Les animaux, ces êtres doués de « sentience »
La définition de ce terme anglais de sentience, de plus en plus utilisé en français, élargit le champ des compétences animales jusqu’à évoquer leur conscience, le ressenti que les animaux ont de leurs émotions et de leurs souffrances.
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Un problème de traduction
Le substantif sentience et son adjectif sentient.e.s ne sont apparus que récemment dans le vocabulaire des scientifiques. Leurs traductions de l’anglais vers le français sont cependant à cette heure encore beaucoup trop réductrices puisqu’elles passent de sensibilité/sensible à émotion/émotif, mots qui font perdre le sens d’origine. Jusqu’à présent, en français, pour traduire sentient being ou animal sentience, on trouvait majoritairement « être sensible » ou « sensibilité animale » ; pourtant, sentience reprend sous un seul mot aussi bien la sensibilité que la conscience animale.Définitions du mot sentience
La définition du mot sentience comprend au moins cinq degrés émotionnels. Si l’on se réfère aux travaux de Donald M. Broom, biologiste émérite de l’Université de Cambridge, auteur en 2014 de Sentience and Animal Welfare et en 2017 du rapport européen « Le bien-être animal dans l’Union européenne », un être « sentient » est capable : 1°d’évaluer les actions des autres en relation avec les siennes et de tiers ; 2°de se souvenir de ses actions et de leurs conséquences ; 3°d’en évaluer les risques et les bénéfices ; 4°de ressentir des sentiments ; 5° d’avoir un degré variable de conscience. Ces cinq degrés émotionnels font que le mot sentience présente une polysémie intéressante qui va bien au-delà des mots sensible et conscient, pourtant privilégiés pour traduire sentience. On observe qu’en fonction des domaines de spécialité, le mot sentience est associé à différentes problématiques. En biologie et médecine vétérinaire, on l’utilise pour montrer la sensibilité associée à la conscience animale. Dans l’hindouisme (caste), le bouddhisme(réincarnation), le sikhisme (hors caste), le jaïnisme (libération de la transmigration) , « être sentient » (sentient being) est utilisé pour qualifier la plupart des animaux non-humains ; il est profondément lié au respect de la non-violence car l’on ne saurait violenter un être sentient dans la pratique de ces religions. Dans le domaine philosophique et phénoménologique, le mot sentience est principalement employé pour qualifier le fait d’avoir des expériences subjectives. Aujourd’hui, les antispécistes, qui ne postulent aucune hiérarchie entre les espèces, l’ont totalement intégré à leur vocabulaire dans le cadre de la protection animale :« Lorsque les humains percevront pleinement que les animaux sont sentients […] ils ne pourront plus poursuivre froidement la barbarie envers eux. »Le mot est donc déjà utilisé. Reste à l’intégrer plus largement dans les pratiques, avec un sens bien connu de tous.
Biodiversité de l’expression des émotions
Dans l’absolu, nous sommes tous des animaux, et le plus petit des insectes aussi. Chaque espèce possède une intelligence qui lui est propre, des émotions particulières et des moyens d’expressions variés qui parviennent parfois à interagir. Tout comme les animaux, nous sommes des êtres sentients : nous exprimons nos émotions selon la couleur de nos compétences sensorielles et de notre sensibilité individuelle à les exprimer : l’humain peut être un grand bavard (ou non !) comme peuvent l’être (ou non !) un perroquet, un merle ou une pie. Le chat est sensible aux odeurs, aux sons et aux subtilités de la luminosité. Bien des animaux n’oublient jamais les traumatismes de l’abandon, certains d’entre nous tressaillent de joie en entendant le timbre d’une voix. Dans nos cerveaux, les émotions sont multiples et nous construisent les uns avec les autres, animaux humains et non-humains.L’expression des émotions
Les mots sentience et bien-être ouvrent le champ de l’éthique, à laquelle certains animaux ont accès, notamment au travers de leurs comportements altruistes. Nous avons tous vu un animal porter assistance à un autre, de son espèce ou non, gratuitement, témoignant d’abnégation, de solidarité. Les familles d’orques sont, par exemple, fort soudées et organisées : elles se relayent pour éduquer un juvénile. Les éléphants font front pour aider un bébé en danger, parfois d’une autre espèce. Les animaux ne sont certes pas dotés de nos capacités verbales, mais cela ne les empêche nullement d’exprimer leurs émotions autrement. C’est sur notre incapacité à comprendre pleinement les animaux qu’il faut s’interroger, et sur notre capacité à nous faire comprendre d'eux et non sur leur absence de ressenti, de communication, de langage ou de modes d’expression. Les animaux ne sont souvent qu’émotions et ne réagissent que sur la base d’une forte émotivité : la joie, la tristesse, la colère, la peur, la frustration. Les oiseaux émettent des sons, souvent trop rapidement étiquetés de chants, ce qui les réduit à une fonction exclusivement esthétique : encore trop incompréhensibles pour nous, ces « chants » sont certainement autant de messages à décoder. Nier ces langages, ces émotions et cette (hyper)sensibilité animale sous prétexte que nous ne les comprenons pas, c’est fermer les yeux sur une richesse sémantique et sémiotique à creuser. La sentience animale, humaine comme non-humaine, a encore beaucoup à révéler scientifiquement. Utiliser les mots appropriés permettra de développer un champ scientifique où la précision sémantique est essentielle.Pour langager, apprendre et devenir de plus en plus au fait de la recherche
Samedi mac do la teste de Buch balade cazalaise 14h30
Dimanche salie nord 9 h 45
Dimanche Martignas 15h si inscrits
Trop bien ANTOINE !!! Chuper trop trop intéressant