de concupiscence !!!

À Paris dès qu'une femme dit qu'elle est belle, qu'elle a du chic, du zinc ou du chien, tout le monde la croit sur parole et prend feu (Mérimée, Lettres à Madame de Beaulaincourt,1870, p. 35).

Le chien dans inextricable lien avec l’homme porte l’homme dans sa définition.

1.                 Le rapport à la personne

L’homme et le chien dans la construction de leur rapport nous posent la question « déplacée[4] » de notre rapport aux autres, de la place du mépris, de l’autorité fantasmée, octroyée, de la délégation,  de l’autonomie, de l’enjeu de soumission et de domination acceptées dans la nécessité du vivre ensemble. Au nom de quoi prendront place la violence, la coercition, la punition, la récompense, le plaisir partagé, l’explication,  l’apprentissage, l’interrogation, l’assertion et la négociation dans cette construction de grégarité qui oscille entre un style apaisé, conciliant et un style violent et maltraitant, ce que certains définiront comme ferme par opposition à mou.

Que panse la relation au chien et par extension à l’animal de compagnie ou à tout objet de soumission[5]. Quel vide remplit-elle ? Ne  soigne-t-elle pas ce sentiment d’abandon, de délaissement, de frustration que nous vivons tous à l’orée de la vie lors du détachement à la mère ou au père. Panse-t-elle uniquement la blessure narcissique et affective ultime que nous ressentons quand on n’obtient pas ce qui  nous semble un dû, cette chimère, cette passion amoureuse maternelle, sa frustration définitive et  rarement dépassée décrite par Proust, la possession sans limite d’un être cher ou sa traduction dans une omnipotence et une omniscience fantasmées.   Le rôle de cautérisation de cette blessure primale  dont la réparation est appelée à contre-sens bonheur,  tenu par le chien ou l’animal domestique, abolit le sens même de libération et de réalisation. Sa caractéristique, la relation fusionnelle et son attribut, le rétrécissement du monde sur soi en est la traduction. En ayant pour dessein de nous faire revivre l’impossible lien, elle ligature la vie. Attachée, attachement, assujettissement, dépendance  sont les piliers  d’un nirvana qui n’a de réel que la perte du libre arbitre, le refus de la frustration et de la tempérance et les perversités qu’elles engendrent et font subir. Ne pouvant être sujet de l’homme, de la femme ou de l’enfant, elle se cristallise sur l’animal à qui et au nom de quoi l’on fait payer notre impossibilité à être adulte.  En introduisant la hiérarchie, la domination, la servitude dans le lien à l’autre nous autorisons de façon despotique et unilatérale la justification et la nécessité du sacrifice de l’autre pour soi. Parce qu’on le vaut bien devient alors le slogan parfait de l’égoïsme au service de l’enfermement, de l’exploitation, de la soumission justifiée par notre névrose. Fausse excuse que celle du bourreau et du tortionnaire souffrant et trop humain mais bourreau quand même.

Le pari de la méthode ADPP est de déplacer la façon de poser le problème. L’autonomie, le contrat, la tolérance, la guidance, la communication, l’intentionnalité, la coopération, la complétude, l’attrition, la confiance, la sûreté, la coordination, l’ajustement mutuel, la ruse  conduisent au seul but envisageable comme réaliste et souhaitable, le partage de territoire de façon apaisée. Ne sont-ils pas les mots nouveaux aptes au vivre ensemble. Le côte à côte dans un rapport autre que premier deuxième et deuxième premier. Le zéro-zéro,  finalité d’un rapport de guidance mutuelle et non d’autorité, apte à assurer la meilleure potentialité d’adaptation à un monde destéréotypé.

2.                 Sociologie et éthologie cognitive

Un mode d’intelligence, quel qu’il soit, ne peut être compris que si nous trouvons l’analogue dans notre propre intelligence. La conscience des animaux ne nous est pas accessible, ou si elle l’est, elle ne nous est connue que comme fonction de la nôtre. (Des sociétés animales, Espinas, 1877)

a)                Le visible, l’observable et l’observé.

Le problème qui se pose est simple et complexe à la fois. Si le comportement « animal[6] » se décrit en image, posture, chaînes d’actions, on peut s’interroger sur le processus qui conduit à ce qu’il donne à voir. Quelle est la place de la perception de son milieu, ce qu’il en retire, ce qu’il en ressent ? Comment se le représente-t-il, le catégorise-t-il et à partir de quoi ? Quelle est la place de la décision, de son déterminisme, poursuit-il un but, est – il être d’intention, qu’en est –il de son autonomie ?

Dans le cas du chien, cela devrait sembler ou être une certitude par l’observation des mouvements de sa tête et de son regard lorsqu’il construit une action en collaboration avec son maître[7]. Le chien ne démontre-t-il pas son intentionnalité lorsqu’ après avoir été interpelé (attention), il observe l’évènement (observation), puis regardant son maître (interrogation) lui propose une action à mener, pose son regard dans une direction, soumettant une intention d’action, plus ou moins cohérente, construisant une solution à celle-ci.

Darwin dans ses théories évolutives (1871) par l’étude de la construction et de la constitution des expressions des émotions chez l’humain et l’animal, a démontré la continuité entre l’animal et l’humain. En déplaçant le champ de l’observation pour se concentrer sur le visible sans occulter l’invisible, Il a, en définissant le fait que « les expressions humaines ne sont pas très différentes dans leur forme de celles des animaux » et en reconnaissant une virtuosité supérieure à certaines espèces dans leur aptitude à exprimer leur joie, leur reconnaissance, leur tendresse et leur humilité [8](servilité), proposé un changement paradigmatique[9]  transposant le problème de l’humanité à celui de notre lien à l’animalité.  Non seulement la continuité humain animal est établie, affirmée et démontrée, mais par extension la construction de notre socialité avec ses structures de pouvoir, ses habillages sémiotiques, ses finalités, ses codes et ses justifications idéologiques pourraient s’en trouver interrogées. La grégarité, le partage de territoire avec un enjeu ou un objectif politique, c’est à dire de façon apaisée, devient à ce moment-là non seulement la question digne d’être posée mais aussi l’énergie et le moteur de sa réponse. La poser, c’est d’abord l’observer se mettre en place en dehors des champs écrasants que sont l’histoire, le verbe, le récit et ses mythes intimidant et porteur de discrimination et d’exclusion. On  la circonscrit alors dans l’observation clinique de la situation, des activités qui s’y déroulent, à travers le prisme de la cognition et des modélisations de la prise de décision. Celle-ci sera regardée de façon individuelle ou distribuée concernant l’humain et le chien à travers leur entente mutuelle. Poser la question de l’aptitude à l’expression émotionnelle partagée qui participe à donner sens à la représentation de ce qui nous arrive, à travers un autre domaine que celui de son but pour se centrer sur celui observable de l’acquisition ou la perte de la capacité à exprimer le ressenti, permet par un biais de point de vue, d’introduire la notion de continuité du monde du vivant et de l’animalité. Ceci comme un tout intégrateur d’un humanisme, c’est-à-dire d’un projet social. En se focalisant en suite, sur le moment, la fréquence, la forme de l’expression, c’est-à-dire la virtuosité de la prise de parole et de la production d’informations, on pose l’intégration de nos histoires individuelles et collectives dans la construction du rapport à l’être grégaire et social par l’éducation c’est à dire l’initiation et l’apprentissage.   (Darwin), En refusant de traiter du pour quoi (le but)  pour se focaliser sur le pourquoi (la cause) de la forme du rire, du sourcil qui se dresse, du pleur ou de toutes formes d’expression émotionnelle, l’animal en suivant le même processus évolutif d’acquisition de schèmes de communication que nous ou inversement, est notre semblable, la mire à travers laquelle nous pouvons viser l’essence de notre humanité. La construction des formes d’expression émotionnelle est le fruit d’une histoire commune, parallèle, conjointe, concomitante. La première conséquence en est l’invariant à tout système animal, le ressenti des émotions et leur expression à partir de représentations du monde.  Ce qui surgit,  je l’interprète,  je le ressens. Si les comportements de l’animal et de l’homme reflètent la psyché, ils développent des compétences similaires,  des mécanismes d’acquisition et des virtuosités d’expression affines[10]. Le mode d’acquisition de ces expressions dites « naturelles » parce qu’involontaires et innées étant le fruit d’un lent processus commun d’apprentissage et de mémorisation, nous amène à la constatation d’une construction évolutive commune. Ce qui nous amène par association à en déduire qu’à partir de l’analyse d’un mode d’acquisition d’un comportement  animal on peut modéliser un mode d’acquisition d’un comportement humain et vice versa, mais surtout que nous sommes dans la temporalité une étape, un moment d’évolution, non  une finalité ou un aboutissement.  Ainsi regarder l’animal, c’est nous regarder. Nous regarder, c’est regarder l’animal. Interroger l’animal, c’est nous interroger, nous interroger c’est interroger l’animal. L’animalité dont nous sommes, la grégarité qui en découle, nous propulsent de façon radicale dans la relation à nous-même. Soit nous en déduisons que tout phénomène de grégarité et par inclusion de socialité est subit soit à l’inverse, nous en récupérons le pouvoir constructeur.  Radicalement parce que dépollué du mot et du verbe, l’animal, en l’occurrence le chien, nous offre l’observation de la séquence de construction comportementale, volontaire mais accompagné par nos mots,  nos maux et nos prétentions.

Alors que pour les créationnistes[11] l’expression des émotions était due à la volonté, la conscience et l’intention qui « pliaient » le visage par l’intermédiaire de ses muscles, pour les physiologues[12] , tout phénomène expressif ne s’analysait que par le « but » qu’il poursuivait, l’utilité qu’il remplissait.  Romanes (1882) définissait le comportement animal comme l’ambassadeur de son fonctionnement mental.

En reprenant la citation de Darwin « l’homme lui-même ne peut exprimer la tendresse et l’humilité par des signes extérieurs aussi parfaitement que le fait le chien lorsqu’il vient au-devant de son maître bien-aimé, les oreilles pendantes, les lèvres pendantes, le corps ondulant et en remuant la queue »[13], deux affirmations comme des évidences sont sous-tendues dans l’établissement de toute relation à l’humain.  La première est celle de l’automaticité de l’apparence  de l’expression émotionnelle, la seconde de façon ontologique  est celle de la place tenue dans le rapport à l’humain comme « évidente », celle de la servitude.

b)                La servitude

Dans la relation homme/femme-chien, la domination et la soumission comme déterminismes sociaux se montrent dépouillées de la moitié de la parole et du discours. L’évidence serait la place de l’humain au sommet. Comme si tout rapport ne pouvait s’inscrire ou ne devait être, soit au nom d’une morale ou d’une éthique soit au nom d’une « évidence incontournable de nature», envisageable et envisagé que dans une relation de domination-soumission. Soumission de l’animal à l’homme, soumission de la nature à l’homme, soumission de la femme à l’homme, soumission des personnes à l’élite. Ne pas regarder, ne pas interroger la réalité à partir de l’image perçue, donner comme signification ce que l’on s’offre ou s’autorise à construire comme description d’une relation et prendre cette autorisation comme vérité, est l’erreur[14]. Modéliser uniquement sous l’angle de la domination le rapport à l’autre au nom d’un principe de simplicité[15] donc de vérité et de raison, est l’illusion qui nous enferme. Ce déni de réalité et de vérité  place la servilité et  l’abandon du libre arbitre comme seule interprétation possible et non négociable de notre rapport à l’autre. La relation homme/femme-chien dans sa métaphore du rapport efficient sera d’autant mieux observée qu’elle démontrera l’innocuité et la nature pathogène du rapport dominant.   Dans  le but d’obtenir le profit d’une production, d’une coordination, d’une mise à disposition d’une force, d’un défouloir à plaisir au service d’un dominant, d’une élite, la lecture du vivre ensemble et de l’adaptation est systématiquement organisé dans le champ de la structure hiérarchique qui en devient une fin en soi et un enjeu d’ego. En affirmant la servitude annoncée comme élément de nature et de nécessité, on occulte la question de l’incertitude et de l’insécurité que provoque la défense des positions acquises.  En affirmant la recherche de sécurité comme principe premier justifiant l’abandon de liberté, on occulte la meilleure réponse possible à ce besoin de sécurité. En posant comme première dialogique[16]  « sécurité et liberté » on affirme que l’une est le produit de l’autre et réciproquement. Prenons pour analogie explicative, l’image d’une balle symbolisant la vie. Le chemin parcouru est son histoire. Elle se déplace dans un mouvement de translation mue par l’énergie de la volonté, du rêve, du désir ou par celui de la peur, de la souffrance et de l’espoir. Rebondissant entre deux murs, celui de la sécurité et celui de la liberté, elle progresse par un effet de réverbération. Ricochant entre ces deux murs qui défilent à la vitesse du temps, la force dynamique qui en résulte est l’énergie impulsive de la relation aux autres, une volonté partagée.  La balle ricochant du mur de la sécurité  sur celui de la liberté,  progresserait de rebond en rebond dans un dialogue constant. Ce cheminement  est le partage de territoire de façon apaisée. Une volonté et une intention politique au sens d’un projet et d’un enjeu de vivre dans la cité, ensemble. C’est une histoire de l’immédiateté et de la situation.  La liberté est à ce moment-là la nécessité de la sécurité et inversement. Car le manque de liberté est la tyrannie et être tyrannisé c’est être en insécurité. La liberté est celle du mouvement qui inclue celle de la pensée.  La liberté de pensée sans la liberté de mouvement est un niveau de tyrannie.  Dans ce partage de territoire ce qui assure la liberté de mouvement et la sécurité, c’est l’autonomie construite et partagée de tous les protagonistes dans leur prise de décision de leur ajustement aux autres.  Elle  devient alors l’élément moteur nécessaire au service de l‘échange et de l’interaction. La méta loi d’adaptation est alors que la plus grande liberté de mouvement de l’un s’arrête à la mise en insécurité de l’autre. Elle se construit au travers de l’éducation, du rôle de parent et de l’enseignant. Interaction, relation, sous tendues par le principe de coopération et de complémentarité  assurent  et de la meilleure façon possible, l’adaptation à l’environnement et aux évènements qui le constituent en réduisant le niveau d’incertitude par échange de point de vue et par coordination mutuelle.

Le citoyen faisant sa prière du soir tourné vers la Mecque dans la rue n’entrave en rien la liberté de l’autre ni sa sécurité s’il ne se trouve sur un passage public non protégé, entraînant un risque de culbute des passants. Mais le passant se doit aussi de faire un détour afin de respecter la  liberté de mouvement de ce citoyen. L’ajustement mutuel se fait à partir du principe limitant de la plus grande liberté de mouvement possible par rapport à la moindre insécurisation de l’autre.

c)                 Le lien invisible

L’échange d’information nécessaire et utile est au fondement du contrat de grégarité. Il se fait à travers l’émission et la transmission d’un message encodé[17] lisible. L’expression émotionnelle participe pleinement au sens du message. La communication va se faire à travers le canal auditif-parole, visuel-corporel, sensitif-touché et pour une moindre  importance olfactif-odeur phéromones[18]. Cette communication doit être cohérente et congruente. Les diverses formes et séquences de communication doivent se tenir et s'enchaîner avec ordre, de manière à former un ensemble logique, harmonieux, satisfaisant et cohérent pour ce que poursuit l'esprit. Mais aussi de façon congruente, adéquate, correspondant au but recherché. La communication constituée d’informations émises et reçues, nous amène à  en donner comme première définition: est communication ce qui transmet de l’information et non du bruit. Elle est en ceci le fruit de notre responsabilité. Et deuxième définition : est information ce qui déclenche un mouvement.

Si l’expression émotionnelle est pour l’homme un ton, une gestuelle, une expression fruit d’une virtuosité dont l’aboutissement pourrait-être le langage, elle est pour le chien une « exubérance » compréhensive. L’expression émotionnelle accompagne le signe, le schème émis. Pour l’humain, elle n’est pas le résultat d’une volonté, ni d’une « naturalité » parce qu’involontaires ou innées. Elle est au moment de la communication une congruence et une cohérence qui résulte d’une histoire,  celle de la relation enfant parent et de son ouverture au monde[19] et aux dilemmes[20] qui le constituent.  Pour l’animal, en l’occurrence le chien, elle résulte de la même histoire au cours des premiers pas de sa vie grégaire, lors de l’établissement de la relation avec ses congénères et avec l’humain, à travers les contacts avec sa « famille d’accueil et de naissance ». La communication émotionnelle  sera que ce soit pour l’homme comme pour l’animal, le résultat d’une autorisation, d’une permission à communiquer, à rendre clair le message que l’on s’octroie de transmettre. La loi de la double contrainte de Grégory Bateson la régit.  La communication émotionnelle est plus qu’une  aptitude à mettre une forme sur ce que l’on  éprouve. Elle est  indispensable  pour renforcer, optimiser la transmission à l’autre de ce que l’on interprète de son environnement  afin de renforcer le rendement réactionnel à celui-ci. Elle est le résultat d’une confiance construite à partir de la prise en compte de ce que l’on émet.  Cette capacité  qui permet l’expression de l’émotion, se définit par la congruence qu’il y a entre le message transmis, l’intention poursuivi et la compréhension de celui-ci.  Elle se forge à travers la communication paradoxale subie, l’estime de la crédibilité et de la compréhension du message « sociale » ou « grégaire » qu’elle permet. Ou pour communiquer faut – il avoir conscience de sa capacité à être non seulement entendu mais pris en compte. Cette confiance dans sa parole résultante de l’estime que l’on a de soi, se construit par des passages à l’acte de prise de parole provoquant les coordinations nécessaires à l’adaptation. Le carburant de ces passages à l’acte est la responsabilité « sociale » ou « grégaire ». La deuxième dialogique du projet de partage de territoire de façon apaisée est donc confiance et estime de soi.

d)                L’enjeu éthologique

Le champ d’observation, de vie, de situation est constitué d’humains et de chiens.

L’éthologie a deux définitions :

  1. Science qui a pour objet l'étude des mœurs humaines en tant que faits sociaux :
  2. Étude des mœurs et du comportement individuel et social des animaux domestiques et sauvages`` (Villemin 1975).

Mœurs : Ensemble de comportements propres à un groupe humain ou à un individu et considérés dans leurs rapports avec une morale collective; absol., règles de vie, modèles de conduite plus ou moins imposés par une société à ses membres.

Quelle est l’influence que notre vision des mondes impose au chien qui se traduit par des comportements inadaptés et des pathologies du comportement ?

Quelle est l’influence de nos interprétations des comportements de ceux qui nous sont le plus radicalement[21] proposés à notre regard, ceux des chiens, de par leur absence de parole ?

Quelle est l’influence de nos croyances sur nos rapports aux autres et sur les stratégies d’adaptation  mises en place par les chiens ?

Quelle est l’influence de nos croyances sur nos rapports aux autres et sur les stratégies d’adaptation  mises en place par les humains ?

Quel est ce projet, y a-t-il une éthique au service de quelle morale collective qui sous-tend nos comportements? Qui le définit, au nom de quoi ? Peut-on aborder l’étude éthologique sans le prédéfinir ? Règles de vie, modèles de conduite, dans l’énoncé même de la définition de l’éthologie se trouve la dimension que donne la nécessaire « intention » à partir de quoi se « construit » le   projet social ou grégaire.

Quelle considération pour quel acteur ? Y a-t-il une hiérarchie des acteurs, entre les hommes et leur place ? Le maître, la mère, l’adolescent, le piéton, le véto etc..

Quand passe-t-on du statut d’acteur, d’agent d’une situation observée à celui d’individus avec son originalité? Quand passe-t-on du statut d’animal à celui de personne ?

Pour comprendre les comportements, l’influence des capacités physiologiques, de l’environnement, la recherche de l’évènement déclencheur ont été privilégiés dans l’étude des causes comportementales.  Cette volonté ou cet apriori à ne considérer comme significatif que ce qui est observable, évaluable et caractérisable a contribué à ne prendre en compte que les facteurs stimulants identifiables sans se poser la question de leur choix ni celle de la construction de leur part d’influence  dans la prise de décision.

Les liens stimuli-réponses s’établissant sous l’effet de renforcements positifs ou négatifs proposaient un modèle d’apprentissage des comportements particulièrement simple à observer et à mettre en œuvre.

L’animal considéré comme intéressé uniquement par la nourriture et le sexe, c’est-à-dire des besoins physiologiques pures liés à sa survie et sa sécurité, besoins les plus basiques ou les plus bas dans l’échelle de Maslow,  ne se trouverait récompensé que par leur satisfaction. Vauclair: « au fil de ses expériences, l’animal apprendra, par essais et erreurs, en présence de certains stimuli, les comportements (réponses) qu’il doit produire pour aboutir à ses fins ».  Comme si la limite des capacités d’observation, la myopie de l’outil d’observation, calibrait la théorie, le concept, les modèles référents, les explications etc. et imposait par sa propre limitation l’image de l’intérêt égoïste.

L’outil d’observation limiteur d’imagination, de concept, de théorie, en sciences dîtes dures on y est habitué et cela n’a de conséquence que de stimuler la recherche sur l’objet sans le remettre en cause. La limitation, la démarcation comme frontière visible gage d’objectivité et de réalité dans l’étude du vivant et de ses comportements pose la question de la catégorisation, de l’objectivation et du rejet qu’on en déduit et que l’on argumente comme pertinence.

Ne reconnaître à l’animal que des agissements par « intérêt », l’intérêt étant contraire à la l’éthique de l’honneur et du sacrifice, c’est autoriser la maltraitance, la non prise en compte de sa souffrance, c’est dénier l’empathie à son égard et c’est se mettre au centre du monde et en assumer l’omnipotence déduite.

En découle la « culture » de l’élite fruit entre autre d’un contresens épistémologique lié à l’outil d’observation utilisé comme élément de justice[22] et non de justesse[23].

L’animal apparait comme étant une boîte noire qui se remplit  de ses expériences de vie. Elles sont[24] et font son histoire. À travers l’identification des stimuli qui ont provoqué une réponse comportementale associée à une signature émotionnelle positive ou négative concomitante à la satisfaction d’un besoin, l’animal se constitue un stock d’expériences qu’il enregistre dans une mémoire. Il pourra ainsi utiliser « les leçons qu’il en tire» pour optimiser ses réponses à des évènements futurs. Deux façons d’exploiter cette mémoire s’offrent à lui. Soit la répétition de plus en plus réactive et automatique d’une réponse face à un stimulus type qui lui permet d’économiser la phase de compréhension, d’analyse et de construction de la solution, soit l’évitement de la réponse ayant provoqué un renforcement négatif ou un désagrément pour proposer directement ou « prendre son temps pour élaborer » un autre geste.

En faisant de l’animal un être d’intérêt et en faisant de l’homme un animal supérieur, on fait de l’homme un être intéressé et égoïste comme le chien de par sa nature supposée. Si les réponses constituées et enregistrées sont guidées uniquement par l’intérêt, Intérêt de la bouffe, du sexe et peut être de la paresse,  nous faisons de l’animal un être intéressé d’intéressés.

Dans l’acception de l’intérêt[25] se trouve deux logiques, celle de la curiosité, du désir, de l’attention et celle de la cupidité, de l’égoïsme, de l’insensibilité. L’une renvoie au monde de l’altruisme, de la culture, de l’initiation, de l’éducation, de l’autonomie, du respect et de la tolérance, l’autre renvoie au monde de la rationalité frelatée, de l’efficacité, de la domination, de l’élitisme, de la sélection rationnelle, de l’économisme, de la compétition, de la sélection et de l’eugénisme.

L’une renvoie au monde de l’intention, l’autre renvoie au monde de l’obtention.

L’une implique d’accompagner l’intention, l’autre de récompenser l’obtention. L’une permet de construire l’autonomie, l’autre cadenasse la personnalité du chien comme de l’homme dans ses devoirs supposés. L’une propose, l’autre dispose.

Après la dialogique de la liberté-sécurité, puis celle de la confiance-estime de soi, la troisième dialogique autour de laquelle se construit notre relation aux autres de façon apaisée est celle de l’intention-intérêt.

L’intention[26] dans sa définition comprend deux dimensions. Celle qui renvoie au « projet », à ce que l’on poursuit et celle de la conscience, celle qui donne un sens, un caractère, une définition de sa perception des choses. Husserl considère la conscience comme le point de vue d’où le monde est possible dans toute sa variété.

Nous avons une perception et une interprétation du monde à partir d’un point de vue, le nôtre. Le chien a une perception du monde et une interprétation à partir de son point de vue. 40cm de haut pour certain. Cette perception comme pour nous se fait par le biais de capteurs. Odorat, vue, toucher, ouï et goût se partagent la capacité à nous donner une vision du monde. Ils ne nous en donnent pas une interprétation mais une perception. C’est notre intentionnalité qui nous permet d’en avoir conscience. Notre intentionnalité est ce qui fait que si on regarde une Ferrari on peut en avoir conscience comme une œuvre d’art, esthétique, de beauté ou comme objet mécanique, une perfection de conception ou d’assemblage ou encore comme un outil de déplacement très largement mal commode en cas de déménagement. L’intentionnalité ou le prisme de notre conscience est le système de visée qui nous donne conscience de l’objet.

Le chien du fait même qu’il a un point de vue est un être d’intention et de conscience.

Le chien être de grégarité et de socialité a un point de vue qu’il partagera comme nous.

De ce point de vue que regarde-t-on ? Que regarde-t-il ? À quoi réagit-on ?  À quoi réagit il ? Cette réaction à quoi obéit-elle? Quand devient-elle notre adaptation, notre coordination commune, notre entente mutuelle ? À partir de quand se sert-on du point de vue de l’autre pour construire notre coordination ?

Cet environnement quel est-il ? Pour le chien, c’est la société humaine, la place qu’il y tient, qu’on lui donne, qui le caractérise. Mais quelle société humaine, la domestique, la civile, l’inspirée ? Cette place comment se définit-elle ? Géographiquement, spatialement, dans un mouvement défini par  une cinétique, une allure, une forme, d’autant plus  que ce qui ne bouge pas ne se voit pas. Puis tout à coup apparait au détour d’une description la place hiérarchique et sa structure. Étrange notion qui surgit  par l’idée que l’on se fait de ce qui s’offre au regard. Raccourci intellectuel ou réelle interprétation obéissant à la règle du moindre effort mental, la structure hiérarchique devient institution. Elle est la règle supposée sur laquelle se construit toute relation et interrelation. Invariant incontournable et holistique, elle est le prisme qui nous permettrait de diffracter toutes nos observations.

En revenant sur le « déterminisme essentiel» du vivre ensemble que serait la domination et la soumission avec pour corollaire son institutionnalisation en structure hiérarchique, la question éthologique n’est plus que « voit- on  dans sa mise en œuvre » mais plutôt quelle dégradation apporte l’interprétation systématique de sa mise en œuvre. Qu’empêche la volonté de ne prendre en compte que le « mesurable », « l’identifiable » par nos canaux de perception, c’est çà dire essentiellement le visuel, l’acoustique, le toucher et dans une moindre mesure l’odorat et le goût, pilotés par le prisme du système de visée qu’est l’attitude de domination-soumission et son allant de soi associatif, la structure hiérarchique ? Autolimitant  comme modèle, elle rend la vision de la réalité myope, sans contraste, sans profondeur et surtout fausse de la réalité. En faisant le contre sens du saut épistémologique de l’attitude à la structure, elle induit comme forme d’analyse l’idéologie de l’élite. Par-là  la difficulté surgit de sortir du cadre.  Si les stimuli extérieurs sont objectivables dans leur forme, leurs effets aussi. Faisons de leur in-interprétation la pierre angulaire  de nos capacités à communiquer, s’adapter face aux évènements aléatoires, à leur représentation, leur analyse, leur intentionnalité, leur motivation, leur mémoire ou leurs états de conscience.[27]

Si la question comportementale est l’adaptation « adéquat »  des acteurs hommes/femmes-animaux à leur environnement, cette adaptation qu’elle soit de force ou par entente est toujours mutuelle, en fonction de ou par l’autre. L’adaptation du système constitué homme-chien implique de prendre en compte la construction de la relation et la définition de son efficacité dans un but de grégarité.

Ainsi se pose la question de L’homme élément de l’environnement du chien, en  tant que maître etc. ou l’homme et le chien, système coopératif en contact avec les évènements du monde auxquels ils doivent s’adapter.

La relation se traduit par des chaînes de prise de décision, des ajustements mutuels, des interprétations et des contextualisations établies en commun, des interpellations,  des  mises en alertes et des injonctions. Au nom de quoi, de quels principes, cette « économie » de la décision ?

e)                L’enjeu sociologique

Quelques définitions :

Science des faits sociaux humains (considérés comme un objet d'étude spécifique), des groupes sociaux en tant que réalité distincte de la somme des individus qui les composent. Sociologie compréhensive, empirique, évolutionniste, marxiste, positiviste, rationaliste. J

e conçois sans effort, d'après la seule connexité des phénomènes, comment on s'élève insensiblement de la biologie à la sociologie, et de celle-ci à la morale (Comte, Catéch. posit., 1852, p. 119):

Sociologie + compl. déterminatif (désignant la chose étudiée).Ensemble d'études ayant trait aux différentes relations que la chose étudiée entretient (dans sa production, sa destination, son élaboration, etc.) avec les groupes ou phénomènes sociaux. Sociologie de l'art, de la connaissance, du droit, des régimes politiques, des religions. Une sociologie du catholicisme rétablirait les liens intimes et historiques entre tous les éléments du système et des réalités (Philos., Relig., 1957, p. 44-9).Nous proposons, au contraire, de distinguer dès le départ, entre une sociologie de l'écrit et une sociologie de la littérature (Traité sociol., 1968, p. 304).

  1. anal. Étude des phénomènes sociaux dans les règnes animal et végétal. [L'étude de ces associations] s'est développée surtout depuis une vingtaine d'années et est connue sous le nom de sociologie végétale (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 2, 1931, p. 526).Nous ne passons que par un véritable saut des catégories de la psychologie et de la sociologie animales à celles de la psychologie et de la sociologie humaines (J. Vuillemin, Être et trav., 1949, p. 17).

SYNT. Sociologie contemporaine, criminelle, économique, électorale, générale, historique, industrielle, philosophique, politique, rurale, urbaine; domaine, développement, histoire, méthodes, objet, problème de (la) sociologie; ethnologie et sociologie; psychologie et sociologie.

(1)             Un peu d’histoire

Si à sa naissance  la sociologie fût considérer comme une révolution dans la façon de penser l'humain, elle le doit à sa façon d’étudier les  comportements. Qu’ils soient un symptôme d’un mal social tel que le suicide ou d’un fait tel que la religion ou les inégalités sociales, l'approche sociologique s'attache à dévoiler les facteurs proprement sociaux qui expliquent ces conduites ; le crime, la religion ou les inégalités ne peuvent être expliqués seulement ou simplement par des causes « naturelles » (déterminisme biologique) ou par la psychologie individuelle.

Dans les années 1870, pour l'anthropologie physique dont Paul Broca (1824-1880) est la figure de proue, les différences et les inégalités entre les peuples s'expliquent par le déterminisme de chacune des grandes « races » (Blancs, Jaunes, Noirs) de la planète. Sur le plan individuel, les différences de comportements sont reliées aux configurations du cerveau. Paul Broca, (qui fut le premier à isoler l'aire cérébrale comme siège du langage) est un adepte de la «crâniologie». Sur cette base, la plupart des faits humains - du crime au mariage, de la culture aux inégalités des peuples - pourraient s'expliquer en termes biologiques.

A la même époque, l'Italien Cesare Lombroso (1835-1909) défend la thèse du « criminel né » selon laquelle la criminalité s'explique par des causes héréditaires. De son côté, Gustave Le Bon (1841-1931) professe une théorie raciste et inégalitaire de la psychologie des peuples. La phrénologie avec sa célèbre bosse des maths se voulait mesurer les capacités intellectuelles et son dérivé la morphopsychologie continue à polluer de nombreux cabinets de recrutements et de coaching en mal d’optimisation de ressources dites humaines.

C'est à ce moment que s'élève la voix des premiers sociologues qui s'opposent au biologisme dominant en montrant la part du social dans les conduites humaines. Parmi ces voix, il y a celles de Gabriel Tarde (1843-1904), puis celle de René Worms (1867-1926), et enfin celle d'Emile Durkheim (1958-1917). Tous trois contestent l'hégémonie du naturalisme, s'attachent à montrer la part du social dans les conduites humaines.

Face à l'antisémitisme, au conservatisme et au cléricalisme s'opposent le socialisme, le rationalisme, la morale républicaine.

Au premier niveau d’analyse et parce qu’il faut traiter les phénomènes sociaux comme des choses », seule l'étude des corrélations statistiques comme par exemple entre l’évaluation de la  réussite scolaire et le niveau d’éducation des parents et les origines socio-professionnelle de la parentèle permet de révéler l’influence sociale par définition insaisissable pour les individus eux-mêmes. Est-ce que les représentations que l’acteur a de son environnement et à partir desquelles il prend ses décisions, ne sont-elles pas elles-mêmes le  fruit d’une  influence du « milieu ». La sociologie cherche à isoler le facteur spécifique qui échappe souvent à la conscience individuelle. Dans cette optique, Durkheim ne rejette pas la psychologie, ni même l'existence de facteurs biologiques dans la détermination des conduites : il conteste simplement qu'ils suffisent à eux seuls à expliquer les comportements.

(2)             Des grandes tendances

À quoi sert un sociologue ?

Trois positions types :

  • Celle d’Auguste Comte pour qui la sociologie est comme la médecine pour le corps humain. Elle doit servir à résoudre, « soigner », les problèmes sociaux. Auguste Comte voulait que la sociologie soit à la société ce que la biologie est à la médecine. Une fois élucidée les lois de fonctionnement de la société, elle doit permettre de soigner ses maux et de gouverner son devenir.

Le tout est de savoir ce que sont les maux de la société et quels en sont les symptômes. Ou autrement comment et qu’est-ce qu’un disfonctionnement social, symptôme d’une maladie sociale et est elle individualisable ou est-elle le produit d’une collectivité?

Dans le même esprit, Emile Durkheim écrira, dans l'introduction de La Division du travail social (1895), que « la sociologie ne vaut pas une heure de peine si elle ne devait avoir qu'un intérêt spéculatif ».

2) La sociologie ne doit servir à rien. Max Weber, de son côté, a voulu établir une distinction nette entre Le Savant et le Politique  La nécessaire séparation du monde de l'action et de celui de la science s'appuie selon lui sur l'opposition entre les « jugements de faits » et les « jugements de valeur ». Conserver son indépendance vis-à-vis de toute demande sociale reste pour certains sociologues la garantie d'une autonomie de la recherche et un gage d'indépendance intellectuelle. Même si M. Weber a vécu tragiquement ce clivage, lui qui voulait participer activement à la vie politique de son temps.

3) La sociologie est au service de la critique sociale. Pour les sociologues de l'espèce « critique », la sociologie contribue à la contestation et à la transformation de l'ordre social en dévoilant les ressorts cachés du pouvoir, des inégalités ou de l'ordre dominant.

Ces trois postures partagent un même postulat : le sociologue se situe en position de surplomb par rapport à la société. Le sociologue est celui qui « sait » et les acteurs sont aveugles au fonctionnement de la société.

Aujourd'hui, une autre conception du savoir sociologique tend à prévaloir. D'une part, on admet que l'acteur social possède une certaine compétence pour décrypter le monde qui l'entoure : le lycéen, le salarié, le consommateur connaissent et maîtrisent certaines des règles du fonctionnement de leur univers social et ils savent les utiliser de façon stratégique. C'est ce que l'on nomme la réflexivité. Le sociologue peut même emprunter certaines de ces connaissances pour construire son propre savoir. Inversement, l'homme de la rue pourrait utiliser des éléments du savoir sociologique pour construire et analyser son propre environnement. En cela, le sociologue peut aider le citoyen à se situer dans le monde social, et contribue à transformer son regard sur la société.

Le sociologue ne se voit donc plus comme une conscience lucide, placée au-dessus du monde qu'il observe, mais il construit son savoir dans un dialogue permanent avec les acteurs de société qu'il s'est donné comme but de comprendre et d'analyser. En restituant son analyse il permet à l’individu de déconstruire et de reconstruire ses nouvelles croyances en y travaillant ses compétences nécessaires à son adaptation.

En cela, il participe à sa manière à la construction du monde social.

Mais comme tout projet, le projet de l’observateur, de l’accompagnateur ne peut se cantonner à la production d’un savoir descriptif qu’il soit critique ou pas. A la question du rôle de cette chambre de résonnance et de « raisonnance », le sociologue acteur de la situation, intervenant au minimum comme accoucheur et versificateur d’une réalité qu’il se doit d’accompagner, l’intervenant-sociologue est servant. Dans le cadre de sa mission il est servant d’une structure, d’un pouvoir, d’un circuit de domination qui lui demande de renforcer, d’identifier les dynamiques de servitudes et d’adaptation à mettre en œuvre, à défendre et à justifier.

Travaillant sur la gouvernance efficace, il autoproduit et justifie des théories de la motivation, de l’adhésion, de la production avec au nom d’un humanisme des principes de participation, d’empowerment[28], de rétroaction, de mesure, d’amélioration et de progrès, comme solutions ou préconisations « sexy ».

Rigueur des raisonnements, honnêteté intellectuelle, de quoi est fait l’objectivité lorsque le point de vue adopté guide l’observation. De quoi est fait le point de vue de départ, sa pertinence si ce n’est au départ de ne pas fuir sa responsabilité et d’appeler un chien un chien. Au service du payeur, ou au service d’un tout, d’une entité. Les individus se construisent les uns les autres dans un processus d’échange, d’attrition, de friction aux autres à leur histoire et à ce qu’on en pense. Au cours de ses contacts, à travers des temps et des situations qui se juxtaposent, se chevauchent, s’entremêlent, on remplit des rôles sociaux, des figures imposées, imposantes et dès fois libératrices, dès fois annihilantes.

La diversité des contextes complémentent et donnent à jouer sur plusieurs scènes tous les rôles qu’on nous assigne. Du diner de famille au défilé de mode, du bureau du chef d’équipe à l’analyse des budgets et objectifs, de la salle d’attente de l’hôpital à la relation au soignant, quel rôle joue-t-il, quel rôle dois-je ou puis je tenir ? Quelle unité d’analyse, quelle focale, quelle délimitation au « système » et à sa lecture. Le social est donc un processus répondant non à des lois mais à des modes de description, à des invariants systémiques dont la relation et sa mise en œuvre, de sa naissance à son extinction, est l’unité d’analyse. Toute organisation étant un système par définition, toute sociologie est systémique par essence et se doit d’être sensible, attentive et dans le doute de l’interdépendance, de la complémentarité et de l’ambiguïté. Rechercher ce qui fait système dans la vie sociale, définir ce qui en sont les acteurs, y identifier des rôles, les croyances, les aprioris et les contre sens épistémologiques, les déconstruire et les reconstruire, découper, différencier, intégrer, choisir son point de vue est le premier écueil à la construction du lien social, à sa description, son analyse et son équilibrage.

f)                 Les enjeux de la sociologie cognitive

Les habitudes d’action, les échanges entre personnes et là entre chiens et gens, répondent à des processus, ou des modes d’actions influencés ou soi-disant instinctivés. Pour identifier des invariants, des inaliénables à la pensée, c’est-à-dire des unités de base comportementales qui demeurent dans le monde réel au-delà des apparences illusoires et des connaissances de l’époque, le constructivisme  postule que tout phénomène « comportemental » donc « social » n’existe que par le travail « social » de description, catégorisation et d’objectivation.

La description, l’affirmation du chien comme animal sensible à la « hiérarchie » et la place nécessaire au-delà de l’utilité qui lui revient dans l’obtention de sa « bonne santé psychosomatique » en est un exemple. Le fait de nommer, de définir avec des mots qui n’ont de sens que pas de sens, est la pierre angulaire d’une sur interprétation des faits. En faire la base d’une étiologie, d’un enjeu de détention de compétence et de pratique thérapeutique ou éducationnelle a pour résultat d’en faire une injonction normative irrespectueuse de notre libre arbitre et de notre autonomie dans la construction réciproque de notre rapport à l’autre.

Le chien provoquant un comportement, sa mise en bouche par l’emploi d’un vocabulaire chargé d’histoire, exemple il est dominant, nous enferme et nous oblige dans un mode de réponse qui nous enlève toute autonomie dans la construction de la réponse à celui-ci.

La domination étant une interprétation, comment revenir au fait et rien qu’au fait pour ne pas être esclave de ce que l’on croit et que le monde veut nous faire croire. Pourquoi et au nom de quel principe ne doit-on pas rentrer dans cette automation de lecture.

Le chien nous est d’une grande aide pour nous apprendre à déconstruire, à aller au-delà. Le pari[29] est :  et si un comportement pouvait prendre non pas une signification mais  plusieurs suivant la réaction de son observateur, comment peut-il y correspondre, concorder à un sens et pourquoi ne pas en préjuger pour le chien ou pour l’autre.

Dans tout type de comportement, ce qui donne sens est la réponse de l’environnement à ce comportement. Je ne sais ce que je produis comme effet, c’est la réponse des autres qui me donne l’indication du sens de l’attitude que j’ai. Si à un comportement dit de domination (je gonfle le torse, je roule des épaules et je marche comme Schwarzenegger à Mr Olympia) la réponse de l’environnement, ou le commentaire l’accompagnant au lieu d’être celui de la peur, de l’inquiétude ou du recul est celui du mépris, de l’ignorance ou de la compassion, trois réponses incohérentes avec ce qui aurait pu être le sens du comportement exprimé, accompagné d’une coordination non attendue dans un tel contexte, ce comportement perdant son sens, perd de son utilité et se désamorçant amène à proposer une autre tactique d’adaptation à la situation, une autre conduite. (je fais les yeux doux, je prends mon regard de chien battu et celui de l’homme qui a vu l’ours, a hiverné avec lui et ne s’en remet pas du retour du printemps, je suis invité directement à Springfield[30]  alors que je souhaité Spring Breaker à Barcelone).

Dans cet exemple incomplet l’importance de la congruence émotionnelle de l’expression  de la réponse avec le sens attendu ou souhaité d’un comportement ou d’une communication est l’outil d’un rééquilibrage de pertinence comportementale et de communication.

Autre exemple chien-chien.

Essayons de décrire sous forme de chaîne d’action la construction et la déconstruction d’un sens comportemental.

Un comportement est une forme, une chaîne d’actions accompagnée d’une émotion. Nous rappelons que les émotions de base sont, la peur, la joie, le dégoût, la colère, la surprise. Reprenons : je suis chien et je produis une chaîne d’action de grognements et d’aboiements, accompagné d’une émotion qui par définition est masquée à mon « interlocuteur » mais qu’il peut lire, deviner ou interpréter de façon certaine par association forme-humeur. Son interprétation est l’agression. Mais cette interprétation est un pari non une vérité. Il organise alors comme réponse le grognement, la menace etc. qu’il accompagne par la peur et la colère. Moi chien je reçois ce comportement comme une contre agression. J’en arrive à deux scénari types possibles. La « soumission » tel que l’abandon, la fuite, accompagnée d’une mémorisation de l’action, soit l’escalade et  la confrontation accompagnée de l’agression. Dans les deux cas je valide la signification de mon comportement déclencheur. En résumé, Je me souviens de mon comportement, j’y associe ce qu’il a provoqué comme réponse, j’y lie des potentiels typés de réponses validées elles-mêmes par des « renforcements ». Maintenant, je veux désamorcer des comportements d’agressions types (aboiements etc.);  Si je fais le pari que ce que fait le chien il ne le sait pas et que l’organisation de ma réponse va construire ou « déconstruire » la signification de son comportement, plutôt que de vouloir contrer celui-ci par une réponse avec renforcement négatif au moins égal à une intensité + 1 à son « excitation », et ainsi prendre le risque qu’il accroisse son seuil d’intolérance et son niveau de détermination futur, ma réponse devra être asymétrique ou dissymétrique dans l’attitude et dans l’émotion émise ou jouée  à ce qu’elle aurait pu être. Exemple, agressivité, colère, réponse surprise, humour. Mon grognement ne rencontre pas d’aspérités, la surprise décontenance et provoque un temps plus ou moins long de « sidération » ou je provoque une autre réponse de renforcement « positifs, accompagné par une autre manifestation  de satisfaction « complice ». Je déconstruis la signification du comportement.  Et j’associe ensuite les éléments évènementiels déclencheurs à cette déconstruction pour reconstruire des panels de réponses acceptables.

D’où l’importance de l’échange et de l’attrition pour « travailler » le rapport à l’autre. Ce rapport et la signification de l’interaction se construit donc au minimum à deux. Mais d’où aussi l’épistémologie adéquat à ce type d’action. Celle de la construction, du pari, de la déconstruction, de la communication, de l’attrition et celle dernière que tout rapport de coordination et d’ajustement peut se jouer au dehors du paradigme de la domination soumission et de son corolaire hiérarchique.

Dans cette relation nous avons vu qu’il faut intégrer le pan « mental », la façon dont fonctionne le « cerveau », par exemple en prenant en compte que c’est la représentation que l’on a des choses qui nous font réagir. Le nous englobant les deux partenaires, les deux personnes de la situation, animale et humaine. Et le pan « social » lié à nos croyances, au regard des autres, à notre culture et notre habitus[31], c’est-à-dire à nos appartenances et à nos stratégies d’élévation des citadelles  assurant la sécurisation de nos vies  et position dominante.

Contraintes naturelles, psychologiques ou sociales, comment faire le tri, détricoté ce qui nous amène à l’apaisement ou à la dysfonction sociale c’est-à-dire à l’affrontement,  le stress, l’angoisse, la peur et la souffrance.

L’échange d’information étant la cheville ouvrière, la brique élémentaire du rapport est l’information et son traitement, c’est-à-dire son émission, sa réception, son interprétation.

Ce traitement s’effectue de façon instantanée, propre à chacun (idiosyncrasique), dans la situation suivant l’activité  dont elle est le fruit. Elle est individuelle et collective. Une communication inter individus est une activité qui a pour but de produire une adaptation mutuelle, collective, adaptée aux évènements dont le partage d’interprétations permet la prédicabilité de l’adaptation collective et individuelle par ajustement mutuel.

La communication et ses modes, son organisation, sa signification, son sens sociologique, psychologique, psychosociologique, la façon de l’exprimer, la langue et le langage utilisé,  la tonalité, la syntaxe, les sens supposé des mots  etc. sont une des transversalités de la construction du rapport à l’animal, à l’autre, à la personne dépersonnifiée ou surpersonnifiée.

La question est alors quel est le cahier des charges des compétences cognitives collectives à la constitution et au maintien de cette grégarité, de ce partage de territoire de façon apaisée.

Est-ce que cela veut dire que la décision n’est pas le fruit d’une pensée et qu’elle-même serait mécaniquement déterminée. La notion de mécanisme et d’indétermination ne sont pas antinomiques si on décrit la prise de décision comme un processus ayant ses phases. En prenant Observation-Orientation-Décision-Action comme les phases élémentaires du processus d’action, on voit bien que la phase Orientation constituée de la représentation, interprétation, volition, analyse de faisabilité, conséquentialisme de l’action,  porte en elle le « raisonnement de l’action ». La place accordée aux motivations des acteurs, les raisons d’agir si elles doivent portées un sens suffisamment rationnel pour « justifier » l’action, soit en la contextualisant dans des mondes de grandeurs (Boltansky) soit en les situant dans le domaine de la distinction et de la stratégie de positionnement liée à l’habitus (Bourdieu) par exemple,  ne s’économisent pas la transversalité et la  multi modalité[32] des  causes. Culturellement, historiquement, épistémologiquement, logiquement, intuitivement, psychologiquement, socialement, psychanalytiquement,  capacitairement, capabilitairement, les causes de la prise de décision et de ses conséquences sont en termes d’action, d’inaction, de positivité, de négativité, d’élégance ou de trivialité, un réseau imbriqué et intégré multi dimensionnel aux temporalités et aux enjeux paradoxaux.

Si la connaissance de sens commun est partagée par les membres d’une même communauté et qu’elle permet de se comporter de façon attendue. Cette façon attendue a pour fonction d’être, intelligible et justifiable  pour les acteurs (la notion de moralité n’est pas de mise ici),  mais pas forcément appropriée. Ce qu’elle doit déclencher c’est une adaptation, un ajustement mais qui ne sera approprié que s’il permet de maintenir la sécurité et les degrés de liberté de tous au plus haut niveau, alors qu’elle peut quand même produire des dysfonctions graves aux conséquences plus ou moins dramatiques pour certains, jouissives pour d’autres mais insécurisantes et mutilantes pour tous.

Faudrait-il que cette connaissance de sens commun soit partagée par tous; hors elles ne l’est « jamais ». La connaissance de sens commun ne voyage qu’en groupe. Son singulier ne l’est qu’à titre individuel et rarement collectif. Ce sont des connaissances de sens commun qui se retrouvent en compétition par acteurs interposés et qui s’affrontent à travers l’interface.

Les travaux de Goffman porte sur la « socialisation optique » qui permet aux  individus partageant une même « scène »  de voir le monde qui les entourent de manière « conventionnelle. La convention qui nous « lierait invisiblement, inconsciemment » porte non seulement sur l’interprétation en vigueur, mais aussi et de façon encore plus                  « dés-autonomisante » sur les modalités d’attention, de surveillance, d’intérêt. On ne regarde pas partout, on regarde ce qu’il faut, là où il faut. Autrement on court le risque de l’excommunication  sociale ou cognitive, c’est-à-dire celle épistémologique[33], paradigmatique[34] de la justification de l’organisation présupposée juste du monde et du système de domination et de coordination en vigueur. Le regard déplacé, la catégorisation nouvelle, l’interprétation hétérodoxe fondée sur la déconstruction du rapport de domination, au départ marginal, seront récupérés pour l’effet novateur, différenciateur et initiatique qu’ils portent. En lui octroyant une aura magique et sacré par ce biais de nouveauté, de rareté et sa nécessité d’initiation et de révélation, sa possession lui confèrera une valeur symbolique nommée modernité. Alors l’ancien  aseptisé, édulcoré, désignifié sera offert en pâture à la vulgate, sous forme de carte postale, posters  ou autre bible des points clefs de la réussite, nourrissant le discours d’une nouvelle forme de démagogie  sans signification. Le nouveau, symbole de la novlangue du progrès ou de l’évolution, deviendra le signe récupéré de la « classe dominante » qui en se substituant à l’ancien alimentera la différenciation culturelle à forte valeur ajoutée et assoira à l’identique la persévérance des systèmes de domination sociale. Tout ça pour des chiens.

Goffman étant le sociologue de l’interaction, la métaphore goffmanienne du théâtre fait envisager la vie sociale comme une scène avec ses acteurs et son public.

Toute situation peut s’envisager comme le déroulé d’une scène avec dans le rôle de l’acteur, l’individu ou la personne et dans celui du public tous les autres participants. La position d’acteur et de public concernent tous les participants à l’identique suivant le point de vue d’où  se place l’observateur. Pour Goffman le but de l’acteur serait de contrôler les impressions de son  public par ses expressions. Celles-ci couvrent plusieurs types. Le langage verbal, l’expression corporelle ou posturale, l’expression émotionnelle de l’acteur contribuant à définir la situation. Cette définition doit permettre  une certaine stabilité pour assurer des interactions sans rupture.

Dans ce schéma, l’introduction du chien comme objet, sujet ou médiateur de l’interaction pose la question de l’autonomie des acteurs, de leurs compétences ou de la compétence distribuée et collective nécessaire. Le regard du public dans sa prise en compte ou en charge implique de prendre comme élément objectif ce que Bernard Lahire nomme « état de fait » ou  « ordre des choses », le plus souvent méconnu et opaque qui détermine nos prises de décision de façon  non négociable. Dans le monde des chiens la race et leurs présupposés caractères somatopsychiques[35] en sont une manifestation.  Cela s’appelle des aprioris mais qui seront considérés comme des vérités hors desquelles l’incompétence et l’irresponsabilité seront distribuées. Elles seront l’enjeu de justification, de disputes ou d’alliances suivant leur composition

Envisager  l’existence de la partition, du discours où  le texte de la scène symboliserait  le nécessaire déroulé à respecter de toute situation comme attendu et déterminé et non sujet à l’improvisation, impliquerait et justifierait un mode de coordination par « domination », celle nécessaire du chef d’orchestre. Karajan dans un entretien avec Yehudi Menuhin utilise une métaphore paradoxale, celle de l’orchestre ne faisant plus qu’un instrument. Ce résultat est obtenu par un travail de maîtrise par chaque musicien du morceau puis de répétition et d’apprentissage de l’interprétation désirée du chef d’orchestre, puis lors de sa mise en œuvre collective par une intégration parfaite de l’individu dans l’unicité du tout. Pourquoi paradoxale, parce que l’individualité fonde l’unicité du collectif. Le paradoxe est que cette « communion », cette intégration, cette harmonie se fait mais parce que la partition existe, la contrainte existe, la volonté de l’y soumettre ou de s’y soumettre existe et surtout parce que la voie, le chemin existe. Hors en reprenant la métaphore de l’orchestre, Karajan en appelle une autre, celle du vol des bécasseaux variables ou celle du banc de sardines.  Hors pour le banc de sardines ou le vol de bécasseaux la voie n’existe pas, la partition n’existe pas, le chef d’orchestre n’existe pas et pourtant une harmonie existe qui propage le mouvement mais elle est le fruit d’une désharmonie périphérique celle du prédateur ou de l’évènement. L’adaptation et alors le produit d’un désordre et non d’un « sur ordre » organiser par la partition et commander par son garde chiourme, le chef d’orchestre. On peut dire alors que l’harmonie fondant l’unique dans le tout est contre-productif, est l’ennemi du bien qu’est l’adaptation, l’évitement, la sécurisation, la pérennité du système. L’harmonie est l’artefact d’une utopie, celle d’un monde qui ne serait parfait que parce qu’il serait « ordonné ». L’absence de désordre, de perturbation est l’absence de vie. L’harmonie a pour corolaire le totalitarisme de l’excellence, de la propreté, du rangement, de la pureté, de la performance, de la condescendance, elle devient l’antonyme de l’évolution, du respect, de la créativité, de la beauté, du déséquilibre, du mouvement et de l’initiation. L’harmonie est le pas de l’oie mais c’est aussi l’image du vol de bécasseaux variables.  Le pas de l’oie mène à la mort, le vol de bécasseaux sauvegarde la vie. Le vol des bécasseaux variables est une image de l’harmonie mais pas son sens mortifère. On réaffirmera l’axiome épistémologique que la forme comme toutes les formes n’est pas le sens. Toute catégorisation, interprétation de qualités psychiques, de comportements à partir de formes que cela soit celle du nez, de la couleur, des origines géographiques ou de la forme des neurones, toute théorisation de la forme et de la catégorisation déterministe est un contresens.

La diversité des formes de déplacement en groupes répondent à plusieurs critères.

La vitesse angulaire d'un poisson, son changement de direction sont modulés par trois types d'informations:

La distance avant collision avec un obstacle, (la perturbation)

la position et l'orientation d'un autre poisson situé dans son voisinage. (L’orientation, l’intention)

L’inter distance ou la densité   (la sécurisation)

L'effet d'attraction est maximal lorsqu'ils sont éloignés  ou pour vivre heureux restons groupés.

L'effet d'alignement des poissons est maximal lorsqu'ils sont proches les uns des autres, clarté du message, point de vue partagé, confiance.

L'augmentation de la densité de poissons dans un  bassin, bassin représentant un contexte et une situation, provoque une diminution de la tendance des poissons à interagir entre eux lorsqu'ils sont très nombreux au même endroit. En étant groupé, donc en sécurité, (densité) je redeviens individus et autonome dans mes décisions, je deviens libre. On retrouve la dialogique sécurité liberté. Mais attentif aux mouvements « d’alerte », provoquer par la rencontre d’une perturbation, provoquant une réaction « vive », changement de vitesse, qui s’interprète comme une mise en alerte et me fait réagir, ce qui se transmet de proche en proche et  provoque une réaction collective.

En outre, l'exploration des propriétés du modèle a permis de démontrer que l'augmentation de la vitesse de nage des poissons produit une transition dans le mode de déplacement collectif du groupe. Lorsque les poissons se déplacent lentement, un phénomène de "swarming" est observé: ils restent regroupés mais le degré de polarisation des nages est alors très faible. En revanche, lorsque la vitesse de nage des poissons augmente, le groupe adopte spontanément une direction commune de déplacement.
l’éloignement des individus, l’orientation ou la direction prise par son voisin, la vitesse, la densité.

La cinétique de déplacement, angle de direction plus la vitesse des individus, contrôle la transition entre les différents modes de déplacement. De la nage ou le vol isolé à la nage ou au vol groupé, la transition dépend de 3 types d’informations.

qui modulent  la vitesse angulaire d’un poisson et donc sa coordination vis-à-vis des uns des autres.

Figure 1Figure: Transition entre deux formes de déplacement collectif observée grâce au modèle lorsque la vitesse de nage augmente dans des groupes de cent poissons nageant dans un espace libre. © CRCA

On voit la différence de point de vue avec l’observation des interactions devant assurer l’adaptation d’un « groupe social » à son environnement. L’interaction a bien pour but sans doute de contextualiser la situation, de la définir mais elle est aussi là afin de construire ce qui va permettre de la signifier, de la mettre en signes, en mots, compréhensible par tous les acteurs.  Elle se doit de définir le chant avant le solfège. La communication doit définir la notation, la forme des codes choisis plus tard. Pour les membres du « Collège invisible[36] »

Norbert Elias a décrit dans la civilisation des mœurs le processus de civilisation comme étant la tendance à refouler tout ce qui relève de la nature animale. Augmenter le contrôle sur tout ce qui relève de l’animalité en le rendant invisible ou en le refoulant dans la sphère de l’intime tout en intensifiant le sentiment de dégoût, de honte, de gêne, de pudeur, contribue à l’édiction des règles et normes de conduite, ce qu’il convient ou non de faire. Ce processus se répète-t-il avec le chien ? Alors que pour Elias le processus de « civilisation », c’est-à-dire d’acquisition de règles de bienséance avec une élévation des seuils de sensibilités a pour origine  une dynamique des relations entre inférieurs et supérieurs. Pour chronologie d’acquisition ce sont les gens de cours poursuivant une différenciation de reconnaissance de classe et concomitamment une volonté d’apaisement et d’abaissement des violences interrelationnels qui développent des règles de savoirs vivre tel que décrites par Erasme  dans « la civilité puérile ». Par volonté de ressemblance et d’identification non à une aristocratie des armes mais à une élite détentrice de pouvoir symbolique et politique,  la bourgeoisie possédante, industrieuse et  marchande développera une imitation de ces « mœurs » pour enfin être elle-même imité par les classes moyennes. C’est dans ce processus que naît l’idée d’habitus, symboles portés par les détenteurs de la puissance économique, symbolique, culturel des champs[37] dans lesquels  ils vivent etc. Que veulent dire alors ces interprétations de mauvaises tenues, de manque de savoir vivre, ces volontés de limiter les seuils d’interrelations « vulgaires[38] »  les chiens se sentent le cul, bavent, se pissent dessus etc. ces habits, ces tenues, ces toilettages ridicules, cette volonté justement de limiter l’animalité en augmentant symboliquement le seuil de sensibilité, de pudeur si ce n’est de pudibonderie, si ce n’est une volonté de « distinction ». Non une distinction du chien mais comme être dominé socialement en tant que « maître » se réapproprier  une opportunité de prendre une place dans un champ de « distinction » symbolique.

Pour Bernard Lahire  « La responsabilité des sciences du monde social dans la mise au jour des structures du monde social, et tout particulièrement des faits de domination, est écrasante, et nous devrions veiller à préserver les bonnes conditions de l’exercice de la science si nous souhaitons-lui voir jouer un rôle émancipateur ».

Par exemple «  Un objet culturel n’existe que saisi par des discours, des grilles de classification, des épreuves, des procédures et des institutions qui l’enserrent et s’en emparent. »

Qu’en est-il pour le chien et notre rapport à lui, qui n’existe que par le discours de celui des vétérinaires, des éducateurs, des éthologues, des sociologues, des maîtres, des écrivains, des poètes, de la télévision, des voisins etc.

Le chien sujet ontologique de la domination soumission, de l’abandon épistémologique de l’universalisme en opposition à la  racialisation, le communautarisme et à la genrification du monde,  de la hiérarchisation de la famille meute, le masculin α et  le féminin β,  et de toute les vacuités sans fondement de leurs nécessités. Vacuités qui par un double salto rhétoricien permet non pas d’établir mais de maintenir les situations de domination sociales en les justifiant, les concédant, les maquillant.

Dans « ceci n’est pas un tableau », Bernard Lahire, contre les tenants d’un désenchantement du monde contemporain, soutient que le sacré, la magie, habitent toujours notre quotidien  et que « La magie n’est pas près de disparaître du monde social car elle est une propriété consubstantielle des sociétés hiérarchisées. »

La magie, la sorcellerie, la magie blanche, la magie noire, l’une sacré, l’autre vulgaire, malfaisante, malveillante à laquelle on fait appelle sous le couvert du masque, de l’anonymat mais à qui on condescend une compétence des « choses et des mystères de la vie ». L’une apanage de l’élite, l’autre l’apanage de la populace, du vulgaire, de l’exploité. Le mot exploité est important car s’il implique le fait d’être dominé, il situe l’enjeu de cette organisation de domination dans un but d’exploitation. Pour faire accepter celle-ci, car il implique l’enjeu de la domination, l’exploitation au service de l’autre, la classe dominante qui a accès au sacré, au divin, à la « beauté » organise un champ ou elle abandonne les signes d’un présupposé capital culturel et symbolique de domination à la classe dominée et « populaire » .Le chien objet de pacotille , verroterie de l’échange de la valeur d’exploitation.

L’opposition entre sacré et profane, c’est aussi l’opposition entre initié et non initié, élu et non élu, dominants et dominés, expert de la raison et Diseuse de bonne aventure, astrologue, magnétiseur..   Tirant le fil du sacré, B. Lahire montre tout ce que l’adoration des reliques saintes au Moyen Âge a légué à celle des œuvres d’art aujourd’hui. Il ajoute : « La magie n’est pas près de disparaître du monde social car elle est une propriété consubstantielle des sociétés hiérarchisées. »

Ces hiérarchies anciennes ayant pour fondement l’opposition entre sacré et profane, dominants et dominés, se retrouvent aujourd’hui entre l’art et la vie, l’œuvre et le public, l’expert et le profane. Plutôt que facteur d’émancipation, la relation du public à l’art est donc, selon B. Lahire, habitée par des logiques de domination. « À travers la séparation, la distance entre un objet constitué en spectacle et un sujet qui l’admire, le respecte, le vénère, ce qui s’apprend dans le rapport à l’art, c’est, sous une forme euphémisée, un rapport de soumission. Dans le rapport à Dieu comme à l’œuvre d’art, structuré par les oppositions entre le sacré et le profane, le supérieur et l’inférieur, le haut et le bas, le spirituel et le matériel, le digne et l’indigne, le noble et le vulgaire, se joue une sorte de répétition du rapport au puissant, au dominant, à celui qui impose l’admiration, la vénération et le respect », écrit-il.

g)                Norbert Elias

(a)             La sociologie

Décrire  la façon dont les conditions sociales et culturelles influencent profondément les intérêts « vitaux » de chacun, leurs modes de justification et la mise en place de leur tactique et mode d’obtention est un des enjeux de la sociologie. Comprendre ce qui influence la détermination du point de vue à partir duquel on vit une situation,  sa justification, les solutions de persuasion qui seront élaborées et mis en œuvre afin d’obtenir ce que l’on souhaite en tant que coordination et  surtout identifier les  principes d’objectivité et de rationalité qui président à ces déterminismes en sont d’autres enjeux.

Leurs observations se fait à travers les jumelles de la «méthode compréhensive des faits humains ». Cette «méthode» fut l'objet de divers développements de la part de Dilthey (1833-1921), de Simmel (1858-1918) et de Weber (1864-1920) qui en fit une des méthodes essentielles de la sociologie. La méthode compréhensive consiste à saisir le sens subjectif[39] et intersubjectif[40] d'une activité concrète, à partir des intentions que l'on peut anticiper chez un ou des acteurs, à partir de notre propre expérience vécue du social. A partir de ce sens saisi, il convient ensuite d'agréger les actions, au plan social et culturel, pour faire émerger des types d'élaborations collectives. (documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/.../C%26T_1992_24_194.pdf...de A MUCCHIELLI - ‎1992)

L’observation compréhensive et pratique peut se faire à travers les lentilles de la systémique en se focalisant sur  les flux.

En éthologie, l’observation est l'étape de base en éthologie : décrire pour mieux poser les questions après.

(b)            La psychologie sociale

Description, analyse, compréhension, prédiction des comportements, des états mentaux et des processus de prise de décision des individus dans les petits groupes. Les tensions, les conflits, les règles de civilité, les processus d’intégration, de leadership, l’attribution des rôles, dans la vie et lors des interactions sociales sont l’enjeu de la psychologie sociale.

L’influence et l’identification des constructions sociales sont soit transitoires et locales tel que les règles d’une balade, ou établies selon une histoire qui déborde la durée de vie des individus. Idéologique, culturelle, elles nous enferment de façon invisible dans une lecture du présent. Exemple   la masculinisation de la notion d’autorité, de compétence, de pouvoir, d’assertion et la féminisation  de la manipulation, de la ruse, de l’instinct, de la sensibilité, de la tempérance et de la séduction comme outil de direction.

La « genrification » du monde du vivre ensemble, la hiérarchisation phallocratique, fondant la subordination des femmes aux hommes sur une différence biologique,  l’idéologie de l’élite, du sacré ou de la relation au mystère de l’animal sont autant de facteurs d’influence au monde de la grégarité.

h)                Systémisme

Définition reprise et commenter du dictionnaire des sciences humaines édition quadrige.

Le systémisme est une orientation de pensée qui considère que les phénomènes ne peuvent exister en dehors d’un système de relations entretenues avec d’autres phénomènes de même nature.

Kant : on ne peut concevoir des choses que dans un ensemble de relations.

L’écologie : les écologues posent l’interaction entre l’organisme et les facteurs constitutifs de son milieu. Elle  étudie des écosystèmes, des réseaux d’influence réciproque entre les êtres vivants et les facteurs du milieu. L’éthologie étudie le comportement animal « in toto » et dans son environnement animé et inanimé, dans le cadre d’une pensée cybernétique, c’est à dire examinant comment les systèmes régulateurs jouent sur le comportement et le contexte. Mais aussi on l’a vue comment les processus de décision et d’action se mettent en place, de développent et s’apprennent, délimitant la frontière entre « l’instinct », l’inné et l’acquis.

Wiener dans ses études sur les pointages automatiques des canons créa le mot cybernétique pour nommer « la science du contrôle de la commande et de la communication».  Il y développe les notions capitales d’interaction et de niveau d’observation.

La systémique touche toutes les disciplines. Les mathématiques (Forrester), la biologie (Von Bertalanffy), l’économie (de Rosnay), les sciences de l’ingénieur (Le Moigne, Mélèze), les sciences de gestion (Mintzberg, Simon), la psychologie génétique (Piaget), la psychologie sociale clinique (Watzalick), la sociologie (Parsons, Crozier), la philosophie (Morin).

Elle est un « langage » de « modélisation » ayant ses propres invariants. Elle est une théorie transversale, méta théorie et méta langage.

Il se définit comme :

  • Un ensemble d'éléments en interaction (la plus générale).
  • Un ensemble fini, borné, caractérisé par des relations le reliant à son environnement et aux autres systèmes.
  • Un outil de modélisation permettant de représenter et d'analyser des complexes d'éléments caractérisés par leur nombre et un réseau de relations imbriquées.
  • A chaque instant, un système est caractérisé par un état (ensemble des valeurs prises à une époque par tous les éléments composant le système)
  • La variété d'un système est l'ensemble des états possibles d'un système.
  • L'état d'un système se définit par rapport au temps.
  • En théorie, la variété est indépendante du temps; en pratique, la variété va se modifier.
  • On dénombre trois problématiques de base à l'analyse de système dont l'application aux systèmes " balade d’Antoine " sera particulièrement féconde:
  • Un système est en relation avec son environnement (système ouvert) : quelles sont la nature, l'importance et la densité de ces échanges.
  • Un système est séparé de son environnement par une frontière. Le début et la fin de la balade, ses membres et leur appartenance au groupe. Un système isolé est condamné au désordre. Système ouvert => définition de la frontière qui ne s'impose pas d'elle-même à l'analyste, le système pouvant être composé de sous-systèmes. (les personnes, les couples, les chiens etc.)
  • Le système répond aux perturbations qu'il reçoit en provenance de son environnement actif. Ces perturbations modifieront-elles la structure du système ? Quand une perturbation atteindra-t-elle un niveau entraînant une modification des interrelations du système ?

Les sciences humaines en voulant faire du systémisme à la manière des sciences de l’ingénieur et des mathématiques, se heurtent avec le fait que la mise en exergue de relations signifiantes ayant du sens, comme par exemple les mondes de justices de « Boltanski », la théorie de la distinction de Bourdieu ou encore la place du sacré dans la construction des hiérarchisations sociales n’ont pas grand-chose à voir avec des modélisations mathématiques dont le diktat sur la spécificité scientifique crée une frontière de la condescendance et du mépris vis-à-vis des curieux observateurs en mal de venir jouer dans la cour des « doctes docteurs ! ».

Or la mathématisation de la vie implique que celle-ci puisse se résumer à des échanges de flux et d’énergie tel qu’on les trouve dans les systèmes « mécaniques ». Hors les systèmes sociaux ne sont-ils pas le siège d’échanges d’informations « captables » si ce n’est mesurables en intensité, en fréquence et en signifiant.

La systémique y ajoute 5 principes invariants :

1/ Les phénomènes isolés n’existent pas. Ils sont des interactions avec d’autres.

2/ Principe de cadrage ou de contextualisation

3/ Le primat du contexte systémique. Les phénomènes ne prennent leur sens que dans le contexte formé par le système lui-même ;

4/ principe de causalité circulaire : chaque action entraîne une rétroaction, et chaque phénomène est un jeu complexe d’action et de rétroaction, d’ajustement mutuel.

5/ principe homéostasique. Chaque système d’interaction a ses propres règles de fonctionnement, définissant une logique préalable qui constitue une force propre « d’adaptation et de reproduction » au service d’un objectif.

6/ tout système poursuit un but, un objectif et se définit par ceui-ci

i)                  Talcott Parsons[41]

Pour Talcott Parsons, la société est conçue comme un vaste système. Comme tout système social,  les éléments le composant se répartissent les rôles pour remplir les quatre fonctions de base : l’adaptation, la poursuite d’objectifs, l’intégration 
et le maintien des normes.

Mais surtout il défend l'idée selon laquelle l'action sociale ne peut être analysée sans référence aux valeurs.

Extrait du dictionnaire de la sociologie sciences humaines. Dictionnaire des sciences humaines, éd. Sciences Humaines, 2004.

Comment les hommes qui, à l’état de nature, sont « des loups » entre eux, peuvent-ils vivre ensemble  sans s’entretuer?  À cette question hobbesienne qui dénote des aprioris sur les relations entre loups, la philosophie sociale avait apporté deux solutions. Thomas Hobbes celle du Léviathan, un pouvoir fort, celui de l’État, qui  au-dessus de la société  fixe les lois de la vie en commun. L’autre celle de John Locke (ou d’Adam Smith), résultant du contrat, de l’échange, de la rencontre entre intérêts communs, base du vivre ensemble. Or, déclare Parsons, ni l’une ni l’autre de ces conditions ne sont suffisantes pour assurer l’ordre social. Les comportements sociaux ne sont pas déterminés uniquement par l’intérêt égoïste quoique négociés ou la soumission aux lois. L’action sociale est déterminée aussi par des valeurs et des normes. C’est la réponse dévoilée par la tradition sociologique.
En reprenant la relation homme-femme/chien, la question pourrait se poser: comment les hommes qui sont des loups pour l’homme et les chiens qui sont des chiens pour les loups (La Fontaine) mais aussi des loups de par leurs origines présupposées, ce qui dirigent leur comportement comme le vent pousse la voile de la Caravelle de Christophe Colomb qui est à l’ornithologie ce qu’airbus est à la RATP, comment donc cette grégarité assumée peut-elle se construire au-delà du conflit et de la production « d’accidents » sociaux, type agressivité, avarice, concupiscence, violence distribuée, dépression, sociopathies, contrainte de corps, de  lieu et de « pensée » etc. !!! ou guerre, pauvreté, prostitution, mafia ou police d’état, chômage,  fascisme, totalitarisme etc.

Pour Émile Durkheim, Max Weber, Vilfredo Pareto, il existe au-delà du seul échange d’intérêts (domaine économique), de la morale (domaine de l’éthique ou de façon immature des religions), des lois (domaine du politique), une autonomie du social.

Pour Adam Smith, les individus ne sont pas mus que par leur intérêt, mais aussi par la sympathie qu’ils éprouvent les uns pour les autres. En gros, tout commence par la sympathie et par l’incontournable « besoin » que l’on aurait de se faire plaisir quand c’est possible. Ce comportement ne viserait qu’à se sentir bien avec autrui mais, ajoute-t-il, de façon ponctuelle. Pour lui,  toute vie sociétale peut se définir comme une infinité de petites scénettes mises bout à bout, comme des pixels invisibles, qui à force de se répéter et de se juxtaposer produisent de façon non préméditée une sensation de fondu, une image puis un film, l’ordre social dont la mise en scène serait dirigée par  la morale de la bienveillance. Là où cela se dégrade, c’est que les hommes auraient tendance à être impressionnés par les riches et les puissants, et par respecter leur autorité. Comment devenir riche et puissant, si partant d’un état d’égalité de moyens d’échanges, à force d’échanger dans la justice et la justesse, on se retrouve à cumuler par une opération du saint esprit, des kilotonnes[42] de numéraires. Pascal Bruckner dans son « hagiographie de l’argent » (la sagesse de l’argent/ grasset) parle d’un monde se  « protestantisant », c’est-à-dire croyant aux vertus de  l’argent et que l’argent a de la vertu; si je suis riche non seulement c’est que je le vaux bien mais c’est parce que dieu m’aime et que refuser à Dieu, c’est une faute de goût!  On aurait préféré un monde se noyant dans la procrastination et remettant au lendemain la recherche frénétique de la possession et de la domination.  Car l’accumulation, l’avarice, l’agressivité (les trois A de Brian Hayden dans Naissance de l’inégalité) attributs du dominant « respectable » et « respecté » amène la question de la nécessité d’un tel pouvoir et de la signification d’une telle révérence ou pour le moins d’une telle déférence à une autorité ainsi constituée. Ce qui se résume à : pourquoi y-a-t-il nécessité d’un pouvoir dévolu aux « riches » ? Cette déférence ponctuelle, pointilliste, à force de se répéter à grande échelle, finit par produire de façon non intentionnelle un rapport politique qui se transforme en gouvernement. Qu’on l’habille de magie, de sacré, de symboles de richesse ou de capital de savoir, que fait que des hommes s’arrogent le droit de valoir plus, de mériter mieux, de s’accrocher par cette névrose narcissique à la  défense de leur pré-carré symbolique justifiant le recours à toutes les violences et contraintes de corps et de pensées possibles. La rhétorique, dans le cadre des échanges commerciaux, de la poursuite par les hommes de leur intérêt réciproque en cherchant une offre qui correspond à leur demande, et mutuellement en proposant à autrui une offre qui rencontre sa demande, est un habillage habile d’une incongruité paradoxale qui veut faire passer un échange de justice et de justesse pour un rituel de construction d’un réseau d’entraide alors qu’il n’est que le champs des ruses et autres habiletés d’opération de spoliation et de rapines qui à force de se répéter à grande échelle finit par produire de façon non intentionnelle non pas un circuit économique où la production s’accorde à la consommation et assure la croissance, mais un territoire de passages obligés de perte de liberté et d’offrandes sacralisant le parasite dominant. Cet ordre social qui s’auto institue et s’autorégule aux niveaux moral, politique et économique, ne peut ensuite faire l’objet d’améliorations qu’à travers le glissement et le transfert des doctrines d’habillage  du parasitisme dominant. Au nom de dieu, du sacré, de la sécurité, de la peur, de la terreur, de la raison économique, du bien-être et de la nature, l’assujettissement à l’autre est défendu, imposé au profit du peu qui détient beaucoup.

A partir de la connaissance de la répartition et de l’utilisation de l’ordre (Machiavel), les hommes peuvent prendre des mesures pour rendre les rapports détenus par d’autres identiques à tous et en appeler  à l’émancipation alors que celles-ci sont souvent que jeu de dupe et de substitution. N’est révolutionnaire que le changement de noms des détenteurs, pas les attributs et les palais des pouvoirs. L’administration gouvernementale plus juste, le marché plus efficient, la morale, la politique et l’économie prendraient-elles intentionnellement soin du lien social ? Ou ne serviraient-elles par hasard qu’à habiller ses injustices et ses prévarications, les conflits d’intérêts et ses batailles de conquête ?? Pourtant en circonstance, et non au-delà de la circonstance, circonscrit à cette circonstance, le bon pouvoir protège, assure, rassure. Le pompier nous sauve et cela sans discussion lorsque le feu fait sentir ses caresses mortifères.

Pour Machiavel, il y a  autre chose que la ruse et la convoitise, il y a la « virtus » qui révèle et qui pousse au courage porté par la responsabilité et l’altruisme.  Ceux qui fait, qui permet par la prise de parole, par le discours tenu et entendu lors de circonstances particulières, extraordinaires, de s’exposer à l’émergence de la compétence reconnue, révélée par l’exemple, la vision et la prémonition. Il y a un moment de la justification de la bonne autorité accompagnant un bon pouvoir. Il y a un moment à la candidature et à l’exposition.

Car  de quoi est fait le bon pouvoir ?  Des compétences contextuelles nécessaires et de l’élaboration de ses modes d’expression et de reconnaissances. La mise en œuvre de rituels de reconnaissance et d’élaboration de celles-ci est un enjeu majeur de l’ « équilibre » du pouvoir dans sa distribution et son usage. Pour se prêter au jeu de l’initialisation et de l’initiation distribuée entre les acteurs des situations qui détiennent ou devront détenir les parcelles de compétences permettant la bonne décision,  la ressource de temps isolé du monde, d’expériences que l’on pourrait dénommer temps d’éducation est nécessaire. Le supprimer, le distendre, le comprimer, le dénaturer dans sa fonction de construire des acteurs compétents dans la guidance et dans le suivisme situationnelle, est la première arme  des ayatollahs de la peur et des paranoïaques narcissiques accrochés aux privilèges détournés des pouvoirs volés.

Pour  rendre compte du changement social, Parsons se consacre à l'étude comparative des sociétés et de leur évolution (Societies : Evolutionary and Comparative Perspectives, 1966) et détermine comme critère objectif de « performance » d’une société ou d’une organisation sociale, sa capacité d'adaptation aux évolutions de l’environnement. Cette notion d'adaptation ne désigne pas un ajustement passif aux conditions données, mais la recherche d'un état plus satisfaisant. Parsons en déduit donc la nécessité d’une capacité d'innovation. Il aurait pu en déduire une capacité de communication et de coordination. Dans la nature l’archétype de la structure que l’on pourrait nommer hyper adaptative, se trouve sous forme de nuage, de vol groupé. Le banc de sardine, le vol de bécasseaux variables sont de fait des structures qui s’adaptent de façon quasi instantanée à une agression ou un évènement. Alors organisation supérieure ? elles se dénotent par le fait qu’il n’y a aucune structure hiérarchique qui les pilote par contre le moteur de la coordination est  la proximité, une densité des chaînes de relations qui permettent l’échange d’informations qui transitent d’acteur en acteur, de sardine à sardine, pour déclencher une réaction individuelle qui elle-même devient information déclencheure de coordination. De façon surprenante Durkheïm s’inspirant de l’idéal positiviste exposé par Auguste Comte, définit la sociologie comme une « science morale », c’est-à-dire une science des mœurs propres à différentes sociétés. Or ces mœurs prennent forme en fonction du degré de rapprochement des individus, donc de proximité, ainsi que de la densité et de l’intensité des relations sociales. La sociologie devient ainsi la science de la transmission d’information, de la communication et sa forme critique la science de la description des dysfonctions de ces processus.

Sur ce point, Parsons rejoint les théories évolutionnistes de Spencer et de Durkheim. L'un des critères de cette capacité d'adaptation est la différenciation : une unité remplissant plusieurs fonctions se divise en sous-unités remplissant chacune l'une de ces fonctions. Cette différenciation n'est, cependant, un indice de progrès que si les unités différenciées remplissent la fonction mieux que l'unité multifonctionnelle antérieure. Une telle spécialisation, la réintégration des nouvelles unités, entraîne une transformation du système de valeurs. Quand un système social se complique, le système de valeurs doit au contraire se simplifier, les valeurs les mieux appropriées étant les plus générales et les plus universelles. Parmi ses derniers ouvrages : Sociological Theory and Modern Society (1967), Politics and Social Structure (1969) et, en collaboration, The American University (1973).

Donc le pouvoir est nécessaire mais en s’habillant des oripeaux d’une nécessité de rassurance et de bien être sécurisant, sa structuration peut devenir l’enfermement des rôles et la cristallisation de ses outrances et de ses  outrages. Le pouvoir est utile et non nécessaire, la nécessité étant la coordination ordonnée permettant l’adaptation à toute situation et ainsi la pérennité.

Si les psychologues, les sociologues et les philosophes s’intéressent au concept de sympathie élaboré afin de comprendre le rôle éminent que jouent le partage des émotions, l’empathie et la compassion dans la société comme ferment et élément d’intégration, . Mais peut-on se limiter à ce concept sans se poser celui de la responsabilité, de l’attribution, de la fonction et du juste pouvoir. La phénoménologie du groupe portée par sa volonté de pérennité, de développement et de sécurité, raisonne avec celle de l’individu portée par sa curiosité, sa sécurité, sa sexualité, son initiation et son besoin de transmettre et de cumuler l’expérience. De quel courage dois-je habiller ma prise de parole, ma participation aux jeux de sélection et d’identification de la compétence

La notion d’intérêt est ambigüe en la restreignant à son acception économique. Si l’économique est de faire du comptage et de la possession des moyens de valorisation de l’ « objet », la monnaie, c’est-à-dire du médiateur de l’échange établi dans une volonté de justice et de justesse, la mesure et l’enjeu de l’intérêt porté, cela réduit les moteurs à l’action sociale, les motivations, les désirs et la conscience à une portion congrue et pas très sympathique pouvant se nommer, convoitise, intérêt, égoïsme, avarice etc. Comment l’intérêt se résumant à la volonté de possession maximum de ses moyens afin de pouvoir « jouir » d’une quantité superfétatoire de « choses hors besoin » ou si l’avarice et l’avidité deviennent les moteurs de toutes actions en société,  comment donc assurer l’initiation, la formation, l’éducation qui est un objet de transmission, de don à moins qu’elle ne se résume qu’à mettre en situation les « juvéniles » et à ne sélectionner que ceux qui se sortent de toutes les épreuves « éducationnelles ». Une sorte de sélection dite naturelle du plus « fort », un hymne au concours, à la Koh Lantarisation du monde ! N’est-ce pas la plus abjecte des manipulations que de faire croire cela même partiellement.

Les actions individuelles peuvent s’harmoniser entre elles parce que les « agents sociaux » agissent en intégrant les valeurs et les normes de la société.

Voilà comment la sociologie permet de résoudre, à sa façon, la question de l’ordre social. À partir de cette conception de l’action sociale, et de cette vision « sursocialisée » de l’acteur, Parsons va déployer un modèle général qui vise à rendre compte du système social dans son ensemble. Dans The Social System (1951), puis dans d’autres ouvrages qui lui succèdent, il va défendre une vision « systémique » et « fonctionnaliste » de la société.

Pour qu’une société stable puisse exister, il lui faut répondre à plusieurs fonctions : l’adaptation à l’environnement (adaptation) qui assure la survie de la société ; la poursuite d’objectifs (goal), car un système ne fonctionne que s’il est orienté vers un but ; l’intégration (integration) des membres au groupe ; enfin le maintien des modèles et des normes (lattent pattern). Parsons proposera d’utiliser le sigle AGIL comme procédé mnémotechnique pour penser les fonctions du système social (A pour adaptation, G pour goal, I pour integration et L pour lattent pattern).

Il s’appuie sur deux notions essentielles : celle d'acte et celle de valeur, corrélat nécessaire donnant sens au premier. Le partage de territoire de façon apaisée y répond. Il est le volume exhaustif d’actions des acteurs le partageant, dans un temps, une unité de lieu, un contexte social et culturel, une sémiologie des différences en présence, la communication et la répartition des rôles en découlant et les mouvements mutuels en résultant. Leur  système de valeurs étant l’apaisé. Le partage de territoire en tant que système éphémère et permanent porte en lui l’oxymore volontaire illustrant la nécessité et la possibilité d’aborder tout monde comme un découpage de situations homogènes modélisables sous forme de système. La contextualisation de la situation est liée au point de vue de l’observateur et à son questionnement. Éphémère et permanent résonnent et fait écho aux cinq alternatives fondamentales auxquelles Parsons a donné le nom de pattern variables : affectivité ou neutralité affective (contrôle des impulsions) ; universalisme (critères généraux de jugement) ou particularisme ; qualité ou performance ; orientation vers le moi ou orientation vers la collectivité ; spécificité ou diffusion.  Elle permet d’aborder le paradoxe comme une nécessité à toute étude de vie libératrice. L’organisation qui en émerge décrira l’intangibilité des rôles distribués, les permanences et invariants universalistes, mais aussi leurs redistributions au grès des interactions.  La direction, la sécurisation, la régulation, l’action et ses corrélats,  l’horizon de projection, les unités de temps, les structures d’objectifs et leurs caractérisations ainsi que leurs éléments de contrôle sont toujours les enjeux des « négociations » entre « partenaires » de situation sous peine d’immobilisme ou de non action.

En sociologie trois garndes tendances se partagent le champ d’étude des mécanismes de fonctionnements des sociétés et de l’identification des déterminants sociaux ; elles poursuivent trois missions différentes.

Première mission, la description « critique » ayant  pour but de dévoiler les mécanismes « invisibles » et les ressorts de la domination. Dans cette veine les premiers « sociologues politiques » sont Machiavel  et Botero décrivant la science politique non comme un savoir désintéressé, mais comme une mise au service d’un pouvoir. C’est ainsi que la lecture de  Machiavel ou Botero profitera aux peuples voulant connaître les ressorts de leur domination. D’autres tel que Bourdieu démonteront les ressorts des formes de domination engendrées par le capitalisme en introduisant la notion de champ, d’habitus et de capital « symbolique ».

D’autres envisage la sociologie comme un outil de connaissance afin d’améliorer la gouvernance des sociétés et des entités sociales où l’acteur est central dans son individualité.  Crozier,  Boudon

Les sciences sociales et les sciences cognitives sont toutes les deux des sciences de l’esprit  ayant deux postulats intrinsèques et épistémologiques divergents.

Alors que les sciences cognitives renvoient à des mécanismes ou des processus invariants de la « détection » et du « traitement de l’information »  afin de réagir et « s’adapter à l’environnement[43]», les sciences sociales et la sociologie en particuliers sont fondées sur le fait que les déterminants à l’action sont le fruit d’une histoire, d’une sédimentation d’expériences, transmises, distribuée à travers une catégorisation sociale, subissant un processus d’individuation, concernant un champ d’action et dans celui-ci un domaine de navigation.

Les sciences cognitives raisonnent l’individu comme une unité pourvu d’un appareillage d’outil d’aide au processus de décision dont il se sert dans un environnement concomitant et simultané de personnes et d’évènements.

Les sciences sociales s’occupent elles des habitudes d’action, des significations, des interprétations communes, des règles interpersonnelles qui nous régissent de l’extérieur et qui nous donnent une unité collective, une place sur l’échiquier relatif de nos différences puis de nos identités.

Les sciences sociales s’occupent des représentations du monde dont nous nous servons afin d’optimiser nos décisions, qu’elles nous soient « imposées » ou « le fruit d’une compétence de la décision ». Elles s’occupent des justifications, des rhétoriques que nous mettons en place afin de légitimer et d’excuser celles-ci de par leur capacité à produire de la contrainte sociale.

Les phénomènes descriptibles de nos organisations sociales et de notre vivre ensemble semblent répondre à une forme de constructivisme[44], c’est-à-dire qu’ils n’existent pas antérieurement et extérieurement au travail de description, de catégorisation et d’objectivation rendant la « chose vécue » objet de « réalité » puis de « vérité ».

La réalité est alors observée en « référence » à une description, à une catégorisation, elle se veut identifiant des déterminants, relevant des explications, des compréhensions, se heurtant à des intérêts, des concurrences, des luttes et des jalousies, interrogeant le pardon, l’excuse, la justification, la tolérance et la responsabilité.

Par exemple la famille meute qui devrait architecturer nos relations aux chiens mais aussi de façon larvaire, insidieuse et dégradante, l’organisation de la domination masculine au sein du social et de l’intime,  devient pour nombre de praticiens  normateurs[45], l’alpha et l’oméga de l’étalonnage de nos vies.

La question que permet l’observation de la construction du rapport entre homme/femme-chien n’est pas celle de la domination et de son établissement mais plutôt celle de l’ontologie du rapport ou du pléonasme rapport-domination. Toute situation, contexte, monde, champs ou système ne se réduit-il-pas dans sa modélisation à  une description du mécanisme d’établissement et de maintien de la domination d’un des acteurs et se posant est ce que toute relation en ne la décrivant que par les mots de la hiérarchisation, de la structure de domination,  par la numérisation et la chronologie, ne nourrissons pas  un mal social porteur des dysfonctions de « violence » et « d’atteinte » à la liberté.

Quels sont les maux sociaux, les dysfonctionnements, les pathologies sociales, les cancers et les maladies de la représentation qui nous amènent à ne pas partager le territoire de façon apaisée.

Le monde du chien et plus petitement la « balade » comme outil de sociabilisation, de socialisation, d’interaction en vue d’éducation, de rééducation, de thérapie comportementale et de thérapie de souffrance psychique pour le chien puis comme un dommage collatéral pour des humains nous offre le terrain d’exception d’observation du partage de territoire.

La réalité sociale et celle la cliniquement défend le fait que l’individu est social et individuel et par individus on parle du chien comme de l’homme/femme. Le chien dans sa fausse définition de race et de genre, l’homme/femme dans sa fausse définition de genre et de race mais dans sa vraie définition de croyance, de savoirs constitués sous forme de capital ou pas, d’apriori et de questionnements si ce n’est de doute ou de certitudes.

Les comportements dysfonctionnant au sein d’une « balade » sont des agressions, des paniques, des phobies, des peurs, des stress, des violences verbales, physiques, des interactions à l’environnement social extérieur à la balade, interhumaine, intra et inter espèces etc. Ces comportements sont nommés fait sociaux. Or la cognition identifie ou modélise des processus dits « universels » de détection, de traitement de l’information, de prise de décision, de mémorisation, de catégorisation, d’association d’idée afin d’adaptation à un environnement défini comme aléatoire.

Dans ce cadre, la cognition, processus de la prise de décision optimisée par apprentissage et transmission de savoir, devient un processus d’utilisation de règles préétablies que l’on nommera habitus ou culture pour les humains, stocks d’expérience pour les autres. La construction sociale et grégaire qui en est le moteur et le résultat englobe « la personne » qui devient alors ’une aptitude à assimiler et à créer les règles sociales qui régulent le groupe.

L’analyse sociologique est un point de vue déterminé, défini par le « voyeur », par ce qu’il cherche à voir, à démontrer. Ne dit – on pas dans le milieu médical, lors de l’établissement des batteries d’analyses, on ne trouve que ce que l’on cherche!

Sur quoi est  fondé le rapport à l’autre du voyeur dans sa quête explicative et justificative de son observation, des conclusions qu’il en tire et de son besoin de diffusion. Cela  peut sembler une outrecuidance ou un égotisme[46] parfait.

Comprendre ou identifier « la cause » répétitive, invariante, pré déterminante et donc soignable ( ?) du dysfonctionnement dans la mise en œuvre de l’inter-relation.

Doit-on remonter à la sélection  naturelle ou à toute autre explication fonctionnelle vitaliste pour expliquer des fonctionnements cognitifs et grégaires ou doit-on les constater pour en faire une base de départ à un raisonnement et à une modélisation facilitatrice de l’analyse et de la compréhension commune du vivre ensemble tout en respectant l’individu dans son autonomie et sa liberté de choix.

Car se pose toujours la question de la norme sociale et de sa règle fixant la limite « à ne pas dépasser ».

Selon Bourdieu, se maintenir au sein d’une structure sociale d‘appartenance avec ses codes, ses rites, ses apprentissages et ses initiations « électives » repose sur un travail « impensé » mais pas « irréfléchi » qui est le moteur « de l’action décisionnelle ». Comme pour Durkheim les faits sociaux sont des manières d’agir, donc  des « systèmes de décision » alimentés par  des processus ayant pour ressource  « la routine » et « l’analyse »  en tant que  compétence.

Trois figures majeures de la sociologie française

◊ Bruno Latour,

C.                 Anthropologue de la modernité

Que nous-est-il arrivé ? Et à quoi tenons-nous ? Voilà, brutalement posées, les questions qui guident l’épaisse (500 pages) et aride Enquête sur les modes d’existence (La Découverte, 2012) de Bruno Latour. Cette « anthropologie des modernes », comme l’indique le sous-titre, vient en quelque sorte clore plus de trente années passées à étudier les terrains les plus divers : la pratique scientifique (La Vie de laboratoire, 1979), les babouins, les objets techniques (Aramis ou l’Amour des techniques, 1992), la politique (Politiques de la nature, 1999), le droit (La Fabrique du droit, 2002). À travers ces enquêtes empiriques, le même constat : le travail de la raison est moins celui d’un esprit détaché qu’un effort de mobilisation d’alliés humains et non-humains (dans le cas de la science : des objets d’études, des tableaux statistiques, des collaborateurs, des financeurs, des institutions…) qui donnent leur force aux énoncés.

La perspective a souvent fait hurler au relativisme (ce dont B. Latour se défend vigoureusement, préférant parler de réalisme), mais l’évolution du monde a donné quelque crédit à cette vision. Prenez les controverses sur le changement climatique : où y placer la frontière entre nature et culture ? Entre science et politique ? Impossible : tout y est intriqué. Rien de surprenant pour B. Latour : il en a toujours été ainsi. Simplement, les catégories de la pensée moderne (les oppositions sujet/objet, nature/culture, science/politique, fait/valeur par exemple) nous empêchaient de le voir. Bref, le monde n’est plus ce que nous croyions qu’il était (mais qu’il n’a jamais été).

Mais alors, que faire ? C’est tout l’objet de ce dernier livre, sorte de bilan philosophique (B. Latour parle d’« anthropologie philosophique ») de toutes ces années de recherche : trouver de nouvelles manières de décrire les modes d’existence des différents « régimes de vérité » (la politique, la religion, la science, la technique…) à l’aune de «  l’histoire réelle – celle d’une intrication toujours plus intime et à des échelles toujours plus grandes des humains et des non-humains ».

Originalité supplémentaire, B. Latour compte, pour mener à bien cette tâche, s’appuyer sur ses lecteurs, qu’il invite à mener l’enquête avec lui grâce à un site Internet (www.modesofexistence.org/) associé au livre – ce dernier n’étant au fond qu’un « rapport provisoire ». À suivre, donc !

D.                ◊ Bernard Lahire,

E.                 un programme pour les sciences humaines

« Disposition + contexte = pratique. » Voici, résumé en une équation, le programme de recherche que Bernard Lahire, dans son dernier livre (Monde pluriel, Seuil, 2012), propose à la sociologie et, au-delà, à l’ensemble des sciences humaines et sociales. Autrement dit, il s’agirait de tenir ensemble, dans l’analyse de toute action, le poids des déterminations qui ont modelé nos façons de penser et d’agir (origine et trajectoire sociale, niveau d’éducation, pratique religieuse ou sportive…), et le contexte de l’action en cours, qui peut permettre ou entraver l’expression de ces dispositions – voire les transformer.

Évident, voire simpliste ? Pas tant que cela, faut-il croire, car le sociologue montre combien les sciences humaines contemporaines gomment aisément l’un des pans de l’analyse. Soit que, oubliant le contexte, toute action soit vue comme la répétition des mêmes « schémas mentaux et comportementaux » (ainsi parfois des travaux de Pierre Bourdieu et de ses élèves, ou de la psychanalyse). Soit que, s’intéressant à une situation présente, l’individu soit délesté de tout passé, comme si ses compétences étaient innées. L’économie néoclassique pose ainsi que les individus sont rationnels et calculateurs, mais ne se demandent jamais d’où lui viennent ces compétences pour raisonner et calculer…

Une équation qui résume bien la perspective tracée depuis une vingtaine d’années par B. Lahire, à travers des travaux empiriques sur l’éducation (La Raison des plus faibles, 1993), les pratiques culturelles (La Culture des individus, 2004), les écrivains (La Condition littéraire, 2004)… Perspective dont la fécondité et l’originalité lui ont valu de recevoir cette année la médaille d’argent du CNRS. Ce qu’il pourra également prendre comme un encouragement à continuer son combat contre l’hyperspécialisation en sciences humaines, qu’il s’agisse du morcellement de la sociologie en sous-domaines autonomes (sociologie de la famille, de l’éducation, des médias…) ou bien du manque d’intérêt pour les autres disciplines. B. Lahire poursuit, à l’instar du grand Norbert Elias, l’ambition d’une science sociale unifiée, étendant sa curiosité des méandres du psychisme aux structures sociales du passé ou du présent. Un rêve d’un autre temps ?

F.                 ◊ Luc Boltanski,

G.                sociologue vadrouilleur

Cela fait incontestablement partie de son charme : à 72 ans, et bientôt cinquante ans de recherche derrière lui, Luc Boltanski a su rester imprévisible. Ex-disciple de Pierre Bourdieu, il avait contribué à renouveler la sociologie française en mettant au centre de ses investigations les capacités critiques des individus (De la justification, 1991). Après Le Nouvel Esprit du capitalisme (avec Eve Chiappello, 1999), qui avait marqué par l’ambition et l’originalité de son analyse, le sociologue avait déjà dérouté en consacrant un imposant opus à l’épineuse question de l’avortement (La Condition fœtale, 2004).

En 2012, L. Boltanski a à nouveau pris la tangente avec Énigmes et complots (Gallimard), un essai qui se veut l’application des analyses plus théoriques présentées dans De la critique (2009). Point de départ de cette « enquête à propos d’enquêtes » : l’apparition conco-mitante, à la fin du XIXe siècle, du roman policier et du personnage du détective, de la sociologie et, en psychiatrie, d’une nouvelle pathologie – la paranoïa. Le point commun à ces trois ordres de faits : la mise en doute de la représentation « officielle » du monde, et la volonté d’enquêter sur les causes réelles – mais cachées – des événements. Le sociologue y voit là une réponse à l’édification des États-nations, qui tentent d’ordonner la réalité (figer des groupes, délimiter un territoire, encadrer une population) tout en étant débordés par des flux économiques qui se rient des frontières. La question ne manque alors de se poser : mais qui détient vraiment le pouvoir ?

Une analyse historique qui ne se veut cependant pas déconnectée du présent. Marqué par l’affaire de Tarnac (Julien Coupat, qui fut son élève, est devenu un « ami »), L. Boltanski entend rappeler que la floraison contemporaine des « théories du complot » (et leur rituelle dénonciation) ne prend sens qu’à l’aune de l’opacité que l’État et les institutions continuent d’entretenir sur leur propre fonctionnement. D’où l’appel du sociologue, retrouvant un terrain familier, à une relance de la critique, car « si l’on veut restaurer la croyance dans la démocratie, il faut défendre la cause de la critique ». Comme quoi, sous ses airs de vadrouilleur, L. Boltanski sait parfaitement où il va.

H.                Le cognitivisme

Ontogénèse des comportements. Établissement des liaisons sensori-motrices au cours de la genèse de l'organisme et de la croissance (d'apr. Lar. encyclop. Suppl. 1975).présente la cognition comme s’étendant à toutes les formes de la connaissance, la façon de l’élaborer et de s’en servir.

Il y est décrit 5 aspects délimitant la science cognitive.

1° la nécessité de raisonner à partir des représentations mentales et de proposer un niveau d’analyse distinct, d’une part le domaine biologique et neurologique et d’autre part le domaine sociologique et culturel.

2° l’ordinateur est le modèle le plus « viable » du fonctionnement de l’esprit humain.

3° il faut s’abstraire de l’influence des facteurs affectifs ou émotionnels, historiques et culturels et de celui du contexte dans lequel des actions et des pensées se produisent, c’est-à-dire privilégier et s’entraîner à une stricte observation des actes dans leur dimension formelle. (Naturalisation de l’observation)

4°l’importance des recherches interdisciplinaires.

5° l’ensemble des questions des épistémologues du courant philosophique occidental constitue un élément clés de la science cognitive.

1.                 Le béhaviorisme et ses diktats

Les behavioristes défendent deux postulats de travail liés à la scientificité recherchée du cognitivisme  que l’on pourrait appeler le contre sens épistémologique de la capacité à l’observation et à la mesure ou la naturalisation[47] supposée de l’esprit.

  • Employer des méthodes d’observation, utilisables et quantifiables.

Pas de ruminations privées, subjectives ou d’introspection.

Donc éviter les sujets tels que l’esprit, la pensée, l’imagination et les concepts tels que les  projets, le désir ou l’intention.

Ne pas admettre les constructions mentales hypothétiques comme les symboles, les idées, les schémas ou d’autres formes de représentation mentale.

  • la suprématie de l’environnement et de sa contingence comme élément moteur du comportement. On ne considère pas les individus (par précision et extension qualifiés de supérieur ou d’inférieur par référence à leur capacité « intellectuelle ») comme agissant selon leurs propres idées, volonté, intention ou par des tendances structurantes autonomes, construites (avec l’ambiguïté de la frontière entre ma propre construction réflexive et le formatage culturel ou historique de mon système de valeur et de pensée) mais assujettis  à ne réagir sous le précepte « chat échaudé craint l’eau froide…tiède…chaude ! en général il craint. »

Par des dispositifs explicatifs précis de conditionnement et de renforcement, le béhaviorisme propose une explication sur le « façonnage » et « l’apprentissage » de tout type de comportement.

L’apparence des succès dans le monde animal des explications comportementales comme le fruit de chaînes associatives entre un stimulus et une réponse conforte l’image de l’animal comme une   mécanique douée d’une capacité de complications finie.  L’humain est  alors son horloger dont la compétence se mesure à sa capacité à construire un nombre élevé de complications sous la forme Stimuli-Réponse-Renforcement. Les formes comportementales obtenues font ignorer la notion de complexité qui nourrit les questions sur la nature du langage, la notion de projet, l’intention, l’imagination, le sentiment, la créativité etc. En tant que forme attribuée à l’animal, l’image comportementale obtenue sous prétexte de simplicité

Si Pavlov[48], Skinner[49], Thorndike[50], Watson[51]

I.                   la communication

J.                   La relation

Toute relation entre deux systèmes vivants peut s’envisager sous la forme d’un problème de communication et de cognition. Pour la communication nous  partirons du modèle simple de « Shannon » dit du télégraphe qui envisage la modélisation à partir d’une interrelation binaire interindividuelle, pour ensuite aborder deux autres modèles, celui du chef d’orchestre et sa baguette invisible puis celui du rhizome avec ses nombreuses interconnections et ses chambres d’écho. Pour la cognition, nous partirons de la définition qui pose la question de la nature du savoir, ses composantes, ses sources, son développement, son essor[52] (l’accumulation des savoirs, leur mémorisation afin d’initiation) mais aussi son utilisation. Dans le cas restreint de la relation homme-chien nous définirons comme cognition qu’une partie liée à la prise de décision optimum.

Pour justifier nos points de vue et construire notre propre épistémologie relative nous lierons l’utilisation à un but. Celui choisi est le partage de territoire de façon apaisée dont la définition pourrait être dans un premier temps qu’il permet la libre circulation et la sécurité[53] des systèmes vivant le partageant, sans peur que tout homme marchent sans dommage et par extension tout chien, tout animal etc.

1.                 Le couple homme-chien et le modèle de « Shannon »

Source de Bruit

La première observation que l’on peut faire est que le système homme-chien est composé d’un « homme » et d’un « chien ». Ceci se traduit dans le schéma simple du « télégraphiste de Shannon » par une distribution de rôles émetteur – récepteur réversibles suivant le « moment ».

CHIEN Récepteur
INFO
Destination
Signal émis
Signal reçu
message
message

La réponse à la nécessaire définition de « l’homme » et du « chien » dans ce contexte peut s’élaborer de façon suffisante  par l’identification de leurs dissemblances et de leurs complémentarités dans leur façon de construire, à partir de leur point de vue constitutif, leur vision du « monde » et dans leur capacité à l’utiliser.

Dissemblances et complémentarités  sont nourries par les sensibilités différentes de leurs modes de captation et d’interprétation, par la variété et l’étendue de leur mode de  communication émettrice et réceptrice et par leur capacité à partager et mettre en commun ces « visions du monde simultanées ». L’usage et la pertinence de la communication, de l’échange d’informations, ne prévaut que par la capacité qu’a le système homme-chien à réaliser la mise en commun de ses interprétations en vue de construire une coordination commune « face à l’évènement ».

Ce qui définira le système homme chien à ce moment-là est l’organisation de ses modes d’interprétation, d’orientation et de pilotage de l’action, la répartition des tâches, l’acceptation et la répartition des  rôles, les responsabilités distribuées et assumées, la qualité des transmissions internes et externes et «son style ».  En effet c’est suivant la réalisation et l’efficience de cette sommation, la prise en charge et en compte ou cette mise en compétition des points de vue que le système homme-chien s’établit et se pérennise.

S’il sert de caractériser les éléments homme-chien de façon individualisée, c’est à travers  l’observation du fonctionnement de leur interaction, dans leurs stratégies individuelles et collectives d’adaptation, dans le niveau d’autonomie et de complémentarité mis en œuvre que nous trouverons les degrés et les enjeux du rééquilibrage comportemental.

2.                 Le contrat de grégarité caractérisation de la relation

a)                Le champ du contrat

  • Le partage de territoire « sociale » ou « grégaire » dans sa dimension neutre[54] et non intime.
  • Sans enjeu de "possession" ou de « conquête » que cela soit dans son étendue, sa composition et leur distribution.
  • Il sera défini comme neutre parce que
    • sans facteurs explicatifs des interrelations s’y déroulant fondés sur la distinction ou pire sur la discrimination par la forme et le genre.
    • Sans enjeu hiérarchique structurel ou d’image mais situationnel hors ajustement mutuel.
    • nous y traiterons l’interrelation sous formes d’échanges « d’informations ». Information qui est par essence neutre.
    • Par définition l’information est productrice de coordination, d’ajustement.
    • Par définition est information ce qui produit une baisse du niveau d’incertitude.
  • La territorialité a deux types de fonctions majeures. Celle à fonction alimentaire et celle à fonction sexuelle. Une territorialité neutre est celle ou ces deux fonctions sont absentes.
  • Par contre les fonctions d’appariement et d’élevage y sont admises. (Hinde)
    • Comme exemple de territoire neutre, la salle d’attente du médecin, le train, la rue, l’arrêt de bus etc. le restaurant, lieu de proximité de partage de repas de façon distribuée, individualisée est un lieu neutre sujet à une ritualisation normative, le service. Lieu neutre parce que lieu de distribution de rôles, de règles de socialisation, mais non de hiérarchisation de coordination autre que de limitation d’exclusion.
    • L'habitat est un lieu neutre assujetti à des règles et rites domestiques. Il s’y joue à proximité pour les humains deux temps, celui de la sexualité et de la déjection-ingestion que nous qualifierons de temps d'intimité ou hors champs. Idem pour le chien quoique la sexualité des chiens s’y réalise de façon plus rare.
  • Lieux neutres ne signifient pas lieux sans règle ou absence de règles. Au contraire, est lieu neutre un lieu où il y a existence de règles communes. (L'exemple parfait de lieu neutre est celui de la route et de son code).  Elles peuvent être invisibles (normes sociales de bienséances, de tenue, de civilités) ou édictées par des identités domestiques. Elles touchent par exemple l'organisation de la distribution de l'habitat que ce soit en termes de "géographie" mais non de responsabilité ni de rôle suivant les moments et les contextes car chacun doit « prendre ses responsabilités » pour partager le territoire de façon apaisée.
  • Ce sont les lieux et les temps de la socialité et de la grégarité dans lesquels la capacité à accepter la limite, la coordination "réciproque" assurent la pérennité des systèmes sociaux et grégaires s'y partageant les territoires.

b)                Le domaine du contrat

Son domaine est celui de :

  • L’adaptation à son environnement
    • L’observation de son environnement
    • L’analyse de l’environnement
    • la communication qui s’y déroulera
    • les interrelations qui en découleront.
    • La coordination et l’ajustement mutuel qui en découleront.

c)                 Les acteurs

  • Sur qui cela agit-il ?
  • Le chien
  • L’homme
  • Pour le chien nous aurions pu dire le dalmatien, le cocker etc. La détermination du comportement avec la race comme lien de causalité n’a pas lieu d’être.
  • Traverser au passage clouté, que cela soit en capacité de le faire, en apprentissage ou en réalisation n’a pas de lien avec la « race » ou la forme du chien ou de l’humain.
  • Malgré qu’elle soit répandue et généralisée chez les « experts » technicistes tel que les vétérinaires et les éducateurs, de tels propos comportent une réelle dangerosité quant à la représentation qu’elle donne du monde et des façons de s’y comporter.
  • Pour l’homme, c’est le sens générique et non le sens masculin.
  • Nous aurions pu dire pour l’arabe, le rom, le juif, le pédé ou l’homosexuel etc. c’est choquant mais en fait c’est le discours ambiant du moment. Lorsque certains se réclament d’appeler un chien, un chien et un chat, un chat, on mesure l’extrême perversité à utiliser un langage racial quelques soient les circonstances. D’autant  que la réémergence du  discours de discrimination se fait au nom d’un parler vrai, d’une décomplexion[55], sous prétexte de faire sauter les tabous et réduire la « réalité » à des sophismes[56] ou paralogismes nauséeux.
  • Utiliser un langage de classe, est-il du même acabit ? l’habitus cher à Bourdieu est-il une explication, une constatation ou un fait inachevé d’une domination figée.
  • Les deux, homme, chien, seront considérés comme des personnes, c’est-à-dire être construisant leur décisions à partir de l’interprétation, l’intention, la stratégie ou finalité, ressentant des émotions, des sentiments et ayant la capacité de les exprimer.
  • Tous les sociologues, quel que soit le paradigme qu’ils défendent, cherchent à rendre compte de la capacité qu’ont les individus à s’associer et à créer des réseaux, d’accumuler ou de capter des ressources en dépossédant d’autres individus. Ils s’interrogent sur les conditions de production et de transmission de la croyance ainsi que sur les processus par lesquels les institutions et les formes d’organisation symbolique adviennent, se stabilisent et disparaissent. Fabiani Jean Louis
  • La méthode ADPP se contente, à travers le rapport du chien et de l’homme, de proposer une modélisation permettant de décrire les mécanismes interactionnels de construction des capacités des « personnes » à s’associer et à créer des réseaux. A travers ses enjeux, elle propose l’identification des compétences requises pour les mises en œuvre des interrelations dans le but de partage de territoire de façon apaisée.
    • Les moyens de ce partage sont :
      • Le respect de l’autonomie
      • La construction de la capacité de tolérance de chacun
      • La prise en compte de l’intentionnalité de l’être
      • La guidance de l’autre
        • Accepter de guider
        • Accepter d’être guider
      • La responsabilité partagée
      • Le constructivisme de la relation et de ses parties
      • L’analyse cognitive de la prise de décision
        • La modélisation processus de la prise de décision
        • Accepter la limite processus de la prise de décision
      • La communication
        • Emotionnelle

La théorie de Plutchik concernant les émotions est la suivante :

  1.   –   Le concept d’émotion est applicable à tous les animaux y compris les humains quelque soit le niveau d’évolution
  2.   –   Il y a une évolution des émotions et cette évolution varie suivant les différentes espèces
  3.   –   Les émotions jouent un rôle adaptatif en aidant les organismes à gérer des problématiques clés de survie générées par l’environnement
  4.   –   Même s’il y a différentes formes d’expression des émotions dans les différentes espèces, il n’en reste pas moins qu’il existe des éléments communs (ou modèles de base) qui peuvent être identifiés.
  5.   –   Il n’y a qu’un petite nombre d’émotions basiques (autrement appelées primaires ou protoptypes)
  6.   –   Toutes les autres émotions sont des états mixtes ou dérivés. Ceci signifie qu’elles sont des combinaisons, des mélanges d’émotions primaires.
  7.   –   Les émotions primaires sont des constructions hypothétiques ou des états idéalisés dont les propriétés et caractéristiques ne peuvent être induites que par des évidences.
  8.   –   Les émotions primaires peuvent être conceptualisées sous forme de paires ou d’opposé polaires.(joie / tristesse – colère / peur – confiance / dégoût – surprise / anticipation)
  9.   –   Toutes les émotions varient dans leur degré de similarité entre elles
  10.   –   Chaque émotion peut exister à des degrés différents d’intensité ou à des niveaux différents d’expression.
  • La tempérance
  • La frustration
  • L’humilité du plaisir partagé.

Mais au fait qu’apporte ce qui précède ? A-t-on défini le chien et l’homme dans leurs capacités divergentes ou leurs « différences » ? Y-at-il dans ce qui précède une quelconque qualification qui justifie le mécanisme de grégarité dans sa mise en œuvre possible et dans son intérêt ?

d)                L’enjeu du contrat

  • Sur quoi cela agit-il ?
  • L’échange d’informations
  • L’initialisation de la relation
  • L’initiation à la prise de décision partagée
  • La coordination mutuelle
  • Le mouvement réciproque
  • A qui cela sert-il ?
  • Aux chiens
  • Aux hommes
  • A l’environnement
  • A quoi cela sert-il ?
  • Etre libre de ses mouvements
  • Se mettre en sécurité
  • S’adapter
  • Vivre côte à côte

e)                L’objectif

  • Le partage de territoire de façon apaisée.
    • En sécurité physique et psychique.
    • Liberté de déplacement, sans entrave.
  • Afin de pouvoir développer sa capacité de curiosité, d’exploration, d’imagination, de création et de contemplation.

3.                 L’analyse fonctionnelle et les contraintes du contrat.

a)                LA COGNITION ET L’APPROCHE  PROCESSUS

Le contrat se réalise dans sa pratique et sa pragmatique[57] au travers des quatre phases du processus de prise de décision O O D A.

La fonction principale du contrat est de renforcer la complétude[58] que j’ai de la situation.

Nous avons 5 sens qui sont autant de capteurs qui nous permettent d’appréhender ce que nous appelons la réalité de la situation. Chacun des sens de par ses capacités discriminantes propres, de par sa position et son orientation embrasse un champ.

Par exemple pour l’homme :

Si nous prenons le chien et l’homme leur champ de vision est différent de par leur structure.

Mais ce qui nous intéresse

Contrat de grégarité
Chien
Environnement social
Homme
Territoires
Meubles
Evènement

Le contrat de grégarité s’établit à travers les étapes OODA de l’action d’ajustement liée à la situation et justifie l’intérêt d’être tissé par le fait qu’il renforce la complétude de vue de la situation et limite ainsi le risque d’une mauvaise décision par manque d’informations et d’analyses pertinentes.

Les étapes des processus cognitifs de la prise de décision OODA

  • Observation (afflux d’informations-filtre-mise en parallèle dans « les mémoires »- interrogation)
  • Orientation (arrêt-référencement – interprétation)
  • Décision (construction de la réponse-tentative-analyse-tentative)
  • Action

sont communes aux systèmes vivants que sont l’homme et le chien. C’est dans l’interface et la réalisation de ces étapes que se joue l’étiologie de nombre de pathologies comportementales.

  1. Partage de point de vue.
  2. Sommation des points de vue afin de prise en compte de la complétude de la situation.
  3. Interprétation individuelle et collective.
  4. Décision de coordination.
  5. La coordination efficace.

Une des causes des dysfonctions comportementales est due à une sur interprétation de ce que « l’autre » pense et se représente de l’évènement.

La communication définie comme « mécanisme médiateur » entre deux individus est le moteur de toute coordination d’ajustement mutuel à une situation.

La communication « sorte de messager entre deux individus qui ne peuvent s’atteindre[59] » influencée par la théorie de l’information pose comme principe que l’émetteur code, le récepteur décode et que le message transmis est information en tant que réduction de l’incertitude ou bruit en tant qu’accroissement de l’incertitude.

Toute interaction a pour but une adaptation collective, l’information est réductrice d’incertitude si elle permet d’ajuster et de faire partager la représentation d’un évènement et si elle déclenche la coordination nécessaire réductrice elle-même d’incertitude et d’insécurité.

K.                 Les hommes et les chiens

1.                 Le contrat de grégarité

Un système composé d’homme(s) et de chien(s) se réalise dans des moments sociaux de vie et des moments intimes de vie. Voilà un objet complexe qui implique d’être défini à partir d’un postulat ontologique de la relation à l’autre: le contrat de grégarité.

a)                Champs du contrat de grégarité

1° le contrat de grégarité est dans  un premier temps traité dans le champ de la relation homme-chien et plus restrictivement dans la relation « maître-chien ».

2° Le domaine du contrat sera celui du partage de territoire

3° Son but étant l’adaptation  aux évènements

(1)             Représentations
  • Un système composé
maître
chien

La première partie de l’équation concerne deux systèmes indépendants qui, en se sommant, deviennent un système autonome constitué de deux sous-système dépendants.

En tant que système indépendant, ils se définissent par leur capacité d’apprentissage, de mémorisation, d’adaptation, de stabilisation. Ils ont des objectifs de

b)                Les éléments du contrat

Par convention préalable et limitative dans un but de simplifier le problème et la façon de le poser nous considèrerons comme élément le couple chien-« maître » en  tant que système constitué.

Le mot maître qui a de nombreuses acceptions est utilisé non comme définition structurante mais comme convention de langage afin de caractériser l’homme « propriétaire » en rapport avec le chien « propriété ».

L’adaptation aux autres concerne le système « maître-chien ».

L’essence phénoménologique de tout comportement : curiosité, sécurité, sexualité. (Husserl), perception (Merleau Ponty) et initiation (l’homme est un animal apprenant et enseignant comme le chien) sont aussi commun.

Le contrat s’inscrit dans le champ du partage de territoire et concerne la sécurisation, la curiosité ou l’exploration « du monde », la perception et l’initiation.

La méthode porte donc sur la sociabilité (aptitude) et la socialisation (norme) du rapport.

Si les sciences sociales et les sciences cognitives partagent le même champ explicatif des sciences de l’esprit, elles en ont apriori une approche divergente.

L.                  Du point de vue du cognitivisme

Partons du principe que cognitivisme et fonctionnement de l’esprit sont synonymes.

Le cognitivisme c’est accepté l'existence de processus internes non observables d’intégration de l'information extraite de l'environnement afin de décision et d’action.

Prendre en compte les dysfonctions dans la réalisation de ces processus est un des dispositifs explicatifs des comportements humains et animaliers. Le principe de processus ou chaîne d’actions implique la possibilité de modéliser  le processus de prise de décision sous forme  de chronologie d’actions de traitement, d’aptitude, de capacités et de règles d’aide à la décision, de flux d’échange d’informations.

Ceci implique une approche clinique fondée sur l’instantanéité, l’observation des mécanismes cognitifs mis en œuvre en dehors de toute forme d’interprétation structurelle sociale ou grégaire[60] afin de renforcer une aptitude à la communication, la prise de décision et la mémorisation en vue d’adaptation.

A l’opposé et pourtant dans le même champ des sciences explicatives de « la prise de décision individuelle ou collective » se trouvent  les sciences sociales[61] dont l’éthologie et leur explication déterministe et historique (fruit d’une histoire vécue ou apprise).

Dans la mise en œuvre du comportement il existe une sociologie non pas en opposition par une réduction de « l’esprit individuel » à une construction sociale déterminante mais en complément par une mise en perspective des stratégies de défense et d’évitement de l’utilisation des outils de la « pensée » dans la construction de l’autonomie et  du libre arbitre dans la relation à l’autre et une éthologie dans l’acceptation de la construction de la relation et du rapport en dehors de prédéterminismes « naturels ».

  • tentons une expérience analogique au monde du chien.
  1. Un monde de sons

Nous sommes nous, immergé dans une assemblée de « chinois » vociférant, éructant, faisant un bruit « fou » car incompréhensible. Nous sommes un chien dans un jeu de « chinois » et à tout hasard ils sont 150 à émettre « ce que je crois être des cris, des braillements ».

Tout d’un coup dans ce galimatias de notes discordantes et désagréables pour moi, je perçois 6 phonèmes qui me semblent par leur familiarité, changer le bruit en information.

Pétrole, amour,  CAC 40.

Non par amour des mots mais parce que c’est ainsi « je me rapproche de la source ». L’entente de ces phonèmes qui de par leur structure familière ont transformé un bruit en information ont provoqué un déplacement vers la source, une coordination entre l’émetteur qui est dans ce cas précis plus près de canons de beauté d’un sumo édenté et à l’haleine chargée et moi. (ceci pour bien faire comprendre qu’il n’y a aucune autre force en jeu dans notre rapprochement que celle de l’émergence d’une forme d’information dans un environnement de bruit.

Ceci nous permet d’édicter une première loi socio cognitive :

L’émergence d’information même sans sens provoque un mouvement de coordination du récepteur vis-à-vis de l’émetteur.

III.              L’enjeu des balades

A.                 Les pathologies comportementales du point de vue « vétérinaire »

1.                  Elles concernent dans la nosologie comportementale « vétérinaire » (Pageat) :

  • Troubles de l’homéostasie sensorielle
    • Syndrome de privation sensorielle
    • Hyper sensibilité - Hyperactivité,
  • Troubles du développement des conduites sociales
    • Dépression de détachement
    • Anxiété de séparation
    • Dyssocialisation primaire
    • Imprégnation hétéro spécifique
    • Troubles anxieux de l’enfance te de l’adolescence
    • Enurésie des jeunes chiens au travail
  • Troubles thymiques de l’enfance et l’adolescence
    • Dépressions réactionnelles du chiot
    • Syndromes dissociatif chez le chien
  • Troubles comportementaux associés à une affection somatique
    • Syndrome d’ agressivité réactionnelle des états algiques
    • Eidolies hallucinatoires des chiens atteints de dystrophie des photorécepteurs
    • Troubles comportementaux d’origine toxique ou médicamenteux
  • Troubles du comportement social chez l’adulte
    • Trouble de la communication
      • Anxiété de déritualisation
      • Ritualisation de conduites induites par une affection organique : syndrome du chien simulateur
    • Troubles spécifiques de l’interaction sociale
      • phobie sociales
      • trouble de l’organisation hiérarchique
      • sociopathies dans les effectifs canins
      • sociopathie dans les groupes homme-chien
    • Troubles anxieux chez l’adulte
      • Phobie
      • Anxiété
    • Troubles thymiques
      • Troubles dépressifs de l’adulte
        • Dépression réactionnelle
        • Dépression chronique
        • Syndrome d’hyper attachement de l‘adulte
        • Dépression dissociante du basset hound
      • Troubles dysthymiques de l’adulte
        • Dysthymie unipolaire de l’adulte
        • Dysthymie bipolaire chez l’adulte
        • Dysthymie du coker spaniel
      • Troubles des conduites sociales hyper agressivité du vieux chien
      • Troubles cognitifs du vieux chien
        • Syndrome confusionnel
        • Trouble thymique du vieux chien
          • Dépression d’involution
          • Dysthymie du vieux chien

2.                 Dont les symptômes

  • Stress
  • Addictions
  • Phobies
  • Agressivité
  • Fixation
  • Absence d’autocontrôle
    • Perte de sommeil hypersomnie
    • Perte d’appétit
    • Boulimie
    • Dépression
    • Anxiété chronique
    • Agressivité inter et intra spécifiques
    • Dis socialisation
    • Syndrome d’abandon et de séparation, fugue
    • Comportements gênants (destruction de lieu, aboiement chronique etc..)
    • Absence de coordination
    • Comportements « auto destructeurs »

B.                 Cognitif collectif et individuel

Les balades sont un outil de construction des systèmes de communication homme-chien nécessaires à l’adaptation au milieu. Outil  d’éducation, de rééducation, d’apprentissage des différents modes de communication en vue d’une meilleure coordination servant l’adaptation des systèmes hommes chiens à leur environnement, elles en sont l’outil pédagogique et un des outils thérapeutiques pour les chiens et leur maîtres dans le but de –partager des territoires de façon apaisée-  assurant la sécurité et le bien-être de tous. (Éthologie et sociologie cognitive clinique)

On y traite les dysfonctions  comportementales vécues, interprétées, décrites et identifiées comme étant systématiquement le fruit d’une erreur de prise décision soit par un des acteurs soit par les acteurs du « moment » de la scène, observateur et analyste compris.

Leur étiologie concerne les capacités cognitives du « couple homme-chien » dans leur individualité, leur temporalité, dans leur distributivité et leur dimension du collectif.  Elle concerne donc le processus de prise de décision et de l’action que l’on a décrit sous forme de phases organisées en boucle par convention de façon syncrétique : OODA[62]

Partant du postulat que toute dysfonction comportementale est le fruit d’une déficience des processus de décision, nous les catégoriserons en deux grandes familles de causes, la première dite capacitaire, la seconde dite de compétence.

Elles concernent les fonctions intellectuelles qui peuvent se catégoriser en fonctions réceptives, expressives, de mémorisation et de pensée.

a)          La famille capacitaire ou fonctions intellectuelles

1-les fonctions réceptives permettent l'acquisition, le traitement, la classification et l'intégration de l'information;

2-la mémoire et l'apprentissage permettant le stockage et le rappel de l'information;

3-la pensée ou le raisonnement concernant l'organisation et la réorganisation mentales de l'information;

4-les fonctions expressives permettant la communication ou l'action.

Source:

(Tiré de Terminologie de neuropsychologie et de neurologie du comportement. Recherche et réd. Louise Bérubé., c1991., 176 p. Reproduit avec la permission de Les Éditions de la Chenelière Inc., p. 7)

Synonymes ou quasi-synonymes ou apparentés: ou fonctions intellectuelles

  • Elles concernent les fonctions cognitives de mises en œuvre individuelles lors des processus de la prise de décision et de l’action.
  • les « filtres » d’informations permettant de trier et hiérarchiser,
  • les capacités d’observation et de concentration,
  • Les capacités de mise en éveil et d’attention
  • les  traitements d’interprétation et de référencement,
  • les processus d’interruption et de frustration
  • Les processus d’apprentissage et de passage à l’acte (première fois)
  • Les processus de mémorisation.
  • Les processus de raisonnement

b)          La famille compétence – utilisation -  construction de l’interrelation

Elles concernent :

  1. La prise de parole
  2. Le processus de prise de décision OODA
  3. Les fonctions de tolérance aux autres
  4. Les fonctions de « frustrations »  (fonctions qui permettent la vie en société)
  5. Les fonctions d’autocontrôle et disruptives

C.                 La clinique

  1. On y traite les pathologies par rééquilibrage des systèmes de communication inter et intra spécifiques,
    • Par déconstruction
      1. Des stratégies d’adaptation du chien non reliées à son maître
      2. Des communications émotionnelles et comportementales non désirées par des réponses paradoxales, inattendues et déstabilisatrices quant à l’interprétation du signal émis[63].
  • La commentarisation[64] de la vie
  • Par construction du contrat de grégarité[65] ou la coordination par influence partagée.
  1. La communication sur l’intention par la guidance
  2. Les apprentissages et les briques élémentaires et leur corollaire les « micros progrès »
  • La construction de l’interrelation sûre par cumul d’expériences positives
  1. Le renforcement « complice »
  2. Le plaisir partagé du « faire œuvre commune »
  3. soit  de façon indépendante  soit en co-thérapie  avec  des traitements définis par votre vétérinaire ou un vétérinaire  comportementaliste pour traiter les pathologies comportementales
  4. On y travaille les communications inter et intra spécifique (sociologie et éthologie cognitive clinique) fondée sur la guidance et le renforcement de l’intention
    • Comment produire de l’information au lieu de bruit
    • La communication posturale et les communications paradoxales (double contraintes)
    • Captation et interprétation
    • La guidance ou la communication sur l’intention
    • La contextualisation et le commentaire
    • La production de sens et la communication émotionnelle
    • La communication de  renforcement, de validation et de construction de la relation
    • La communication de niveau un et deux et la méta communication
  5. Nous pratiquons 11 modes d’apprentissage (éthologie et psychologie cognitive)
    • La déconstruction
    • La prise de parole
    • La guidance
    • La prise de conscience
    • Le mimétisme
    • L’apprentissage opérant
    • les micros progrès, concept de brique élémentaire d’apprentissage d’une séquence comportementale de coordination de mouvement, renforçant mémorisation immédiate et mémorisation profonde
    • la guidance fondement d’un apprentissage à un langage partagé et partageable avec le chien
    • les apprentissages aux raisonnements par destination (heuristique de la rupture)
    • les apprentissages de tolérance et d’adaptation aux « évènements », (socialité et grégarité)
    • les apprentissages au référencement croisé en vue d’interprétation
  6. On ne pratique pas et déconseillons formellement, (éthologie cognitive) modélisation des activités à spectres étroits.
    • les activités à spectres étroits (jeu de balle etc)
    • Les activités aliénantes ou provoquant l’absence de prise de conscience de l’apprentissage (récompense par excitation, jeux de balle etc.)
    • La vitesse la précipitation
    • Les motivations par la gourmandise
    • La marchandisation et la mécanisation de la relation
    • Les conditionnements

Nous préconisons l’interdiction des pratiques et activités à point fixe et les activités à spectre « étroit » qui provoquent les mêmes mécanismes d addictions que l’alcool et les drogues tel  la cocaïne pour les humains, ceci  pour les chiens (sociologie et éthologie clinique)

interditLibre
· Jeux de balles,  lancer à la main       Jeu de ballon au pied (foot)
· Bâtons·         pistage
· Les cordes·         actvité de passage
·         Les excitations à la prise·         Agility  naturelle sans enjeu de temps de réaction
· Les os mous·         Les portés etc
··         Les jeux de rôle (zorro, belle et sébastien etc ..)
  1. Nous déconseillons les activités à capacité de transposition ou qui renforce la probabilité  des passages à l’acte de morsure (clinique).
    • Jouet à mâchouiller
    • Balle de tennis
    • Pouic pouic
    • Les mâchouillages et dégniapages  autres que ceux réalisés sur de l’alimentaire (os cru)
  2. Nous condamnons comme non scientifiques  toutes les interprétations comportementales trouvant leur justification autour des contre sens épistémologiques que sont : (éthologie et sociologie cognitive, constructivisme)
  • La famille meute
  • L’analogie au loup
  • la structure hiérarchique figée
  • la structure domination soumission
  • les races de chien
  • le genre de chien et de personne
  1. Nous démontrons et illustrons par nos pratiques  nos capacités d’interprétations autours des paradigmes suivant (sociologie éthologie cognitive)
  • la situation (champs et contextualisation de l’interrelation)
  • la communication (niveau de communication) système d’influence et de contextualisation
  • les structures neutres (sans hiérarchie mais pas sans règles ex : transhumances, salles d’attente, la route)
  • temps social et temps intime
  • Systémique et théorie générale des systèmes, homéostasie, la rétroaction, capacité d’adaptation, de stabilisation, capacité d’apprentissage, rétroaction
  • le contrat de grégarité
  • la complétude de point de vue
  • la hiérarchie situationnelle
  • la différence entre information et  bruit (la communication émotionnelle)
  • le partage de territoire et les fonctions de coordination
  • l’approche probabiliste de l’action et de l’évènement
  • le temps et son écoulement comme outil de « raison »
  • la transversalité, la complexité, le réseau social
  1. nous traitons l’impossibilité des personnes à communiquer, leur frein à la communication et à la prise de parole pertinente et significative par la mise en valeur et la prise de conscience  autour des mondes de justification de l’action,   de l’organisation et de l’utilisation  des contre sens épistémologique des représentations concernant les 6 champs de l’expérience sociale que sont  (sociologie cognitive).
  • le plaisir et ses confusions
  • le temps et ses précipitations
  • le pouvoir et l’autorité
  • la responsabilité et la prise en compte de la place de l’autre
  • l’image et le spectacle de soi
  • la confiance, son don et sa construction

IV.             Observations

Les points 4 5 6 et 7 étant des pragmatiques critiques à très fort potentiel de dysfonctions comportementales et de chiens à risque.

A travers l’apprentissage partagé  d’une communication ayant pour but de construire une relation de complémentarité et de coopération entre l’homme et le chien, nous mettrons en place un système qui en devenant signifiant permettra de rééquilibrer le chien et son partenaire individuellement et collectivement.

Pour cela les balades sont un lieu d’échange convivial, souriant et très bienveillant, un lieu de liberté, d’échange et d’expérience. Familial, les balades sont un moment où chacun, hommes et chiens se construisent dans la relation à l’autre.

Humour indispensable, dans un lieu toujours ouvert aux autres, les balades ont lieu le samedi après-midi et le dimanche matin. Des chiens non dangereux, parce qu’autonomes et tolérants sont une construction dont les balades sont les échafaudages.

0685717194 Antoine Prunetti cabinet ADPP.

[1] La méthode ADPP est une méthode préconisant la co-thérapie et la collaboration avec les vétérinaires et les vétérinaires comportementalistes en charge des pathologies du comportement du chien. Elle se veut une approche complémentaire, concourante et  concomitante.

[2] que l’on nommera distincts dans un premier temps mais que nous pourrions relier dans la pratique en introduisant le concept de d’information et de processus cognitifs, comme des outils « chirurgicaux réparateurs » dans certaines conditions.

[3] Proposition que l'on demande d'admettre comme principe d'une démonstration, bien qu'elle ne soit ni évidente ni démontrée. CNTRL

[4] Déplacée parce qu’incongru sauf si on prend le rapport homme chien en tant qu’observation sans filtre du rapport de domination, tautologie du rapport humain.

[5] Humain et hors humain.

[6] Dans l’acception « animal », c’est animal qui englobe homme ou homme qui est inclus dans animal. L’animalité n’est pas le plus petit commun dénominateur à l’humanité c’est l’humanité qui est le plus petit commun dénominateur à l’animalité.

[7] Nous reviendrons plus précisément sur les phases de la prise de décision et de l’action, OODA en collaboration avec l’homme et du cahier des charges fonctionnelles qui en résulte.

[8] Humilité: Disposition à s'abaisser volontairement (à faire telle ou telle chose) en réprimant tout mouvement d'orgueil par sentiment de sa propre faiblesse.

[9] Conception théorique dominante ayant cours à une certaine époque dans une communauté scientifique donnée, qui fonde les types d'explication envisageables, et les types de faits à découvrir dans une science donnée. Changement de paradigme.

[10] Def didact : Qui ont un rapport de conformité, de ressemblance; qui présentent des affinités

Mathématique : étude des transformations affines, qui font correspondre à un point du plan (ou de l'espace) un second point dont les coordonnées sont des formes linéaires des coordonnées du premier.

[11] Créationnisme : Doctrine qui admet que l'univers (et, en particulier, les êtres vivants) a été créé ex nihilo par Dieu.

[12] Hist. de la philos. Philosophes qui estiment que seules les causes naturelles et accessibles à l'observation peuvent expliquer les phénomènes de la vie et de la pensée. Les physiologistes ont prouvé que tous les mouvemens vitaux sont le produit des impressions reçues par les parties sensibles cntrl (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.72).

[13] Darwin : L’expression des émotions chez l’homme et les animaux

[14] Norbert Elias : on confond ce qui devrait être avec l’observation de ce qui est.

[15] Rasoir d’Occam ou principes d'économie ou de parcimonie, il nous oblige à favoriser, parmi différentes théories ou plusieurs hypothèses équivalentes, celles qui ont le moins d'hypothèses injustifiées.

[16] [16] Famille d’actions dialogiques : famille d’actions homogènes articulée autour de deux logiques concomitantes complémentaires, parallèles et insécables.

[17] Encoder : Constituer (un message, un énoncé) selon les règles d'un système d'expression − langue naturelle ou artificielle, sous une forme accessible à un destinataire.

[18] Sécrétion glandulaire analogue aux hormones mais qui est rejetée hors de l'organisme par un individu, et constitue un message qui influence le comportement d'autres individus d'une même espèce ou provoque une modification physiologique. On connaît aussi des phéromones de marquage d'un territoire, des phéromones d'alarme, d'orientation, d'agrégation, de déclenchement, d'amorçage, de piste, de reconnaissance sociale (Banque Mots1979no18, p.172).Schaal et Montagner ont pu constater lors de leurs études sur les phéromones que les bébés, à 6 jours, à qui l'on soumettait des tampons imbibés du lait de leur propre mère s'apaisaient et avaient un mouvement de rotation de la tête en direction du tampon (Science et vie, déc. 1983, p.28).

Rem. Les scientifiques ont retenu phéromone parmi des formes telles que phérohormone, phéro-hormone, phérormone, qui seraient plus conformes aux règles de l'étymologie.

REM.

Phéromonal, -ale, -aux, adj.Qui concerne la phéromone. La partie du corps de la mère privilégiée au niveau phéromonal est la région du cou (Science et vie, déc. 1983, p.28).

[20] Dilemme : Nécessité dans laquelle se trouve une personne de devoir choisir entre les deux termes contradictoires et également insatisfaisants d'une alternative.

[21] Relatif à la racine, à l'essence de quelque chose.

  1. Qui concerne le principe premier, fondamental, qui est à l'origine d'une chose, d'un phénomène.

Radicalement proposé à notre regard: l’image captée est la moins interprétative possible, la plus pure, comme une eau troublée en comparaison avec une eau vaseuse.

[22] Qui dit ce qui est à partir de l’interprétation que l’on a du bien et du mal.

[23] Qui dit ce qui est juste, éthiquement juste et argumenté et moralement construit.

[24] C’est la mise en récit et donc en paroles qui font l’histoire et non les évènements vécus. L’histoire est une interprétation des souvenirs que l’on a dans notre besace à travers les émotions qui y sont liées.

[25] Intérêt, intéressé :

  1. Qui a une part importante dans quelque chose, qui est concerné par quelque chose, qui trouve son intérêt dans quelque chose, dont l'attention est retenue par quelque chose.
  2. − [En parlant d'une pers.] Qui recherche avant tout son avantage personnel, notamment matériel
  3. − [En parlant d'une chose] Qui est inspiré par la recherche de l'intérêt personnel. cntrl

[26] Intentionnel : Caractère intentionnel (d'une attitude), d'ordre représentatif ou mental.

PSYCHOLOGIE/ Relation psychologique active de la conscience à un objet existant, adaptée à un projet. Intentionnalité d'un acte, d'un état de conscience

  1. La connaissance ou pure « représentation » n'est qu'une des formes possibles de ma conscience « de » cet arbre; je puis aussi l'aimer, le craindre, le haïr, et ce dépassement de la conscience par elle-même, qu'on nomme « intentionnalité », se retrouve dans la crainte, la haine et l'amour. Mounier, Traité caract.,1946, p. 327.
  2. PHÉNOMÉNOLOGIE : Caractère de la connaissance, et plus généralement de toute la psychologie humaine, qui fait qu'elle s'oriente sur un objet qui lui est transcendant`` (Bouyer 1963). Chez Husserl, pouvoir de la conscience de viser l'être de la conscience en tant qu'elle est ouverture à l'objet. Intentionnalité constituante de la conscience`` (Foi t. 1 1968). Cette nécessité pour la conscience d'exister comme conscience d'autre chose que soi, Husserl la nomme « intentionnalité » (Sartre, Sit. I,1947, p. 33):
  3. Désir, dégoût, existent d'abord à l'état diffus, sans intentionnalité précise. En s'organisant avec un savoir dans une forme imageante, le désir se précise et concentre. Sartre, Imaginaire,1940, p. 179.

[27] Vauclair Kreutzer, éthologie cognitive.

[28] Divers équivalents ont été proposés en français : « capacitation », « autonomisation », « responsabilisation », « émancipation » ou « empouvoir »,

[29] Au sens Pascalien

[30] Ville imaginaire où vivent les Simpson

[31] Comme si un vêtement, une qualité physique et innée, une supériorité spirituelle et acquise étaient des choses équivalentes et dont la disparition laisse également le support intact! C'est confondre l'habit et l'habitus [it. ds le texte], l'enveloppe extérieure et des qualités qui sont le produit même de l'être et qui lui tiennent par des liens essentiels et intimes. Claudel,

Mais aussi : comportements essentiels d’un groupe social.

[32] Qualité, propriété particulière d'une chose concrète.

Forme particulière sous laquelle se présente une chose, un phénomène.

[33] Qui détermine l’origine logique des sciences , leur valeur, leur portée.

[34] Paradigme : est un schéma conceptuel qui dévoile les concepts et les catégories fondamentaux d’une pensée, d’une théorie ou d’une vision du monde. Il révèle par ailleurs les relations logiques d’attraction/répulsion entre ces catégories ou concepts. Dès lors, notre façon de penser est entièrement façonnée par des paradigmes culturels ou sociaux. Le paradigme est ainsi, pour Morin, d’ordre à la fois sémantique, logique et idéologique. (ex : le rapport de domination et son corolaire hiérarchique)

[35] Qui concerne aussi bien le physique que le psychique.

[36] La nouvelle communication Yves Winkin, le collège invisible

[37] « Le champ est un microcosme autonome à l'intérieur du macrocosme social » (10).

Qu'on l'appelle « champ », « microcosme », « milieu », « domaine », le champ est un petit bout de monde social qui fonctionne de façon autonome, c'est-à-dire qu'il a - selon l'étymologie nomos = loi - ses propres lois. Celui qui entre dans un milieu (politique, artistique, intellectuel) doit en maîtriser les codes et les règles internes. Sans cela, il est rapidement hors-jeu. Il y a ceux qui connaissent les ficelles et ceux qui les ignorent.

[38] Dans les deux acceptions du terme

Populaire et/ou grossier

Le commun des hommes, ceux qui n'ont aucune particularité, aucune spécialité; ceux que rien ne distingue.

Qui manque d'éducation, de distinction; qui se conduit de façon grossière, qui ne se conforme pas aux règles du savoir-vivre.

Expression propre aux personnes peu instruites et qui est rejetée par le bon usage.

[39] Qui ne correspond pas à une réalité, à un objet extérieur, mais à une disposition particulière du sujet qui perçoit.

Qui est propre à un sujet déterminé, qui ne vaut que pour lui seul.

Système philosophique qui ramène l'existence à l'idée et qui considère le sujet moral comme absolu.

[40] Qui concerne les relations de personne à personne, chaque personne étant considérée du point de vue de sa subjectivité (opinions, croyances, sentiments).

Qui relève de la subjectivité collective (croyances, sentiments, stéréotypes, idéologie, etc.)`` (Mucch. Sc. soc. 1969)

[41] Talcott Parsons (1902-1979)

Formé en Europe (Londres, Heidelberg) avant de revenir enseigner aux États-Unis, Talcott Parsons fut l’un des premiers professeurs du département de sociologie de la prestigieuse université de Harvard, fondé en 1931.

Œuvres principales

  • The Structure of Social Action
    1937, rééd. Free Press, 1968.
  • Societies. Evolutionary and comparative perspectives
    Prentice-Hall, 1966.

[42] Et oui il y a longtemps, l’argent était des pierres en échange de quoi on acheter du mammouth pour qu’ensuite le vendeur puisse acheter de la girafe !

[43] Sociologie cognitive /  Clément Kauffman / collection cogniprisme /  édition des sciences de l’homme

[44] Constructivisme : En psychologie, le constructivisme est basé sur les postulats de Jean Piaget. <le développement de l’intelligence est construit par l’individu même au moyen de l’interaction avec la réalité qui l’entoure.

Pour la philosophie de la science et l’épistémologie, la réalité est une construction crée par celui ou celle qui l’observe.

La pédagogie donne également le nom de constructivisme au courant qui affirme que la connaissance de toutes les choses est un processus mental de l’individu, qui se développe suivant l’interaction avec l’entourage.

Enfin le constructivisme dans les mathématiques requière, pour la preuve de l’existence d’un objet mathématique, que celui-ci puisse être « construit ». Autrement dit, selon ce courant, la preuve par contradiction classique qui consiste à supposer qu’un objet X n’existe pas et, en partant de cette prémisse, le fait de dériver une contradiction n’est pas suffisant. Les constructivistes considèrent que ce processus ne permet pas de découvrir l’objet étudié et, en conséquence, son existence n’est pas prouvée.

[45] Néologisme : producteurs de normes, la norme est plus forte que la  loi de par sa définition  d’état régulier, le plus conforme à l'étalon posé comme naturel, et par rapport auquel tout ce qui dévie est considéré comme anormal, est au-delà de l’éthique, au-delà de la volonté.

[46] Exaltation du sentiment du moi dans son unicité; p. ext. la règle de vie construite sur cette recherche.

[47] thèses classiques en sociologie: la thèse durkheimienne selon laquelle le social est une force autonome qui détermine les individus de l’extérieur, mais aussi celle de Gabriel Tarde, qui faisait de l’imitation des individus par les individus et des dynamiques grégaires qu’elle entraîne, le ciment de la société.

[48] 1849 1936 Pavlov dont le nom est attaché à la découverte des réflexes conditionnels.

Il est l'initiateur des recherches sur ce qu'il a appelé la « physiologie de l'activité nerveuse supérieure ».

Pavlov se situe dans la tradition de Ivan M. Sechenov. Pour ce dernier, les activités psychiques complexes sont le résultat des interactions continuelles entre l'organisme et son milieu, et elles ne sont pas d'une autre nature que les actes réflexes qui sont une réponse de l'organisme à un agent extérieur. À côté des réflexes innés dont le fonctionnement repose sur des voies anatomiques établies dès la naissance, il en existe qui sont acquis par l'expérience individuelle et sont au principe des formes les plus complexes de l'activité.

Par la découverte des réflexes conditionnels, Pavlov   donnait corps à cette idée et développait une nouvelle approche de l'étude de la vie psychique. Pavlov commença par des études sur la physiologie de la circulation et de la digestion, et plus précisément sur le caractère adaptatif de ces phénomènes physiologiques, point de vue qui se comprend aisément par la tradition philosophique et scientifique dans laquelle le chercheur se situait. C'est à l'occasion de ses travaux sur la régulation nerveuse des glandes digestives qu'il mit en évidence l'existence de réflexes conditionnels. Il constata que l'activité réflexe engendrant la sécrétion des glandes salivaires non seulement est mise en jeu quand il y a contact direct entre les excitants alimentaires et les zones sensibles de la bouche ou du tube digestif, mais qu'elle est également déclenchée à distance par ces excitants ou même par des phénomènes qui ne se trouvent liés qu'accidentellement à ces derniers (des signaux), tels les bruits qui précèdent le repas. Pavlov désigna par le nom de « réflexes à distance » ou de « réflexes signaux » ce type de réactions qu'il appela plus tard « réflexes conditionnels ».

La régulation nerveuse réflexe de la sécrétion des glandes digestives semble donc dépendre non seulement de facteurs purement physiologiques (au sens où on l'entendait alors, c'est-à-dire de facteurs liés au contact direct avec l'excitant), mais de facteurs que Pavlov qualifie d'abord de « psychiques ». Il emploie, en effet, l'expression de « sécrétion psychique » dans ses Conférences sur l'activité des principales glandes digestives, parues en 1897. Il regrettera plus tard cette expression, qui peut laisser penser que ces réactions sont de nature différente de celles provoquées par les excitants externes et qu'elles dépendent d'excitants internes tels que sentiments, impressions, états d'âme, toutes choses que la psychologie introspective de l'époque mettait sous le nom de psychisme. Pavlov eut à combattre jusque dans son propre laboratoire cette conception dualiste. Un de ses collaborateurs, Snarski, voyait dans le comportement de l'animal la manifestation d'une activité psychique particulière, l'activité des glandes salivaires ne faisant que traduire un état interne du chien pris pour sujet d'expérience.

Pavlov raconte ainsi cette controverse : « Snarski avait entrepris l'analyse du mécanisme intérieur de cette excitation en partant de positions subjectivistes, c'est-à-dire en tenant compte de la vie intérieure imaginaire du chien, par analogie avec la nôtre [...]. C'est ce qui provoqua un épisode unique dans les annales de notre laboratoire. Nous nous mîmes à diverger foncièrement en ce qui concernait l'explication de cette vie intérieure et, malgré tous nos efforts, nous fûmes dans l'impossibilité d'arriver à un compromis ou à une conclusion commune quelconque, contrairement à l'habitude de notre laboratoire où, en général, contradictions et disputes trouvaient toujours leur solution dans de nouvelles expériences entreprises de concert [...]. Cela me dressa définitivement contre l'interprétation psychologique du sujet et je décidai de poursuivre mes recherches d'une manière purement objective, ne prenant en considération que le côté extérieur des choses, c'est-à-dire en notant exactement l'irritation exercée sur l'animal à un moment donné et en examinant la riposte de l'animal soit sous forme de mouvements soit sous forme de sécrétion. »

Réflexe conditionnel et activité nerveuse supérieure

Pavlov précise les conditions d'apparition du réflexe dit conditionnel, qui, à la différence du réflexe inconditionnel dont l'apparition dépend de la seule présence de l'excitant absolu ou inné, dépend de la conjonction répétée d'un excitant absolu et d'un excitant neutre. Par exemple, si la présentation de la nourriture est accompagnée d'un bruit, ce bruit provoque à lui seul au bout d'un certain temps la salivation ; si le bruit n'est plus jamais accompagné de la nourriture, la salivation qu'il provoque diminue progressivement puis disparaît : c'est l'extinction du réflexe ; si la réaction de salivation est conditionnée à un son donné, on constate que des sons de fréquence voisine provoquent également la réaction : c'est ce que Pavlov appelle la généralisation.

On peut cependant obtenir que la réaction soit provoquée par le son initial, mais non par un son voisin, en faisant accompagner de l'excitant absolu le son original, mais non le son voisin. Pavlov parle de « synthèse » des excitations pour désigner le transfert de la capacité réactionnelle d'un excitant à l'autre et d'« analyse » des excitations pour désigner la différenciation. Ces deux activités constituent à ses yeux une « pensée élémentaire concrète ». Pavlov et ses élèves ont décrit les phénomènes essentiels de l'activité réflexe conditionnelle à partir du réflexe salivaire. Les recherches qui ont suivi ont confirmé ces résultats sur nombre d'autres réflexes.

Le projet essentiel de Pavlov est de faire, à travers l'étude du réflexe conditionnel, une description de l'activité nerveuse supérieure, description qui est formulée en termes d'excitation et d'inhibition. Un excitant peut provoquer un processus d'excitation ou d'inhibition au niveau cortical et l'un et l'autre peuvent s'irradier dans des zones voisines. Lorsqu'en deux points se développent des processus d'excitation d'intensité inégale (déclenchés par l'excitant absolu et l'excitant neutre), l'irradiation se produit de façon telle que les excitations issues du point faiblement excité tendent à venir se concentrer au point fortement excité. Il se crée ainsi un frayage qui fait que la réaction propre à l'excitant absolu peut être provoquée par un excitant primitivement neutre. Pour Pavlov, la liaison temporaire qui caractérise le réflexe conditionnel est une liaison entre des excitants, non une liaison entre un excitant et une réponse, comme dans la tradition behavioriste américaine.

À partir des résultats de ses recherches sur l'activité nerveuse supérieure, Pavlov développe une typologie dans laquelle il considère trois traits : l'intensité des processus d'excitation et d'inhibition, leur équilibre et leur mobilité. Un premier type d'animaux est caractérisé par un fort processus d'excitation et par un processus d'inhibition faible : ce sont des animaux agressifs. Pour une deuxième catégorie d'animaux, l'activité nerveuse est forte et équilibrée : chez certains, les processus d'excitation et d'inhibition sont très mobiles (ce sont des animaux vifs), chez d'autres, ils manifestent une certaine inertie (ce sont des tempéraments calmes). D'autres animaux enfin se caractérisent par des processus d'excitation et d'inhibition qui sont également faibles : ce sont des animaux timides, agités, instables.

Pavlov met les types nerveux en relation avec un phénomène qu'il a découvert au cours de ses recherches sur les réflexes conditionnels et qu'il appelle «  névrose expérimentale » : quand on met en jeu, selon une succession rapide, des processus d'excitation et d'inhibition, par exemple en rapprochant de plus en plus les excitants à différencier, l'animal se met en état d'agitation, les différenciations acquises disparaissent, et il peut se passer des mois avant que l'animal ne recouvre son état normal. Comme Pavlov le constate, c'est le type fort mais non équilibré et le type faible qui présentent le plus de cas de névroses expérimentales. Le chercheur rapproche ces observations de celles qu'on peut faire dans la pathologie humaine, à laquelle il s'intéresse vivement. Il eut, en particulier, une correspondance avec Pierre Janet. Le même souci de ne pas séparer les aspects élémentaires et les aspects complexes du comportement le conduit à une interprétation du sommeil et de l'hypnose en termes de processus d'inhibition, interprétation qu'il étaie par de nombreuses observations faites sur l'animal.

Il a été également un précurseur par la distinction qu'il a établie entre les deux systèmes de signalisation : le système des signaux externes, communs à l'homme et à l'animal, et le système des signaux issus du langage, lequel est spécifique de l'homme. Vitgosky puis Luria développeront la théorie de ce dernier système qui, selon Pavlov, n'est pas réductible au premier et auquel est liée la pensée abstraite.

[49] Skinner 1904 1990 :  Psychologue américain Skinner n'est pas un béhavioriste qui limite le comportement au modèle S-R : pour lui, ce n'est pas tel ou tel stimulus qui déclenche une réponse, par une série d'intermédiaires plus ou moins complexes. Au commencement est le comportement ; et ce sont les contingences de l'environnement qui permettent de sélectionner telle ou telle conduite. En ce sens, Skinner est très darwinien. C'est par ses conséquences sur l'environnement que le comportement se trouve modulé.

Le rôle du psychologue, dans l'état actuel de la science, n'est pas de développer des théories et de tester des hypothèses, car, s'il procède ainsi, il ne peut traiter que d'effets arbitrairement choisis. La première étape de la science est de déterminer les unités de base du comportement à partir de critères précis et de repérer les variables fondamentales qui doivent être utilisées dans une description. Skinner critique l'utilisation par les psychologues de statistiques sophistiquées : le recours à des moyennes nous éloigne du comportement de l'individu ; la signification statistique ne recouvre pas la signification psychologique. Il faut donc étudier les comportements individuels, ce qui suppose qu'on maîtrise l'environnement où l'on place le sujet et qu'on définisse des mesures de réponse qui soient informatives (le taux par exemple, plutôt que le nombre de choix ou la latence). Skinner s'est révélé parfaitement imperméable à tous les travaux des autres psychologues ; cette attitude n'est probablement pas étrangère aux attaques passionnelles dont il a fait l'objet.

La technique fondamentale du skinnérien est le conditionnement opérant. Quand un sujet se déplace dans son environnement, certains de ses comportements produisent dans celui-ci des modifications détectables (les contingences de renforcement). La réponse opérante est une classe de réponses, définie par les conséquences qu'elle a pour le sujet et émise dans une situation donnée, sans qu'elle dépende causalement d'un stimulus de la situation. Un contrôle rigoureux des contingences permet donc de sélectionner des conduites réitérables. C'est sur ce principe que reposent les applications de la méthode ainsi que ses extrapolations. Qu'il s'agisse de la psychophysique animale, de l'expérimentation, de l'enseignement, des thérapies du comportement ou de l'écologie sociale, le but proposé est de sélectionner les conduites pertinentes en manipulant des programmes de renforcement. Mais qui décide de la pertinence des conduites choisies ? UNIVERSALIS

[50]1874 1949 Psychologue américain Thorndike publie en 1898 les résultats de ses premières recherches dans Animal Intelligence. Il crée une situation d'apprentissage avec les boîtes-problèmes, dispositif dans lequel est enfermé l'animal et dont il ne peut sortir qu'en faisant une manipulation déterminée, qu'il doit découvrir en tâtonnant ; c'est pourquoi l'on appelle « apprentissage par essais et erreurs » ce type d'apprentissage.

Dans le domaine des théories de l'apprentissage. Hermann Ebbinghaus avait formulé la loi de l'exercice. Thorndike pense que l'exercice est inefficace s'il ne s'accompagne pas d'une sanction. Il formule la célèbre loi de l'effet, selon laquelle, pour que la liaison entre une situation et un comportement soit renforcée (c'est-à-dire pour que ce comportement ait plus de chances de se produire dans cette situation), il faut que l'émission de ce comportement dans cette situation s'accompagne d'un état plus satisfaisant pour l'organisme. Universalis

[51] Watson 1878 1958/ Psychologue américain, principal représentant de l'école béhavioriste.

Il dénonce avec virulence la psychologie des contenus de conscience, des opérations mentales et l'usage de l'introspection comme méthode d'analyse. Pour lui, la conscience n'est pas un concept opérationnel et le fait d'y recourir nous renvoie aux plus beaux jours de la superstition et de la magie. Il considère que l'objet de la psychologie est l'étude des comportements observables et des connexions régulières entre des stimuli et des réponses. L'objectif de la psychologie est, à la limite, de pouvoir prédire une réponse lorsqu'un stimulus est donné et réciproquement. Les actes complexes sont de toute façon réductibles à leurs composants élémentaires, les mouvements musculaires et les réactions glandulaires ; mais la considération de ces réponses implique, de la part du psychologue, la prise en compte du corps total et non seulement celle du système nerveux central. Les méthodes de la psychologie sont l'observation, le conditionnement, les tests et (est-ce là une concession ?) le rapport verbal, notamment en psychophysique. La psychologie est une science naturelle ; et les lois qu'elle découvre, tout en étant irréductibles à celles de la physiologie et de la neurologie, n'en sont pas moins comparables, dans leur ordre, à celles-ci.

Pour Watson, la part de l'hérédité chez l'homme est faible. Le comportement est, dans sa plus grande partie, socialement conditionné : Watson nie l'existence d'instincts chez l'homme et refuse un caractère héréditaire aux traits mentaux. S'il regarde l'apprentissage comme fondamental, la théorie qu'il en donne est élémentaire : l'acquisition des habitudes s'explique par les lois de fréquence et de récence ; paradoxalement, malgré l'utilisation constante qu'il fait du conditionnement classique, il n'accorde aucune place au renforcement ; les habitudes complexes ne sont pas autre chose qu'un agrégat d'habitudes élémentaires.

Les émotions, selon Watson, sont essentiellement des réponses organiques (viscérales ou glandulaires). Fondées sur les réactions innées de peur, de colère et d'amour, elles constituent des réponses conditionnées. Le comportement pathologique est la résultante de conditionnements aberrants ; son traitement passe par des techniques de déconditionnement et de reconditionnement. La pensée est un comportement sensori-moteur d'une certaine espèce : c'est une parole de basse intensité, silencieuse, dont les mouvements du larynx et de la langue sont les indicateurs comportementaux privilégiés. En adoptant cette position « périphérique », Watson pensait ainsi échapper au mentalisme implicite de la théorie « centraliste ».

[52] Howard Gardner / HISTOIRE DE LA REVOLUTION COGNITIVE.

[53] Patrick Boucheron / Conjurer la peur, » fresque du bon gouvernement » Sienne, 1338 Lorenzetti.

Les effets du bon gouvernement :

« Tournez les yeux pour admirer, vous qui régissez, celle qui est figurée ici et qui pour son excellence est couronnée, laquelle rend toujours à chacun son dû.

Regardez tous les bienfaits qui proviennent d’elle, combien est douce et reposante la vie de cette ville où est respectée cette vertu qui plus qu’aucune autre resplendit. Elle garde et protège ceux qui l’honorent, elle les nourrit et les apaise. De sa lumière naît la récompense de ceux qui font le bien et les châtiments dus aux malfaiteurs. Sans peur que tout homme marche sans dommage et que chacun cultive et sème aussi longtemps  que cette commune restera sous la seigneurie de cette dame car elle a ôté aux coupables tout pouvoir »

[54] Ethologie et psychiatrie, Albert Demaret : « l’animal individu quitte son groupe territorial et parvient à se réintégrer dans un autre. Plus fréquemment, l’animal en rejoint d’autres, non territoriaux, qui constituent de grands groupes neutres, rassemblant souvent des individus du même sexe ou plus ou moins immatures ou vieillis.

[55] C'est quoi être décomplexé ? C'est dire tout haut ce qu'on voudrait que les gens pensent tout bas. C'est chanter ce qu'il y a de plus mauvais en chacun de nous. C'est péter par la bouche. Observatoire de la décomplexion des choses http://maitretocard.canalblog.com/

[56] Paralogisme : Faute involontaire de raisonnement car se fondant sur des prémisses fausses. Exemple  La phrénologie, Théorie formulée par Gall, très répandue au xixes, qui supposait que les instincts, le caractère, les aptitudes, les facultés mentales et affectives étaient, en vertu des localisations cérébrales, conditionnées par la conformation externe du crâne. Mais aussi le behaviorisme et ses avatars de conditionnements qu’ils soient pavlovien, skinnerien et ce qu’on en déduit etc.

Sophisme : Argument, raisonnement qui, partant de prémisses vraies, ou considérées comme telles, et obéissant aux règles de la logique, aboutit à une conclusion inadmissible.

Argument, raisonnement ayant l'apparence de la validité, de la vérité, mais en réalité faux et non concluant, avancé généralement avec mauvaise foi, pour tromper ou faire illusion.

[57]  a) Qui concerne les faits réels, l'action et le comportement que leur observation et leur étude enseignent

Vx. Histoire pragmatique. Histoire qui se propose d'éclairer l'avenir par les faits du passé.

  1. b) PSYCHOL. Activité pragmatique. Activité ordonnée à un but, correctement menée et productive de résultats (Pel. Psych. 1976).
  2. c) LING., SÉMIOL. Qui étudie le langage du point de vue de la relation entre les signes et leurs usagers.
  3. La relation des phrases aux états de choses qu'elles signifient est, dans la terminologie de Morris (1938), la relation proprement sémantique, distincte de la relation pragmatique des phrases à ceux qui les énoncent et les interprètent. Ces deux relations peuvent être dissociées et étudiées isolément: la sémantique s'occupe du sens des phrases identifié à leur contenu représentatif, et la pragmatique de leur utilisation par les sujets parlants. Fr. Récanati, Le Développement de la pragmatique Lang, mai 1979, no42, p.6.

[58] Complétude : État, caractère de ce qui est complet, achevé, parfait.

[59] Winkin : anthropologie de la communication

[60] Structure hiérarchique

[61] Sociologie, anthropologie, ethnologie, ethnométhodologie, psychologie, psychanalyse.

[62]  Observation (afflux d’informations-filtre-mise en parallèle dans « les mémoires »- interrogation)

Orientation (arrêt-référencement – interprétation)

Décision (construction de la réponse-tentative-analyse-tentative)

Action

[63] Signal émis agressif, réponse moqueuse.  Le sens de ce que j’émet m’est donné par les réponses de l’environnement du moment ;

[64] Néologisme du fait de commenter l’évènement

[65]