MES CHERS TOUS, TOUTES, TOUTOUS, TOUTOUTTES, PROUPROU, PROUPROUTTES ET AUTRES "OUT" DE FORMES, DE GENRES ET D'IDÉES
Voilà l'année horribilis 2022 qui va enfin prendre fin. Elle clôture pour le moment cette belle aventure que les BALADES ont été.
Créées en tant que telles en 2004, les balades ont atteint leur majorité, 18ans, cette année. Elles avaient été précédées en 1997 par un travail d'étude et de modélisation au sein du cino-club d'André Escaffre, club de chiens libres. André, homme d'expérience, rempli de curiosité, se déclarant philanthrope, plein d'amour pour les gens et les chiens, ne fut pas un maître au sens étymologique mais un passeur de connaissance. A l'exposé de ses pratiques, qu'il définissait comme méthode et qui se traduisait par l'énoncé de modes et règles opératoires, Il en profita pour les mettre en forme tout en attendant de moi en retour un commentaire sur des principes ou des fondements que je pouvais identifier comme existant en sciences humaines. Durant ce travail d'exposé puis de commentarisation, il me confia le partage des animations et des formations au sein de son club afin que j'acquiers une pragmatique du chien et de ses rééquilibrages. L'activité avec André se limita au transfert de ses modes opératoires, ses techniques de communication orale et verbale. Mon travail avec lui s'arrêta là. La gourouisation n'était pas ma tasse de thé même si cela m'a fait comprendre le risque qui existe d'y tomber par facilité, plaisir d'être fllatté par soif de reconnaissance. La modélisation systémique que je commençai alors, nécessitait rigueur intellectuelle, maîtrise de langages modélisateurs, maîtrise des modes de communication, connaissances organisationnelles, sociologiques, épistémologiques et identification des paradigmes aux origines de ceux-ci. J'avais envie de me frotter à travers ce travail d'ethnométhodologie à la traduction pragmatique et à la validation des théories situationnistes. La volonté de construire une méthode cohérente partant des paradigmes situationnistes, la déracialisation des idéologies, la déconstruction des principes de domination, patriarcat, viriarcat, capitalisme, communisme et autres totalitarismes entrepreuneuriaux qui n'avaient bien entendu pas été intégrés dans la démarche, Escaffre se concentrant uniquement que sur le monde canin. Faire des balades un "terrain" d'expérimentation de vos vies, chiens inclus où vous retrouveriez la force de votre "parole" tout en construisant l'autonomie de vos autres partenaires partageant le territoire, sans en être le démiurge, devint alors le défi de chaque weekend. La démonstration de l'inanité des idéologies raciales, hiérarchiques et des modèles de justifications aboutissant à la construction des boucs émissaires au nom des quels se construisent par le rejet, la cohérence des groupes sociaux, a été le fondement et l'enjeu des balades. La déconstruction de tous les déterminismes qui annihilent vos libertés, qu'ils soient culturelles ou psychiques devint l'enjeu de toutes les balades, puisque vous y étiez l'architecte, le maçon et le charpentier de vos vies "normales". Le chien, archi-dominé par essence, nous interpelle dans la construction du rapport aux autres et nous pose la question de ce qu'est la construction d'une autonomie, d'un libre arbitre et d'une volonté en acte, dans un monde limité, exposé, mis sous le projecteur des visions non partagées des normes de bienpensance qui régissent nos appartenances et dépendances multiples. Tous les systèmes figés et institutionnalisés de domination qu'ils reposent sur le sacré, le laïc, la raison ou la magie, sont justifiés à partir de modèles dits de révélation, consacrant les élites. Elles organisent les structures édictant les lois et les distributions de places autorisant l'utilisation de la violence et l'application de la souffrance que détiennent des roitelets plus ou moins jaloux de leurs prérogatives à décider pour autrui. Mais aux balades refus total d'instaurer le rituel de désignation du sachant. Même les Dafs n'ont de sachant que ce qu'elles mâchent.
Les balades se sont inscrites dans ce contexte. Il a fallut travailler sur la nécessité d'un projet politique, seul ciment possible à tout groupe social en constitution. Ce projet était le partage de territoire de façon apaisée. Territoire occupée par des "couples" humain chien. Le chien y acquiert la dimension paradoxale due à son imprévisibilité et par le spectacle qu'il donne à voir de sa soumission à celui qui en rêvait la maîtrise de l'agir obtenu par sa soumission communicationnelle. Territoire soumis aux aléas, à la surprise, à l'accident et dont on devait, non pas apprivoiser la forme mais l'adaptation à la forme.
Les balades sont un monde de chaos, revendiqué comme tel mais aussi un monde de néguentropie, piloté par les informations qu'on y introduit afin de le réguler. Ordre, désordre, conscience, libre arbitre, autonomie, respect de l'autre, adaptation, toutes ces questions et toutes les réponses se vivaient au cœur des balades.
Morin, Elias, Goffman, Bourdieu, Serre, Hannah Arendt, La Boétie, Montaigne, Dante,Rowen Ogien, Lemoigne, Bertanlanffy , Mélèze, Foucault, Simone Weill, Debord, Vaneighem, Levi Strauss, Graeber, Freud, Eco, Kant, Nietzsche, Camus, Sartre, Bataille, Latour, Durkheim, Boltansky, Scott, Bahkounine, Marx, Michelet, Jerphagnon, Aron, Machiavel, Veyne etc. m'ont accompagné et m'accompagneront dans ce projet de partage. J'ai validé en les lisant ce qui se passait aux balades. C'est normal, les balades sont normales. Je suis toujours parti de l'activité observée pour en isoler le phénomène, pour ensuite en faire l'analyse et en tirer des modèles. Si je vous dis cela, c'est pour insister sur le fait que le savoir et le niveau de savoir est toujours disponible en partant de l'observation et de sa provocation. Celle-ci part de la déambulation qui laisse surgir au hasard, la vie, l'accident, l'affirmation de soi. C'est pour cela qu'il est ridicule d'avoir peur. De ceux que l'on croise, des chasseurs, des autres chiens. On voit bien aussi que les balades peuvent proposer une organisation a- hiérarchique, fondée sur le maillage de tous et de tout, dans un réseau d'observation nous assurant une certaine sérénité. C'est cette déambulation que je suis entrain d'écrire à petite vitesse. Ai je envie de publier, je ne sais pas, l'écriture n'étant pas aboutie. Le sera-t-elle un jour, peut-être. Mais au delà de la transmission se pose la question de la trace. Hors ma liberté de recherche et de pratique, la pertinence de la clinique au sein des balades, ne sont le fruit que de l'absence de recherche de reconnaissance dont je me vante.
Donc bonne année 2023.
Je ne suis pas sûr que l'on se reverra. Dans le cadre ou hors cadre des balades. Sinon faîtes des signaux de fumée, je vous répondrai peut-être. Tout dépendra de l'évolution de mon état. Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. Je suis passager de mon corps.
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