L’accueil de tous aux balades d’Antoine
Les balades d’Antoine sont des balades éducatives et thérapeutiques pour individus chiens et personnes dont la particularité et la vocation sont d’accueillir tout le monde dans leur différence supposée. Elles mettent en œuvre des concepts de sociologie, d'éthologie, de phénoménologie cognitive clinique fondés sur une transversalité des différentes disciplines. La linguistique, la micro sociologie, l’éthologie cognitive, la psychosociologie, la phénoménologie, l'ethnométhodologie nourrissent la clinique et construisent les ponts entre les thérapies « psychosomatiques » (pour les chiens, pour les humains) tout en permettant de répondre à la construction et l’acquisition des compétences pour un partage de territoire de façon apaisée.
Les chiens avec leur problématique comportementale à rééquilibrer, rééduquer ou soigner, tout en considérant le chien individu non comme animal machine mais comme animal personne, permettent aux balades de mettre en œuvre un regard périphérique sur le « monde social en interaction ». Elles mettent en scène des moments d’interactivités avec et au sein des familles et de tous les composants de ces situations. (Participants et non participants).
C’est dans ce cadre ouvert où tout le monde est accepté que tout le monde apprend à accepter.
Les balades sont un moment non épuré ni édulcoré des relations entre personnes avec le chien et ses problèmes comme médiateur, catalyseur et désinhibiteur. Elles offrent des moments où tout peut se passer mais où tout se dédramatise, se dé personnifie, parce que le chien est toujours sujet dont on peut parler et qui permet de parler de soi sans se dévoiler. Ce n'est pas au nom du truisme non fondé qui dit " tel maître tel chien". Mais parce que toute expérience d’interaction sociale fait immanquablement écho avec une expérience de vie, avec son propre récit de vie. On appelle cela la résonance.
On y apprend l’équilibre instable des relations, leur nécessaire construction. On y rencontrera les conflits, la nécessité des fonctions de frustrations, les communications paradoxales, ce qu’on pense être des règles et des bonnes conduites, on y apprendra la tolérance, sa nécessaire construction, on y acquerra la confiance, l’estime de soi et on y vivra l’entraide, la découverte de l’autre etc. pour au final y vivre des moments d’Agapè.
Son domaine : le partage de territoire de façon apaisée.
Son objectif : alors que la sur catégorisation qu’elle soit raciale, communautaire, d’aspect, sociale, de classe et du handicap mène non pas le monde mais la façon de le penser et d’en énoncer les « questionnements », alors que la sélection, la compétition, la domination nourrissent et justifient les « règles » sur nos capacités ou nos devoirs supposés à vivre ensemble, les balades proposent une réflexion et une mise en pratique « immédiate » d’un vivre ensemble et des apprentissages qui lui sont nécessaires en privilégiant ceux de l’accueil, de l’autonomie, du respect, de la tolérance, du libre arbitre , de l’entraide et de la coopération.
En clair les balades, c’est accueillir tous et toutes et que chacun devienne le médiateur ou le vecteur de sa réappropriation du rapport à l’autre.
Nous avons au départ choisi le monde du chien parce qu’il est sans parole et qu’il est réellement objet et symbole de « l’étranger » auquel on est confronté. (tel que le handicap)
Exemple
Comme tous les maîtres ou toute personne s’adressant à quelqu’un ne parlant ni ne comprenant la langue, nous allons lui parler fort croyant que cela activera ses centres de compréhension qu’il a du mal à mettre en œuvre alors que nous faisons tant d’effort, l’ingrat !
Nous allons donc chasser tous les contre sens qui nous éloignent de cet étranger. Nous allons apprendre à se mettre cognitivement à sa place en rendant notre communication productrice d’informations, en travaillant sur l’attention à porter aux autres, en comprenant la nécessité d’initier et d’éduquer, en réfléchissant à ne pas tuer cette soif d’éducation, en construisant et vivant volontairement un contrat de confiance avec le chien et les autres afin de « s’adapter » au monde en le préservant et en nous préservant. En vivant et en mettant en œuvre la construction de ces rapports avec ou sans chien, on apprend la nécessité de la construction et le développement des compétences et des fonctions d’entraide avec tous. Mais cela passe obligatoirement par la récupération de la force de la prise de parole, par sa mise en route. Par l’utilisation des bons mots, par l’utilisation des situations, des imprévus, récupérer sa communication émotionnelle, c’est-à-dire l’expression de son plaisir, sa colère, son dégoût, sa fierté. Ceci est un des enjeux des balades; savoir qu’en s’exprimant on va être écouté, pris en compte, reconstruit l’estime de soi et retisse les liens de confiance avec son entourage social. Ceci réalisé est d’autant plus efficace que jalonné par des expériences avec les chiens qui nous confrontent au succès que porte notre voix.
Dans le monde du chien, la compétence et le savoir sont fondés sur ce que Bernard Lahire nomme « un état de fait ». Basé sur le paradigme de la domination régissant le rapport, celui de l’amélioration fondé sur la race et l’eugénisme et celui de la justification fondé sur la naturalité et l’origine, ceux-ci, sans jamais être remis en cause dans leur pertinence sont non seulement contreproductifs à assumer les meilleures chances d’adaptation et de pérennité (de bien-être) des systèmes hommes-chiens mais accompagnent très souvent l’étiologie des nombreuses « maladies » comportementales du chien et de l’humain en étant le lit des communications paradoxales et autres causes d’environnement anxiogènes porteurs ou accompagnant de nombreux troubles comportementaux.
Les balades, en offrant un terrain de réelles interactions ou le drame côtoie le bonheur, permettent sans filtre de reconstruire les fils de notre sociabilité et de notre socialité.
Les mécanismes de résiliences psychiques et neurologiques y sont observées et observables aussi bien sur les chiens que sur les humains mais le gage de ces succès pour les humains sont l’acceptation de ces risques de vie et des productions d’entraides qu’ils s’y passent.
Projet humaniste dans l’acception du développement de nos connaissances et de nos capacités à mieux vivre « l’ensemble », ce projet démontre ce que Norbert Hélias avait supposé, c’est à dire une corrélation positive entre nos contresens épistémologiques sur la nécessité de la coordination par domination avec pour corolaire la gestion des conflits de sélection des dominants et la préservation des « places » de domination par utilisation de contraintes et nos « maladies psychosomatiques ».
Actuellement burn out , violences faîtes aux femmes, souffrance au travail, anorexie, névroses, phobies, pauvreté et exclusion sociale, etc…..épidémies de souffrances psychiques, non prises en compte comme indicateurs de bonnes pratiques du vivre ensemble, nous entourent et nous concernent.
En accueillant des personnes dites « handicapées ou en souffrance » par le fait de passer deux heures à déconstruire puis reconstruire un monde d’interrelations par des mises en place de communication, des prises de paroles, une reconstruction du langage, tout en étant confronté à un monde étranger mais sans idéologie castratrice de l’entraide, celui du chien, nous nous sommes aperçus que non seulement les balades offraient un lieu de résilience pour les humains et pour les chiens mais aussi une capacité de reconstruction et une réhabilitation de son "moi" , non plus tourné vers soi mais vers l’autre.
Nous avons accueillis depuis 10 ans de pratiques chaque week-end des personnes en fauteuil, tétra et paraplégiques, un non voyant, des anorexiques, des bipolaires, des femmes battues, des autistes, des personnes ayant subis des violences sexuelles, des harcèlements, tous types de maladies liées à la dépression et à des névroses, des agoraphobes, des personnes en deuil etc … et aussi des personnes qui ne supportaient pas d’être entourées ainsi parce que c’est pas bien ou qu’elles valent mieux que les autres ou tout simplement parce qu’elles ont peur.
La spécificité des balades est que pour que « ça marche », les personnes en souffrance ne soient pas identifiées en tant que telle. C’est là que se passe la magie des balades et de l’entraide pour tous.
En résumé : Le partage de territoire de façon apaisée, développe la coopération, la tolérance, la résilience et les capacités cognitives de prise de décision d'adaptation et de coordination mutuelle.
Les personnes en récupérant le pouvoir de leur prise de parole, reconstruisent leur confiance et leur estime.
Mais surtout elle développe des compétences de communication et d'interrelation que leur handicap empêche, soit dans leur capacité et leur capabilité, soit par l'image que les autres interprètent par peur. Apprendre que l'interrelation fait de nous ce que l'on est et nous définit en tant que personne, apprendre qu'à partir de là l'animal peut être considéré comme une personne, vivre cette reconnaissance et cette "révélation" par l'expérience immédiate, permet dans la validation de ces fonctions de coopération et d'entraide, de reconstruire la personne en souffrance, par ce que Cyrulnick appelle une "résilience psychique mais aussi neurologique". Aux balades elle y est recherché et pilotée.
Méthode, ses origines rapides:
Méthode de sociologie et d'éthologie cognitive clinique, ADPP a développé une approche et une pragmatique transversale, modélisée qui fait l'objet de publication et d’utilisation en entreprise.
ADPP spécialisé dans l'organisation, a développé des méthodes d'ingénieries organisationnelles et d'acquisition de compétences à partir de la recherche de pérennité des systèmes sociaux.
Le point de départ de la recherche de pérennité des systèmes sociaux est le paradigme "militant" de cette étude. Combattre l'inversion de contrôle que représente la performance économique sur le social, puis la performance financière sur l'économique, est le point de départ d'une bonne organisation, c'est à dire assurant sécurité, intérêt collectif, liberté individuelle, ressources, capacité de protection et de projection.
C’est en son sein que depuis 1998 j’ai réalisé cette étude fondamentale qui au début portée sur les fonctions d’apprentissage.
ADPP a 30 ans cette annee2016. 20 ans de recherche, pour les "chiens", un financement total par le cabinet qui ne se monte rien qu'en livres à un budget de 2 à 3000 euros/ans.
Tous les WE, depuis 20a plus une moyenne de 1 journée de travail par semaine
Plus maintenant le travail de rédaction
Quelques morsures.
Quel bilan en retirer Quelques concepts découverts ou mise en œuvre cliniquement
- le contrat de grégarité
- la complétude de points de vue
- le référencement
- la communication confiante
- . information versus bruit
- pertinence cohérence congruence
- les canaux de communication et leur non automaticité
- la guidance
- la nécessaire dés-harmonisation du monde
- les perturbations
- les représentations
- le principe d’intervention de non signification comportementale
- l’harmonie versus dés-harmonisation
- Autonomisation
- la communication
- la communication émotionnelle
- les renforcements intentionnels et non fondés sur l'obtention
- la commentarisation de la vie
- Les 3 processus cognitifs ADPP - OODA - PDCA etc.
- la théorie des activités à spectres étroits
- Les activités addictives
- Les excitants
- Les 3 dialogiques affines du partage de territoire structurant la construction du partage
- Intention - intérêt
- Liberté sécurité
- Confiance - estime de soi
- les champs d'élaboration de nos excuses épistémologiques dans la construction de la relation
C’est l’enjeu des prochains mois, toute méthode ou recherche ne vaut que par sa diffusion.
Ce que j’y changerai ou ce que j’aimerai qu’il soit pris en compte.
Le bénévolat c’est la liberté de recherche et de clinique mais c’est aussi un don paralysant l’autre dans une dette qui implique un contre don.
Le bénévolat est donc ma liberté de recherche et de proposition ce qui permet de dire et de faire suivant l’exigence et non suivant un « clientélisme » mercantile mais ce peut être une prison, une rancœur.
La non institutionnalisation est le gage du succès et sa limite.
Donner l’opportunité n’est pas la façon la plus aisée de se confronter à l’expérience.
Le travail sur et pour les chiens financent à leur petite mesure l’accueil de tous.
L’accueil de tous se fait par tous. Apprendre de l’handicapé autant qu’il apprend de nous est un projet équilibré. L’activité n’est pas occupationnelle, elle est constructive et reconstructive parce que volontaire dans cette recherche d’autonomie qui est l’éthique du respect.
Faire Rintintin, guider un chien, lui apprendre à se calmer, le comprendre, l’observer, le coordonner parce qu’on communique de façon sincère etc. Récupérer sa parole, son estime de soi, apprendre pour les « normaux » à dépasser l’image qu’elle soit dans la caricature de la compassion ou de la bonne volonté ou dans le dégoût affiché ou ressenti, se nourrir de la différence de l’autre de la même façon que l’on croit que l’autre se nourrit de notre unicité, voilà ce que les balades offrent de vivre.
L’handicapé l’est d’abord dans le regard des autres et souvent dans le regard de ses proches et de ses accompagnants. L’accès à tous des balades de façon libre, gratuit mais réflexif implique d’être sans tabous dans l’accueil. Implique d’être tous concernés par le déroulé de la balade. On y accepte les risques parce qu’ils y sont négociés. Si on doit passer un pare-feu tout le monde pousse le fauteuil, si un phobique fait une crise de panique tout le monde apprend de ses accompagnants la façon d’apaiser ou de le rassurer ou met en œuvre le comportement adéquat etc. si une bipolaire devient agressive on apprend à désamorcer la situation etc.
Dans un monde de techniciens supérieurs, de techniques appliquées, les vétérinaires, le monde médical, ou les thérapeutes de tout poil manquent de point de vue décentrée, de formation aux méthodes scientifiques et transversales, de regard du sujet dans la complexité de ses rapports pour l’aborder dans une globalité, Ils manquent aussi de lieux ou la clinique de cette globalité, la mise en œuvre directe et immédiate peut se faire, se vivre et se piloter. Les balades offrent ce type d’expériences.
Exemple : certaines personnes sont atteintes du syndrome de la Tourette. Des associations existent. Les parents n’osent pas montrer, sortir leurs enfants. Ou apprend-on à vivre avec eux, si on n’ose pas les mettre en contact sous prétexte qu’ils ont des comportements dérangeants mais qui ne le sont pour eux que dans le regard qu’ils provoquent. Les balades sont un lieu où on peut tenter l’aventure.
Et on la tente parce qu’aux balades tout le monde est dans la normalité et que le principe est d’apprendre à vivre avec.la normalité étant la différence de tous.
La recherche de reconnaissance institutionnelle, même par les associations d’handicapés, est un écueil non pas insurmontable mais dès fois dommageable. La décentration sur le sujet, le handicap, est le pas à franchir pour que celui-ci fasse parti de la normalité de la vie
L’effort mental n’est pas le mieux du monde partagé ni le plus facile. Se confronter à l’autonomie, se l’approprier et la laisser prendre est preuve de maturité.
Pour reprendre Françoise Dolto ou la paraphraser:
- · L’être humain n’est pas un objet à conformer au désir d’autrui
- · C’est un scandale pour l’adulte que l’être humain à l’état d’enfant soit son égal
- · C’est un scandale pour l’adulte que l’être humain à l’état d’handicapé soit son égal
- · C’est un scandale pour l’adulte que le chien soit une personne
· Il faut une très grande maturité pour être capable d’être parent, maître etc. car cela implique que ce n’est pas une situation de pouvoir mais une situation de devoir et qu’on a aucun droit.
D’où le contresens facile de dénoncer l’enfant « roi ». Être dans une situation de devoir vis-à-vis d’un enfant, d’un handicapé ou d’un chien c’est accepté et reconnaître sa compétence situationnelle et hors de ce champs, assumer sa responsabilité de le protéger, de le guider, de l’initier ou de l’éduquer afin qu’il apprenne à s’adapter. C’est aussi ne pas se croire vis-à-vis de lui omnipotent et omniscient. Au balade ce sont ces situations qui sont vécues qui permettent à tous les acteurs de se resituer dans leur devoir et leur complémentarité.
L’enfant, l’handicapé, l’accompagnant, doivent être affirmés dans le fait qu’ils n’ont aucun devoir, aucune dette vis-à-vis de leur environnement autre que celui de le partager et de l’initier comme de s’y initier dans la limite de ses capacités et de leur « impuissance ».
Les balades sont une opportunité d’y « travailler et donc de plaisir ».
Travail sur soi, sur les autres, notre rapport à la vie sans prise de tête mais sans inhibition ni renonciation.
Elles le resteront mais il faut faire l’effort de venir, tenter et se lancer.
Elles n’ont rien à vendre qu’à offrir mais attention elles ne demandent rien non plus.
Arcachon 24 MAI 2016
PRUNETTI-PARLANT ANTOINE