BALADES DU 4 et 5 JANVIER DITES BALADES DES ROIS ET REINES DU BAL DES MOQUEURS, DES OPTIMISTES, DES MUSES ET DES COMPAGNONS SINCÈRES ET FIDÈLES AUX IDÉAUX PAS SI NAÏFS DE LEUR JEUNESSE DORÉE SUR TRANCHES DE FOIE GRAS FRAIS NAPÉES D’UN COULIS DE CAVIAR SAUPOUDRES DE LAMELLES DE TRUFFES, RIEN QUE POUR FAIRE BISQUER LE HOMARD, MAC DO ET LES AYATOLLAHS DU VEGANISME ET AUTRES POURFENDEURS DU BOEUF DE KOBE ET DU VEAU ÉLEVÉ SOUS LA MÈRE, CE QUI EST UNE GAGEURE APRES AVOIR DÉFENDU GRETA, S’ÊTRE MIS A DOS LES CHASSEURS, L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE, LA GRANDE DISTRIBUTION, LA CHIMIE, LE FUEL, GAZPROM, ETC ETC ETC

MES CHERS TOUS, TOUTES, TOUTOUS, TOUTOUTES, ALIGOTS, ALLIGATOTTES, MEZAME, MEZAME MUCZO, 

A Paris, le 5 décembre.

Bonne année à tous, toutes, fiers, fières, fidèles, filandreuses, aguicheuses, à guichet fermé,

Je vous le dis mes biens chers sœurs, en 2020, JE REPRENDS MES BONNES HABITUDES. 

Je composte, je terreaute, j'ensemence, j'engraisserai, le champs sans limite, à la beauté gourmande, d'un monde enfin doux et accueillant ou la sororité aura enfin remplacé celui de la monoculture de la fraternité. 

Comme le vent par son souffle court fait onduler la blondeur du champs de blé, provocante  chevelure aérienne  d'une horde d'amazones partant à l'assaut de la forteresse de mon intégrité physique afin de consommer le fruit défendu blette quoique blatte d'une conscience ayant apostasié sa dévotion à ma sœur de cœur, je l'avoue et je le réaffirme, je le jette telle une billevesée cathartique à la face du monde, je suis et m'affirme hétérosexuel.

Je m'engage à reprendre ma carte de militant et de m'inscrire au club de fissssstnessss pour un abonnement par internet de 300 euros mensuel, avec engagement sur 4 ans, afin de m'assurer une réappropriation de nouvelles techniques de pratiques par un coaching personnalisé comme pour vos toutous.

Au programme j'ai opté pour:

 

  • le "down sizing" dont le sujet est: quand la taille rapetisse l'éclair au chocolat comme alternative,
  • le croque footing qui  traite de quand le cor est au pied et que le pied s'éloigne du nez, il est temps de biner en pleine conscience, techniques inspirées directement par l'expérience de Sting et de ses pratiques tantriques
  •  l'hybridation et le plug-in, qui vous initient aux techniques de recharges en freinant des 4 fers ou en se mettant une prise plus ou moins grand format suivant la vitesse souhaitée de recharges et l'autonomie rêvée par la prêtresse  virtuelle facturée 120 € les 5 secondes
  • la toute électrique, dites la E CUX DE MERCEDES ou la RONDE MUSQUÉE vous entraîne à démarrer très vite et en silence ce qui pour certaines pratiques sont des options antinomiques avec une efficacité dilatoire (en droit ayant pour but de retarder une décision).    

Donc les balades ne seront réservées du coup qu'aux jeunes femmes de bonnes familles, de 30ANS et moins avec dérogation et jusqu'à 87 ans car je ne peux ostraciser mes groupies octo et bientôt nonagénaires sous prétexte que je fixe moi même moins bien  le carotène et la vitamine C. 

Pour les garçons, désolé, nous n'accepterons plus que ceux à queue de cheval, en legging et en short tyroliens fendus sur les côtés. 

 

 

 

Samedi et dimanche 9 H 45 salie nord

Le samedi après midi ne se fera plus qu'en  présence de Patricia qui faute de travailler assurera la rigueur morale et la teneur éthique d'un sacerdoce au service public qu'un adonis se doit de tenir. 

Je ne peux m'empêcher de vous transmettre ce qu' Edgar Morin nous souhaite (98 a sociologue, chantre de la pensée complexe qui me sied si bien par son équilibre.) tribune publiée dans Libération.

Tribune. Je suis de ceux qui pensent qu’une ample discussion sur le problème des retraites aurait été un préalable nécessaire à un projet de réforme. Une réforme demande une réflexion et une pensée avant tout calcul.

Je suis de ceux qui pensent qu’une ample discussion publique aurait dû porter sur les différentes façons de vivre sa retraite, considérant ceux pour qui la retraite est une libération qui permet une nouvelle vie et ceux pour qui elle est une remise à l’écart dans une nocive inactivité, et également sur les dissemblances extrêmes du vieillissement, lequel maintient les uns en santé tandis qu’il dégrade la vie de la plupart des autres.

 

Je suis de ceux qui auraient aimé que la parole soit donnée à toutes les catégories de retraités actuels pour que les expériences vécues dans la retraite, du bricolage ou la garde des petits enfants à l’asile, entrent dans la connaissance des décideurs et des citoyens avant toute élaboration de projet.

Je suis de ceux qui se demandent si une unification du système des retraites serait vraiment rationnelle si elle ne respecte pas la diversité des cas et situations. Aux pénibilités du travail physique et industriel se sont ajoutées ou parfois substituées des pénibilités psychiques dues aux compressions de personnels et surcharges de l’hypercompétitivité. Ne serait-il pas alors possible de trouver les moyens de combiner unité et diversité ?

Je suis de ceux qui pensent que la prolongation physique de la vie comporte trop de différences dans le vieillissement et la santé selon classes sociales, origines et métiers pour fixer un avancement de l’âge de la retraite. L’allongement de la quantité de vie n’entraîne pas de lui-même allongement de la qualité de vie. Par ailleurs la prolongation de l’espérance de vie n’est qu’une hypothèse qui peut être contrariée par la dégradation des conditions de vie ou la progression actuelle de maladies chroniques.

 

Comme il m’est évident que l’âge proposé (et peut-être imposé) est déterminé avant tout par des considérations budgétaires, il obéit non pas à une rationalité réformatrice, mais à une rationalité économiste ou plutôt financière, imposée par l’orthodoxie doctrinaire du néolibéralisme. Les promoteurs de cette rationalité ne voient pas son irrationalité.

Je suis de ceux qui pensent que la révolte contre la réorganisation standardisante des retraites, dite réforme, tient non seulement ou principalement à des intérêts corporatistes lésés ou des privilèges, qui ne semblent tels qu’aux vrais privilégiés, mais à une réaction populaire profonde contre une politique réactionnaire abolissant les unes après les autres les conquêtes sociales du siècle passé.

Ainsi je suis de ceux qui pensent que le soulèvement français si singulier, né des gilets jaunes et se renouvelant dans les grèves de décembre, s’intègre dans un soulèvement de peuples de divers continents. Les plus frappantes et hélas les plus frappées sont celles où la nouvelle sainte Alliance des pouvoirs politiques et des pouvoirs financiers est établie.

 

Je suis donc de ceux qui comprennent ce soulèvement, sans en méconnaître les scories de haines, d’égarements, de violences dans sa grande révolte et sa grande fraternisation. J’ai connu les scories de notre merveilleuse libération de Paris avec ses femmes tondues et ses délations de vengeance.

Je suis également de ceux qui sont convaincus que la voie politique économique, sociale, propulsée par le triple moteur déchaîné et incontrôlé science-technique-économie conduit à des catastrophes en chaîne affectant le devenir de l’humanité.

Mais je pense que la Révolution nécessaire est présentement impossible. Je pense même qu’une Voie de métamorphose progressive, bien qu’elle soit définie par quelques-uns dont l’auteur de ces lignes, ne peut être suivie faute d’une pensée fondée sur une conception complexe du monde, de la vie, de l’humain, de la société, de l’histoire, faute d’une organisation d’avant-garde annonçant, préparant, agençant la nouvelle Voie.

 

Alors voici ma crainte fondée sur la conscience qu’une action n’obéit pas nécessairement à son intention, mais subit les détournements et parfois pire son propre retournement contraire à l’intention. Ainsi les printemps libérateurs ont aussi libéré des forces réactionnaires qui les ont abolis et institués souvent un regel pire que celui qui précédait. Il en fut ainsi du printemps arabe de 2010-2011, du printemps européen de 1848, de la révolution russe émancipatrice de 1917 devenue asservissante. Les forces les plus progressistes déclenchent les pires forces réactionnaires, qui peuvent être écrasées, mais risquent d’être écrasantes.

Je crains donc que le soulèvement populaire ne débouche non seulement sur une répression réactionnaire, mais sur une aventure qui conduirait au pouvoir du Rassemblement national ou de quelque néo-dictature.

Aussi je pense qu’un compromis puisse être une issue provisoire : un compromis est une demi-victoire ou une demi-défaite selon qu’on le voie comme une bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Il favoriserait une pause historique où nous pourrions réfléchir enfin à comment résister à la régression planétaire envahissant tous continents, comment sauver les avant-gardes en les faisant arrière-garde contre la régression, comment élaborer la nouvelle pensée la nouvelle politique, les nouveaux modes d’organiser l’action.

Edgar MORIN Sociologue

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