J'ai eu envie de rire ou pas.
Exemple de construction de pensée qui, devenant paradigmatique, sous tend le discours "comportemental" du rapport à l'autre. C'est ce mode de construction qui nous amène à singer notre rapport au chien. Singer parce qu'on descend du singe, le chien parce qu'il il est notre dernier esclave, le dernier rang de l'esclavage, de notre besoin d'assujétir de façon "totale" dans notre besoin frelaté d'exister.
[1] La peur et le désir : les moteurs de la lutte des consciences, de la conscience de soi, de l'estime d'exister, est la lutte des ego qui pour se réaliser ne peut se faire qu'à travers la perte de l'existence de "l'autre", de son vis à vis, qui en nous offrant sa perte d'autonomie nous révèle la notre. La peur de ne pas être reconnu et le désir de l'être, passe de façon prétentieuse et égotiste par la nécessaire démonstration de l'assujettissement de l'autre, de sa dépendance totale. Partant de là, à partir de sa totale perte de conscience, "l'esclave" ou le "chien" qui ne peux dire "je suis", va alors pouvoir satisfaire notre incommensurable prétention à l'omnipotence par la satisfaction de pouvoir organiser la récupération de son "être" à l'esclave. Au chien on redonnera une "conscience", une "intelligence" ainsi qu'à l'esclave. En accordant la bienveillance et en la mettant en scène, on fait le story telling de la récupération d'une conscience qu'on lui octroirai sans jamais vraiment avoir le courage d'en vivre les conséquences. La mise en scène de la bienveillance n'exclue pas l'infini mépris de condition que l'on porte à l'esclave, à son dernier avatar, le chien, en le mettant constamment sous le joug de notre omniscience supposée. Remplaçons le mot esclave par chien. L’esclave est dénué de toute humanité, il est un meuble, il n’est plus rien qu’une …. (cf https://la-philosophie.com/maitre-esclave-hegel)
Esclave: Celui, celle qui est privée de sa liberté.
Dans la Phénoménologie de l’Esprit d'Hegel : l’aventure de la conscience parvenant à la conscience d’elle-même est le récit d'un combat.
Le récit d’un combat : deux êtres conscients d’eux-mêmes s’affrontent pour la première fois. Dès qu’ils se rencontrent, le problème de la reconnaissance émerge, car ils ont tous deux le même désir de reconnaissance. Cette dernière ne peut alors avoir lieu qu’à l’issue d’une lutte des consciences. (l’homme étant un loup pour l’homme, il ne peut que l’être pour le chien donc 1 :0, the winner is..)
Phase 1 : l’asservissement
Pour obtenir la reconnaissance de l’autre (pour s’entendre dire : “Tu es”), chacun va risquer sa vie. Mais la lutte entre eux ne conduit pas à la mort de l’un des adversaires, parce que le désir de reconnaissance exige un “reconnaissant” le chien, et un “reconnu” le maître plutôt qu’un mort. (voilà l’explication aux machos man maltraitants). Tuer l’adversaire détruit ce témoin et donc rend impossible la reconnaissance. Le vaincu, le chien, l’a été pour avoir préféré la servitude à la mort. La situation devient alors celle de la relation entre le vainqueur (le maître) et le vaincu (le chien esclave).
Phase 2 : le retournement
Une fois la lutte achevée, la relation maître/esclave chien va se retourner peu à peu. Voici une synthèse de ce mouvement dialectique en cinq points :
Premier point de la relation maître/esclave
Le maître du chien a besoin de reconnaissance. Le chien est l’essentiel pour le maître. C’est ce que Hegel appelle la certitude objective. Mais cette reconnaissance n’est pas réciproque, parce que le maître est reconnu par quelqu’un qu’il ne reconnaît pas, le chien et la reconnaissance unilatérale n’est pas suffisante. Le chien étant un objet qui pour lui n’a pas conscience de soi. La domination en fait un moins que rien de conscient, un meuble.
Deuxième point de la relation maître/esclave
Il n’y a pas de maître sans chien. Un être conscient de soi devient un maître par la possession de chiens. En conséquence, le maître dépend du chien pour exister en tant que maître.
Troisième point de la relation maître/esclave
Le maître dépend formellement du chien. Sa supériorité sur la nature du mouvement, du libre déplacement est réalisée à travers le chien. Le mouvement est placé entre le maître et la nature et transforme la nature en objets contournables par le maître. Le paradis de libre arbitre dans lequel vit le maître est lié à la privation de mouvements libres du chien. Tout ce qui rend le maître libre en conscience est produit par la limitation de mouvement du chien. Le maître n’est donc pas un être indépendant, mais plutôt dépendant de la limitation de degrés de liberté du chien.
Quatrième point de la relation maître/esclave
Le maître est sans désir ni utilité de mouvement. Le maître reste agressif et n’a d’autre but que la limitation du mouvement du chien pour se sentir exister. La vie du chien est alors réduite à se déplacer sous contrainte pour le maître. Le chien fait exister le maître en étant actif de façon limitée et contrôlée. Le maître est alors transformé en « homme » à la fonction de contrôleur, surveillant, omnipotent. Cela le contraint sans cesse à invectiver le chien, le surveiller, le contrôler, le piloter. Le maître perd alors sa capacité de relation au monde et à son ouverture puisque celui-ci ne devient pour lui qu’un parcours d’obstacles à éviter. Le chien porte alors en lui la négation du maître lié aux hommes et d’homme libre de ses choix et de ses intentions puisque son temps disponible de relation est occupé totalement par la surveillance, le contrôle et le pilotage de ce qui ne pourra que l’emmener vers l’échec de l’adaptation efficiente portée par le conflit et la déliquescence d’une relation de confiance avec son chien. Soit par empathie consciente partagée (pauvre toutou, il prend conscience du malheur de son chien, soit face à l’échec, il renforce la communication de conflit, de harcèlement aboutissant à créer une rancœur et une perte de confiance et d’utilité dans la relation) ou par refus d’obéissance et échec spectaculaire, il perd la face vis-à-vis de ses alter ego humain.
Cinquième point de la relation maître/esclave
Les êtres humains deviennent conscients d’eux-mêmes à travers la réalisation du désir d‘être omnipotent. La soumission offerte par les chiens (esclaves) le serait au nom de la couardise, de la peur de la faim, de la recherche du confort chaud que donnent l’absence de responsabilité, de devoir de raison et d’absence d’autonomie endémique . Statut que leur confère leur forme (les esclaves ont toujours un dimorphisme apparent, couleur de peau pour l’essentiel). Le racisme y plonge ses racines. La supériorité « de valeur » ainsi acquise renforce l’égo à peu de frais et panse les blessures de considération et d’automutilation de l’estime de soi que l’on s’inflige lorsque l’on croit à la billevesée éructée par les contempteurs de la domination et de la totalité explicative de tout. Que la notion de supériorité soit « supérieure » à celle d’égalité, nous renvoie à nos incompétences à être, communiquer, collaborer, produire en relation avec et pour les autres, pour notre plus grand bonheur. Chien ou esclave, ils le deviennent par maltraitance et souffrance subie. Pour éviter les coups que les maîtres s’arrogent le droit absolu de porter ainsi que les restrictions de libertés et le contrôle total de leur vie, enfermés dans les prisons réelles et psychiques aux carcans indestructibles, le chien s’abandonne, les femmes aussi qu'elles soient battues ou "cloitrées" dans leurs rôles, qui n’ont même pas le droit à la révolte et à l’élimination du tortionnaire sous peine d’être taxée de perfidie. La peur de manquer, de la faim est alors une énième ruse pour justifier la maltraitance, le mépris et l’irrespect que mérite l’esclave / chien, être de besoins, de désirs et de prétention. (comme le migrant, l’arabe et le nègre…et l’ouvrier..). Est-ce la peur du «néant» ou «de la mort» pour le Maître et « l’humain » qui serait un moteur pour la révélation de sa propre existence à travers la domination ? Cette rhétorique facile de l’excuse. Pauvre Maître ! Qui seul en tant qu’ « homme » aurait accès à la relation directe à « Dieu » qui est déniée à l’esclave, inhumain. Dans ce cas, pourquoi ne serait-ce pas le chien plutôt que le maître qui saisirait la conscience de son authenticité au nom du fait qu’il assigne au « maître » l’impossibilité d’être libre par obsession de son contrôle. L’isolement du « maître » est l’utile misère qui cache son incapacité à s’ouvrir aux autres, sa peur de l’autre et sa soumission aux craintes angoissantes d’être. Le chien au même titre que l’esclave, par conséquent, aboutirait à une conception différente de l’individualité et de l’authenticité obtenue non pas par la domination et la lutte mais par l’échange nécessaire à une production commune d’ouverture aux autres. Le chien comme l'esclave est l'outil de l'individualisation divisante pour mieux "régner". Mais leur émancipation, leur refus d'obéissance, leur résistance volontaire ou pas, nous apportent l'ouverture aux autres et nous redonnent notre dimension collective.
Conclusion sur la relation du maître et de l’esclave chez Hegel.
Hegel est arrivé à la conclusion que l’historicité de l’existence humaine est impossible sans la violence. Un monde entièrement pacifique est en contradiction avec la nature de cette historicité. L’existence humaine est, par conséquent, mieux comprise en termes de lutte à mort pour la reconnaissance que de recherche d’harmonie, comme le prônent les moralistes, tels que Lévinas.
Total contradiction avec le « partage de territoire de façon apaisée ».
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